C'est une question décisive que compte soulever le Forum de la citoyenneté, au lendemain des élections. Il estime nécessaire de réunir rapidement les jeunes élus pour définir une politique nationale de la jeunesse. Plus qu'une volonté, c'est un combat acharné que mène le Forum de la citoyenneté. À la veille des élections, émerge au sein de cet espace de dialogue l'initiative de réunir les futurs jeunes élus pour débattre des moyens de combler ce gros fossé qui s'est creusé entre l'élite politique et les jeunes. En un mot, il faudra définir une politique nationale, globale et intégrée pour que nos jeunes puissent y voir clair. Deux chances et d'énormes attentes « Les politiques publiques ont échoué à apporter une réponse concrète à la question des jeunes. Il n'existe aucun organe exécutif qui s'en occupe de près ou de loin. Pendant toutes ces années, on a toujours confiné et limité les jeunes au département des Sports. Il est temps que cette situation change », affirme l'association, précisant que cette transition attendue doit passer par la création d'un organe ou d'un département entièrement consacré aux jeunes. « Le Maroc dispose, en fait, de deux chances : la première réside dans la Constitution qui appelle, dans son article 33, les pouvoirs publics à prendre les mesures nécessaires en vue de créer un Conseil consultatif de la jeunesse et de l'action associative. La seconde réside dans la nouvelle élite politique jeune qui résultera du scrutin et dont la plus grande priorité devra être la mise en place d'un organe gouvernemental chargé des jeunes », soutient le Forum de la citoyenneté. Le terrain ainsi propice servira à enclencher la tant attendue politique nationale. « C'est, en fait, l'une des revendications auxquelles a abouti un dialogue des jeunes que le Forum a organisé suite au rapport du cinquantenaire du développement. À l'occasion, les participants ont unanimement proposé la création de conseils des jeunes, une sorte de plate-forme ou de forums entre les politiques et les jeunes», rappelle-t-on. Une commission parlementaire Le souhait a trouvé écho dans le chamboulement qu'allait vivre le Maroc, dans le sillage du Printemps arabe par le biais duquel les jeunes ont arraché de force le droit de s'exprimer. « Nous sommes réellement très optimistes de constater que les jeunes se sont présentés massivement aux élections. En plus des listes nationales, ils sont très présents sur les listes locales », se réjoui le Forum de la citoyenneté. C'est un gros défi que devront relever les jeunes élus. « Nous allons en réunir un maximum toutes tendances politiques confondues pour débattre de la question. Ils sont les dépositaires du changement réel et concret qu'attendent les jeunes. Avec eux, nous tracerons les lignes directrices de la politique nationale sur la base de valeurs et de stratégies ciblées », annonce le Forum. Légiférer, contrôler, suivre, les élus jeunes ont du pain sur la planche. « Ils doivent faire en sorte de diriger les décisions politiques vers les préoccupations de la jeunesse, leur consacrer tout le temps nécessaire pour sortir les jeunes de leur marasme qui a fait d'eux des victimes malgré elles », insiste-t-on. La réflexion amène le Forum de la citoyenneté presque logiquement à émettre une autre suggestion : pourquoi ne pas créer au sein du Parlement une commission des Jeunes ? En sus des autres relatives, par exemple, à la justice, aux affaires étrangères ou encore aux droits de l'Homme, cette commission de la jeunesse devrait examiner toutes les questions liées de près et de loin à cette catégorie sociale. « C'est ce que recommandent d'ailleurs le sommet des pays arabes et les Nations unies », rappelle l'association. Infrastructures, formation, implication, les jeunes revendiquent tout simplement leurs droits de citoyens.