Cette année, les acteurs œuvrant dans la sécurité et la prévention routière, avec à leur tête le ministère de l'équipement et des transports, ont voulu attirer l'attention sur une population à protéger et à sensibiliser d'urgence : les piétons. Autrement dit, tout le monde ! L'occasion annuelle qui se présente pour attirer les regards autour de cette thématique est la journée nationale de la sécurité routière, célébrée le 18 février. « Nous sommes tous des piétons », slogan de la campagne de sensibilisation 2012, a été désigné comme fil conducteur des divers événements organisés à l'occasion. Un jeune garçon qui court pour rattraper son ballon, un couple qui ne traverse pas sur le passage piéton, ou, cas plus répandu, des automobilistes qui se croient les rois du bitume : les causes sont aussi nombreuses que les drames qu'elles entraînent. Première part des tués : les piétons « Les piétons représentent la première part des tués sur les routes entre 2004 et 2010 », a annoncé Mohammed Benjelloun, chef de la division exploitation à la direction des routes au ministère de l'équipement et du transport. Un classement dramatique, qui se maintient pourtant. Les provinces qui figurent au top 10 du nombre des tués en agglomération sont Tanger, le Grand Casablanca, Tétouan, Fès, Agadir, et Rabat-Salé. Dans les villes citées, plus de 60 % des tués sur les routes sont des piétons. 80 % des accidents dus à des erreurs humaines « Même en roulant à 20 km/h, il est possible de tuer un piéton. A 60km/h, la probabilité d'être tué (ou de tuer) est de 85%. A 66km/h, elle atteint les 100 % », révèle Hicham Diouri, chef du service études et recherches au Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC). Un constat alarmant, 66 km/h étant la marge tolérée par les radars des policiers au sein du périmètre urbain. Rouler en ville apparaît comme étant plus dangereux qu'une conduite hors agglomération. Que faire alors ? S'attaquer aux infrastructures routières et installer des passages pour piétons, sont des étapes indispensables mais insuffisantes pour arriver à des résultats probants. Ce sont les comportements qui doivent changer. Dans un discours fluide et accusateur, le ministre de l'équipement et des transports, Aziz Rabbah, a pointé du doigt chaque citoyen. Chaque coupable potentiel. « 80 % des accidents de la route au Maroc sont dus à des erreurs humaines, et 10 % seulement aux infrastructures », a-t-il rappelé. « Le pays nécessite, certes, des améliorations au niveau des infrastructures, mais la situation dépasse les lois ». Au cours de son discours, il pointe directement du doigt la gangrène du pays, la corruption. Celle-ci encourage plusieurs uniformes à fermer les yeux sur des comportements dangereux sur les routes. « Chaque responsable dans le contrôle routier, qui a perçu 20 DH, 50 DH, ou 200 DH, doit penser aux vies qu'il met ainsi en péril en accomplissant ce geste. Je ne parle pas que de la police ou de la gendarmerie, mais de l'ensemble des responsables au niveau de l'éducation ou du ministère de l'équipement et des transports lui-même », a-t-il asséné. Il lance enfin un appel au renforcement du système de valeurs communes au sein de la société marocaine. « Sans cela, une société ne peut aller de l'avant. Celui-ci doit être traduit en lois, en contrôle et en actes ».Enfin, de nouveaux centres d'immatriculation ont également été inaugurés lors de ces trois journées. Le premier à Rabat, le 17 février. Quant aux deux autres, ils le seront le 22 février, à Sidi Slimane et Sidi Kacem. Les études ZAAC au service des collectivités locales Avant d'agir, les différents partenaires se devaient d'avoir un état des lieux détaillé de la situation actuelle sur les routes. C'est chose faite grâce aux études relatives à l'identification des ZAAC (Zones d'accumulation des accidents de la circulation). « Les études ZAAC doivent accompagner les collectivités locales dans leur lutte pour améliorer la sécurité routière en milieu rural », précise Hicham Diouri, chef du service études et recherches au Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC). Quatre études ont d'ores et déjà été réalisées à Casablanca, Fès, Rabat et Oujda. D'autres sont en cours de finalisation à Meknès, Marrakech, Agadir et Laayoune.