Espérant le faire renoncer à sa demande de reconnaissance d'un Etat de Palestine, Barack Obama a rencontré mercredi soir le président palestinien Mahmoud Abbas, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York. La demande d'adhésion de la Palestine aux Nations Unies plonge les Etats-Unis dans l'embarras. Pour contrer l'initiative de Mahmoud Abbas, le président américain Obama a multiplié, cette semaine, les tractations diplomatiques avec les différents chefs d'Etat. Sa grande crainte est de voir le projet obtenir les neuf voix nécessaires du Conseil de sécurité. Or, les Etats-Unis ont déjà prévenu, si tel était le cas, ils opposeront leur veto. Mais l'utilisation du droit de veto serait une situation très inconfortable et une véritable épreuve diplomatique pour Washington. Alors qu'Obama se voulait le candidat d'un renouveau dans les relations avec le monde arabe – une volonté illustrée par son discours du Caire en 2009 -, un veto américain risquerait en effet d'ébranler fortement les liens établis. Bien qu'initialement non prévue, une rencontre a eu lieu mercredi soir à la Maison Blanche entre Barack Obama et Mahmoud Abbas, pendant plus d'une heure. « Le président Obama a fait part au président Abbas de son opposition au projet palestinien d'aller au Conseil de sécurité », a déclaré Nabil Abou Roudeina, porte-parole de M. Abbas. Considérant cette demande comme un « raccourci » inefficace, le président Barack Obama prône le retour à des pourparlers de paix. Mais c'est là que le bât blesse, car si Mahmoud Abbas a décidé de se tourner vers l'ONU, c'est bien parce que les négociations de paix sont dans l'impasse depuis trop longtemps. La position d'Obama résulte non seulement de raisons stratégiques au Proche-Orient mais aussi de visées électoralistes. En effet, à l'approche de l'élection présidentielle de 2012, Barack Obama ne peut pas se permettre de perdre les électeurs de la communauté juive. Selon MJ Rosenberg, activiste démocrate et ancien de l'Aipac, une autre raison est que « le Parti démocrate a peur de perdre l'argent de la communauté juive américaine et du lobby israélien Aipac ». Or, Barack Obama a déjà reçu un avertissement clair. Dans la neuvième circonscription de New York, fief démocrate, c'est un républicain qui a été élu, en raison du revirement d'une partie de l'électorat juif new-yorkais qui estime que la politique d'Obama est anti-israélienne. Alors qu'en mai dernier, selon un sondage Gallup, Barack Obama avait le soutien de 68% des juifs américains, ils sont aujourd'hui que 55% à soutenir sa politique. Mohammed Benjelloun Andaloussi, président de l'Association marocaine de soutien à la lutte palestinienne (AMSLP). «L'ONU ne peut pas être neutre si elle ne règle pas ce conflit» Que pensez-vous de la demande d'adhésion de la Palestine à l'ONU formulée par Mahmoud Abbas ? Nul doute que cette demande est le résultat de la tentative de sortir de la stagnation des discussions de paix. Car, depuis les accords d'Oslo, la cause palestinienne n'a cessé de perdre plusieurs batailles, notamment la recrudescence des implantations de colonies en Cisjordanie et à Jérusalem Est. Tous ces inconvénients ont conduit à ce que la Palestine permette à Israël de remporter plusieurs batailles. De plus, les Etats-Unis n'ont jamais eu une position de neutralité. Au lieu d'adopter une position d'équité, ils ont toujours soutenu Israël. La demande formulée par Mahmoud Abbas a le mérite d'être une forme de retour à la légalité internationale. L'ONU ne peut pas être qualifiée d'organisation neutre si elle ne règle pas ce conflit qui n'a que trop duré. Malheureusement, nous considérons qu'Israël adopte une stratégie de blocage, et le rapport de force est en sa faveur, ce qui ne permet pas à l'ONU de trancher. Néanmoins, nous soutenons totalement la demande de Mahmoud Abbas. Et pour la position du Hamas ? Nous considérons, en général, que la résistance sous sa forme actuelle, n'est pas la bonne solution. La résistance armée du Hamas a fini par détruire Gaza. A l'opposé, l'OLP a retenu la leçon. Il n'y a pas mieux que de se conformer à la légalité internationale. Quel est le rôle du Maroc, sachant que le roi préside le comité Al-Qods ? Nous, en tant que peuple, société civile et syndicats, soutenons complètement – et par tous les moyens – cette démarche. Nous sommes en train de réunir 1 million de signatures pour la reconnaissance de l'Etat palestinien. Nous lançons une importante campagne sur Internet et nous avons également installé une tente à Rabat pour communiquer avec les citoyens. Et d'autres villes suivront.Concernant le gouvernement, les autorités marocaines ont activement soutenu l'Autorité palestinienne à obtenir des voix auprès des différents pays pour l'adhésion palestinienne aux Nations Unies. Propos recueillis par Réda Mouhsine