Le 11 janvier est un jour férié. Sans revenir sur la facile question de savoir pourquoi, le rapprochement entre l'accession du Maroc à son indépendance et l'élection d'un nouveau gouvernement présentent bien des similitudes, qu'il serait utile de rappeler.Fidèle à sa tradition du consensus et du dialogue, le Maroc a recouvré sa souveraineté, sans effusion de sang ni violences importantes, tout en maintenant des liens forts avec les anciennes puissances coloniales.A une époque où l'instantanéité des communications était encore une utopie, les contacts et les échanges entre les résistants marocains et leurs homologues algériens et tunisiens laissaient augurer d'une communauté de points de vue qui aurait logiquement dû déboucher sur ce fameux Maghreb, qui n'existe toujours pas.Cinquante-six ans plus tard, alors que la région s'embrasait, c'est pacifiquement – et par les urnes – que la réponse est venue, suite à d'audacieuses réformes menées au plus haut sommet de l'état.Au lendemain de la reconfiguration en cours dans la plupart des pays arabes, c'est une nouvelle phase de notre indépendance qui se joue. Toujours dans la continuité, mais avec des exigences plus affirmées et un désir de négociations plus équitables, avec l'ensemble de nos partenaires. Le premier gouvernement de la nouvelle Constitution aura la lourde tâche de trouver la bonne configuration, au moment où des velléités politiciennes européennes sacrifient l'avenir au profit de promesses électoralistes populistes.Hélas, trois fois hélas, la construction du Maghreb reste une utopie, mais aussi la clé à tant de problèmes, qu'ils soient d'ordre social, économique ou politique. Mais il est encore trop tôt pour connaître l'impact du nouveau gouvernement sur cette question fondamentale.L'équipe de Benkirane, au regard de la situation, est porteuse des mêmes espoirs que ceux qui ont baigné les attentes de tout un peuple, au lendemain du 11 janvier 1956. Son chemin ne sera pas facile, mais elle a la possibilité de laisser une empreinte durable dans l'histoire de notre pays.