Une des questions qui revient en boucle chez la plupart des responsables et administrateurs réseaux dans le monde entier et au Maroc, en particulier, est celle qui remet en cause la nécessité du passage à IPv6 ? Est-il vraiment impératif de migrer vers cet Internet nouvelle génération? Que va t-on gagner de ce passage ? Est ce que ca en vaut la peine ? Il faut dire que derrière ces réticences, il y a quelques fausses idées reçues. En effet, beaucoup pensent que la technologie IPv6 n'est pas prête et donc nécessite un grand investissement. Une idée tout à fait fausse, car, et comme le remarque le site point6.net, la technologie IPv6 est aujourd'hui prête, fiable et utilisée. Les systèmes d'exploitation équipant les machines clientes, tels que Linux ou Windows, sont en double pile IPv4 /IPv6 , et les routeurs, ou cœur du réseau, sont déjà équipés. D'autres administrateurs réseau, vous diront que l'infrastructure de leur réseau n'a rien à gagner avec IPv6 et que le passage à la version six du protocole IP, reste à la charge du fournisseur d'accès à Internet . Une idée tout aussi fausse que la première, en ce sens que, l'infrastructure actuelle des réseaux pourrait devenir assez complexe aujourd'hui ou dans un futur proche, en intégrant la mobilité, la téléphonie sur IP, la visioconférence, etc…, technologies dans lesquelles IPv4 montre ses limites. Dans le cas ou le fournisseur d'accès à Internet fournit le service IPv6 (c'est le cas au Maroc avec le réseau MARWAN depuis 2007), il faut penser à mettre en place la technique de la double pile, ou IPv6 sera déployé en parallèle avec le réseau IPv4 existant, et donc deux réseaux logiques à gérer sur une même infrastructure physique. C'est la meilleur approche qui permet un déploiement en douceur d'IPv6 et qui facilite la cohabitation normale, sans perturbation, entre les deux Internet avant que IPv6 prenne le dessus. Il est à noter que dans le cas ou votre opérateur ne fournit pas une connectivité native en IPv6, il faut s'orienter vers une solution à base de tunnel. Reste qu'une connectivité native offerte par son fournisseur d'accès est le cas idéal. Cette solution permet de minimiser le nombre d'interlocuteurs et assure une qualité de service identique pour IPv4 et IPv6. En choisissant de migrer maintenant vers IPv6, on ouvre la porte vers l'Internet nouvelle génération (marché asiatique, utilisateurs mobiles, etc.). En restant en IPv4, on limite notre accès uniquement aux services utilisant l'ancienne version d'IP. Il y aura, par exemple certains sites web, qui ne seraient joignables qu'à travers leurs adresse IPv6, qu'on ne pourra pas afficher leurs pages sur nos écrans. Migrer maintenant ou attendre ? À vous de voir ! Nabil Benamar Enseignant chercheur Université Moulay Ismail