Après presque vingt-ans d'absence, Rabat est de nouveau membre non-permanent au Conseil de sécurité. L'ancrage marocain en Afrique n'est plus un slogan mais s'est révélé être une réalité. C'est désormais chose faite. Le Maroc est membre non-permanent au Conseil de sécurité pour les deux années à venir. Cette participation commencera le 1er janvier 2012 et s'achèvera le 31 décembre 2013. C'est la troisième fois que notre pays accède au très sélect CS, sachant que la première fois, c'était lors de la période 1963-1964 et la seconde fois entre 1992 et 1993. La nouvelle entrée du Maroc au CS nous met à égalité avec l'Algérie qui compte trois passages dans cette institution : 1968-1969, 1988-1989 et 2004-2005. L'issue du vote s'est révélée être une consécration pour Rabat. Au premier tour, la candidature marocaine a eu l'adhésion de 151 pays siégeant à l'Assemblée générale de l'ONU. En sachant qu'il n'en fallait pas plus de 129. Une véritable consécration pour la diplomatie marocaine. Ancrage africain Bien qu'officiellement le Maroc ne siège pas à l'Union africaine à cause de l'admission, en 1984, de la RASD dans l'Organisation de l'unité africaine, l'ancêtre de l'UA, nombreux sont les pays du continent qui ont voté en faveur du royaume. Un autre motif de satisfecit. L'approche africaine du Maroc, basée essentiellement sur le renforcement de la présence économique et la consolidation des liens culturels et cultuels, a amplement porté ses fruits. Les relations avec des pays connus pour leur soutien au Polisario connaissent une certaine normalisation. C'est le cas du Ghana et de l'Angola. Seul l'axe Alger, Abuja, Pretoria résiste encore à la percée marocaine en Afrique. Stabilité politique « Cette élection est avant tout une marque de confiance en la vision diplomatique éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI…Nous sommes extrêmement honorés de la confiance qui a été placée en nous par notre continent, nos frères africains et ce malgré l'adversité et les tentatives vaines d'exclure le Royaume» sous prétexte qu'il n'appartient pas à l'Union africaine (UA),», a déclaré le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taïeb Fassi Fihri depuis New York, immédiatement après les résultats. Les relations avec des pays connus pour leurs soutien au Polisario connaissent une certaine normalisation comme pour le Ghana et de l'Angola. Cette adhésion au Conseil de sécurité, comme membre non-permanent, boostera davantage la politique africaine du royaume, sachant que le rang des Etats réclamant le retour du royaume à UA s'est renforcé, depuis fin août, avec l'arrivée de la Libye, conséquence de la chute du régime de Kadhafi. Pour de nombreux pays africains, notamment les Etats francophones, le Maroc grâce à sa stabilité politique pourrait, sinon stopper la mainmise sud-africaine sur l'UA, au moins la limiter. Les tractations pour l'élection d'un nouveau secrétaire général de l'Union africaine sont, en effet, un nouvel épisode de la volonté de Pretoria de faire de l'UA sa chasse gardée. L'Afrique du Sud ambitionne que ce poste revienne à son ancienne ministre des Affaires étrangères en remplacement de l'actuel Jean Ping, un Gabonais, qui n'est guère souple avec le Maroc sur la question du Sahara. Avantages Le 31 décembre, l'adhésion du Gabon et du Nigeria, comme membres non-permanents au Conseil de sécurité arrivera à terme. Le Maroc et le Togo prendront la relève aux côtés de l'Afrique du Sud. Le pays de Jacob Zuma demeure, jusqu'à nouvel ordre, un grand défenseur du Polisario au CS. La question du Sahara ne constitue pas le seul dossier. Rabat et Pretoria ont des oppositions contradictoires également en ce qui concerne la crise en Libye. Cette consécration accorde au royaume un droit de regard sur les grands dossiers internationaux. Sur certains dossiers, son vote sera également sollicité. Bien entendu, sur la question du Sahara il ne pourra en aucun participer aux opérations de vote mais le fait de siéger au Conseil de sécurité n'est pas dénué d'avantages pour Rabat. Cette adhésion s'inscrit dans le sillage de la dernière résolution, 1979, du Conseil de sécurité, insistant sur le recensement de la population des camps de Tindouf. Une première dans l'histoire du conflit au Sahara.