Une enquête nationale, menée dans les établissements publics et privés auprès des lycéens de la 2ème année du baccalauréat, révèle que la majorité des étudiants (63%) sont pour le port du voile. Êtes-vous pour ou contre le port du voile ? La question a été posée à nos jeunes lycéens dans le cadre d'une enquête nationale socioéducative réalisée par le Groupe L'Etudiant Marocain en partenariat avec les Académies régionales de l'Education nationale et la Direction de l'information et de l'orientation. Les réactions des lycéens sont pour le moins frappantes. 2/3 des jeunes interviewés disent qu'ils sont pour le port du voile. Quelle lecture pourrait-on faire de ce constat ? « Nos jeunes d'aujourd'hui adoptent un double comportement. Ils s'ouvrent à la vie, ils découvrent l'autre sexe, vont aux boîtes de nuit… mais quand il s'agit d'aborder la question de la religion et du mariage, ils adoptent un autre comportement. Ils sont plutôt à la recherche de l'image de leur mère, de la femme qu'aucun homme n'a touchée. Le voile représente à leurs yeux la virginité », explique Mohsine Benzakour, professeur universitaire en psychosociologie à Casablanca. Et de poursuivre : « Si vous posez la question à ces jeunes s'ils sont prêts maintenant d'avoir une relation avec une jeune fille voilée, ils vous diront non». Sachant que la société marocaine est très ouverte et tolérante, la question du radicalisme des jeunes interpelle. « Le mouvement des salafistes et des extrémistes est toujours là. Ces gens sont omniprésents dans les lycées et les universités. Leurs cibles sont les jeunes ». Une autre question s'impose : Le processus de radicalisation des jeunes Marocains est-il irréversible ? Selon Mohsine Benzakour, la réponse est négative. La raison, selon lui, est simple : «notre société est très ouverte sur d'autres civilisations. Elle n'est pas enfermée. Elle est modérée. Les familles marocaines que ce soit en milieu urbain ou rural, sont très tolérantes. Il faut noter que nos jeunes à un certain âge changent complétement d' aptitude et d'opinion », rassure-t-il. Par ailleurs, l'enquête, menée de novembre 2010 à septembre 2011 auprès de 4 500 lycéens de la 2e année du baccalauréat, toutes branches confondues, dans les établissements publics et privés de 9 régions dont le Grand Casablanca, Guelmim- Smara, Fès-Boulemane, Oued Dahab-Lagouira, a recueilli l'opinion de nos jeunes sur d'autres sujets notamment leur avis sur la sexualité et la politique. Pour 49% d'entre eux, les questions de sexualité sont toujours un sujet tabou alors 28% affirment le contraire. Les résultats de l'enquête confortent l'opinion des premiers puisque 68% des étudiants affirment qu'ils n'ont jamais évoqué de sujets de sexualité avec l'un des membres de leur famille. La majorité des interviewés a exprimé son intérêt pour des cours d'éducation sexuelle. Ils ont par ailleurs manifesté leur intérêt pour la politique. Cependant, 28,4% d'entre eux disent ne pas vouloir aller voter le 25 novembre pour les élections législatives. 51,5% ont confirmé leur présence. « Si vous posez la question à ces jeunes s'ils sont prêts maintenant d'avoir une relation avec une jeune fille voilée, ils vous diront non». Mohsine Benzakour, professeur de psychosociologie à l'université de Casablanca. Les programmes de formation nationaux ne répondent pas aux attentes de nos lycéens selon les premiers résultats de cette enquête dont les résultats définitifs seront publiés le 28 octobre prochain. « Si les futurs bacheliers sont, globalement, satisfaits de leurs professeurs ou de l'administration de leur lycée, l'enquête nous révèle que les infrastructures qui les accueillent ou les programmes (matières, volumes horaire…) sont décriés », soulignent les auteurs du rapport. Même mécontentement exprimé par les jeunes par rapport au système actuel d'évaluation du baccalauréat. Ce dernier convient uniquement à 11,1 % des lycéens de la 2e année du baccalauréat. Plus de la moitié des lycéens (56,8%) pensent qu'il faudrait l'améliorer tandis qu'un tiers des sondés (32,1%) le trouvent «mauvais» et qu'il faudrait le changer. Les nouvelles technologies de l'information demeurent le domaine préféré de nos jeunes lycéens. 72% des interviewés disent posséder un ordinateur et 70 % sont de fidèles utilisateurs d'Internet.