La visite au Maroc avait pour but de permettre une prise de contact avec l'un des pays relevant de son portfolio et a permis à Raymond Maxwell de rencontrer Saâd-Eddine El Othmani, ministre des Affaires étrangères et Mustapha EL Khalfi, le ministre de la Communication.Au cours de cette seconderencontre, un échange sur les objectifs du Maroc en terme de liberté de presse ont été évoqués ainsi que des informations sur la volonté du nouveau gouvernement marocain.Pour l'Administration Obama, l'émergence de gouvernements d'obédience musulmane est quelque chose de tout à fait normal dans une région dont la culture et l'histoire se fondent avec l'histoire de l'islam. « Nous séparons les pratiques religieuses et la position des gouvernements élus face aux engagements électoraux qu'ils ont pris et leur attachement aux valeurs démocratiques. Le plus important est ce que nous appelons le ‘‘contrat social'', qui lie le gouvernement à ses administrés ». Bien entendu, comme l'ont souligné le président Obama et Hillary Clinton, chaque pays a ses spécificités qu'il faut adresser en tant que telles. Les élections au Maroc, qui ont été attentivement suivies, se sont déroulées correctement et la transition s'est faite démocratiquement en accord avec les aspirations des Marocains. La clé est de faire preuve de patience pour laisser le pays trouver le bon équilibre et de laisser le gouvernement forger sa propre identité.Pour Maxwell, l'élection du PJD ne devrait porter aucun préjudice aux relations avec les USA. Il faut faire la distinction entre les relations au niveau gouvernemental et celles au niveau des peuples. Les deux sont d'un excellent niveau et remontent à la naissance des USA. Ces relations servent les intérêts mutuels des deux pays et devraient perdurer. Ceci dit, les réactions marginales de quelques personnes ne devaient pas faire l'objet de trop d'attention. Sur le plan maghrébin, la nécessité pour le Maroc et l'Algérie de faire les efforts nécessaires pour résoudre leurs problèmes est rappelé à chaque occasion par les officiels américains, pour le bénéfice des deux pays, mais aussi de la région et des USA également, sur le plan économique mais aussi dans la lutte contre l'insécurité qui devraient, à travers une meilleure coopération profiter à tout le monde. « Les deux parties en sont conscientes ». Revenant sur le Printemps arabe, Maxwell a souligné le fait que quelque chose avait été perçue par les analystes sans pour autant que la teneur en soit mesurée. « Quelque chose devait se produire, mais la variété des éléments en jeu ne permettait pas de savoir quoi exactement ».Lors de son discours du Caire, le président Obama avait suscité une vague d'enthousiasme dans le monde arabe, mais les espoirs ont été douchés par le discours de septembre 2011 à l'ONU. L'objectif du premier discours était de montrer que les Etats-Unis écoutaient tous les protagonistes et que le Monde arabo-musulman ne se résumait pas à un nid de terrorisme auquel l'avait réduit l'administration de Georges Bush. Le discours de mai dernier était « plutôt révolutionnaire » et s'adressait à tous les acteurs du Moyen-Orient, en se focalisant sur le retour à la souveraineté irakienne et au processus de paix israélo-palestinien. Quant à la situation en Syrie, la proposition de la Ligue arabe, qui était raisonnable et constructive, a été bien perçue à Washington, malgré les résistances du président Bashar el-Assad. « C'est une situation intéressante pour voir la manière dont les choses vont évoluer avec l'implication de la Ligue arabe. Il est important d'attendre, mais pas trop ». L'autre sujet dans la région, à savoir la menace par l'Iran de fermer le passage du détroit d'Ormuz, « est un problème complexe qui nécessitera une réaction mesurée, basée sur le droit international ». « Les sanctions imposées par l'ONU, qui représente la plupart des pays, sont une réponse correcte ». Pour les USA, la place que prennent de nouveaux acteurs comme le Qatar et la Turquie, deux principaux alliés, est basée sur la réciprocité d'intérêts. Ces deux pays ont des atouts que les USA doivent utiliser au profit de leurs objectifs politiques nationaux. « Tant que les objectifs seront partagés et gérés au niveau régional, les résultats seront toujours au rendez-vous ».Imprégné de « réalisme », Raymond Maxwell jette sur la région un œil pragmatique, sans préjugé idéologique, qui s'inscrit presque dans une logique utilitariste. L'idée étant de travailler en bonne intelligence autour d'objectifs partagés et profitables à toutes les parties engagées.