Présidente du jury court-métrage lors du 11e Festival International du film de Marrakech, Sigourney Weaver, à qui le Festival a rendu hommage en 2008, a suivi avec intérêt la jeune production du concours Cinécoles. L'aura de Sigourney Weaver doit d'abord à sa personne. 1,80 mètre de classe naturelle, de talent et d'intelligence. Entourée de rares confrères, disciples élus pour un entretien avec la grande dame dans un salon feutré du Palais des Congrès, nos questions se brouillent à mesure que l'heure de son arrivée approche. Le moment a des allures solennelles. Nous devions observer un droit de réserve et ne pas ébruiter l'annonce de cette interview parvenue au beau milieu de la nuit sur l'écran de nos téléphones portables : « Demain interview groupée avec Sigourney Weaver à 14h15. Prière de ne pas divulguer cette info ». A-t-on rêvé puisqu'il est plus d'une heure du matin ? S'agit-il d'une plaisanterie ? Port altier, regard droit, l'apparition avance à présent, d'un pas assuré. Arborant chemise rose et jean noir, la star américaine, parvenue à se hisser à ce rang depuis Gorilles dans la brume, Allien le retour et Copycat nous salue en français, avenante et chaleureuse. D'une beauté plastique confondante, Sigourney Weaver est de plus, animée d'un esprit mordant qui ne connaît pas la tiédeur. Pareille à ses rôles, qui laissent éclater son charisme et sa ténacité, et qui compilent à la fois l'image d'une femme à forte personnalité comme dans Working girl et celle de la femme-objet du film Escort girl. De la veine des comédiennes à qui aucun cinéaste ne craint de confier des rôles ardus, persuadé qu'elle les portera au Mont Everest. Multipliant les super-productions, Sigourney Weaver enchaîne tour à tour les comédies, les drames et les sagas fantastiques, métaphores de sa fulgurante carrière. Action ! Vous avez travaillé sous la direction des plus grands cinéastes : Woody Allen, Ridley Scott, Roman Polanski. Retenez-vous un souvenir fort ou avez-vous été marquée par une séquence favorite à leurs côtés ? Non. Et vous apparaissez également dans les films de jeunes réalisateurs tels que David Fincher qui a signé Allien 3… J'ai évidemment adoré travailler avec David Fincher. C'est un cinéaste génial. J'aime particulièrement découvrir de jeunes réalisateurs, la nouvelle génération est très intéressante et suscite mon intérêt. J'aime le discours et le message de ces talents. Il est de plus, important, de leur accorder un vrai soutien et une fidèle attention. Le cinéma mexicain est mis à l'honneur cette année. Vous avez aussi tourné avec de jeunes cinéastes espagnols et sud-américains comme Rodrigo Cortés et Miguel Arteta… J'ai effectivement une chance incroyable. J'aime énormément le cinéma d'Amérique latine et ces jeunes cinéastes, pétris de créativité et d'énergie, m'accordent leur confiance. J'ai également vu de nombreux courts-métrages cubains et j'ai une passion pour le septième art mexicain, qui est actuellement très innovant et actif. Travailler avec ces cinéastes est vraiment enrichissant pour moi. Qu'avez-vous ressenti à l'issue de votre premier film ? Je pensais déjà au prochain, car j'avais besoin d'entamer un nouveau film. Je souhaitais reprendre rapidement, le chemin des plateaux, convaincue par ma volonté de devenir comédienne. Quelle est l'atmosphère d'un film angoissant et avez-vous peur durant le tournage ? Il y a de nombreuses tensions. Je suis au cœur d'un décor artificiel, dominé par la grisaille et une ambiance particulière, précisément destinée à créer ce sentiment de peur. Lorsque je suis au plus fort du tournage, je ne pense pas à la peur, je suis concentrée sur les exigences de mon rôle et je ne pense qu'à travailler. Mais une fois les films achevés, je ne vous cache pas qu'au visionnage, j'ai réellement peur de ce que je vois à l'écran ! (Rires) Vous incarnez souvent des femmes fortes. Votre personnalité est-elle différente de ces personnages féminins ayant du caractère ? Je ne pense pas être éloignée des rôles que j'aborde ou plus proche. Ce qui m'intéresse ce sont les histoires. J'aime être transportée par la comédie, le drame, le fantastique. J'aime les voyages et je suis un projet artistique. Nous vivons une époque cinématographique qui accompagne et reflète les changements de la société actuelle. Les femmes évoluent à travers leurs statuts sociaux, professionnels et familiaux, elles accèdent même à des emplois très physiques aujourd'hui et elles survivent à de grands drames.