L'ONG Planète Citoyenne a emmené ce samedi un groupe de 27 enfants dans la forêt de Sidi Boughaba. Entremêlant observation ludique de la faune et création artistique, cette journée a sensibilisé les enfants à la biodiversité de cette réserve naturelle. Des rires d'enfants résonnent ce samedi sur les berges du lac de la forêt de Sidi Boughaba. Scrutant le ciel et l'eau, 27 têtes brunes âgées de 8 à 12 ans gambadent dans les roseaux et la forêt naturelle à base de genévrier rouge entourant le lac. Autour d'elles, la faune et la flore sont à portée de main et des yeux. Des libellules, plus d'une vingtaine d'espèces d'oiseaux et même un caméléon sont au rendez-vous ce samedi, lors de cette journée découverte organisée par l'ONG Planète Citoyenne. De quoi se sentir bien loin de la cacophonie et de la grisaille urbaine, pour le plus grand plaisir des enfants originaires de Casablanca. Plongés dans les jumelles et longues- vues, les enfants ouvrent grands les yeux à la recherche des oiseaux de la réserve. Les ornithologues de l'association GOMAC les accompagnent pour les aiguiller dans la chasse aux grèbes huppés, sarcelles marbrées, érimastures à tête blanche, hérons garde-bœuf et autres heureux locataires du site. Et pour cause, les oiseaux ne manquent pas dans cette réserve, située sur l'axe majeur de migration entre l'Europe et l'Afrique. «D'habitude, je vois les oiseaux à la télévision. C'est quand même mieux en vrai » s'exclame avec joie la jeune Meriem, qui ne lâche pas sa paire de jumelles. D'autant plus que certaines espèces sont aujourd'hui menacées de disparition, comme la sarcelle marbrée. Le GOMAC, le groupe d'ornithologie du Maroc, regroupe 110 membres. L'association propose des journées d'observation des oiseaux pour les plus jeunes mais aussi pour les adultes, avec un programme d'excursions à l'année. Plus d'infos sur le site http://perso.menara.ma/gomac/ et sur le blog http://gomac.megaplog.com Après l'observation du matin, place à la création l'après-midi, grâce au partenariat avec la marque Faber-Castell. « L'idée était de faire une action transversale entre l'art et la protection de l'environnement. A travers la représentation du réel, les enfants peuvent toucher du doigt la beauté de leur environnement », estime Mehdi Alaoui, président de Planète Citoyenne. A grands coups de crayons, pinceaux et pastels, les enfants transforment leurs feuilles blanches en rêves de plumes. «Ce matin, j'ai découvert plein d'oiseaux que je ne connaissais pas. Cet après-midi, je dessine mon préféré», nous confie Yasmine. Les fruits créatifs de cette journée seront à découvrir à la rentrée lors d'une exposition itinérante à Casablanca. Mehdi Alaoui Mdaghri, président de Planète Citoyenne «L'arsenal juridique doit être revu» Quels sont les objectifs de Planète Citoyenne ? L'objectif de notre ONG est le développement durable et la protection de l'environnement. Par nos actions, nous essayons de concilier l'écologie avec le développement économique et social. Nous avons un plan d'action sur 3 ans avec 6 rubriques : événement, sensibilisation, communication, lobbying-mobilisation d'appui, étude et action de terrain. Le développement durable est un concept à la mode, souvent utilisé à toutes les sauces. Où en est le Maroc en la matière ? Nous espérons que ce soit une mode durable. Il y a eu une prise de conscience le jour où le roi a fait un discours en juillet 2009, appelant chaque citoyen à sa responsabilité. Cela a débouché sur plein d'initiatives concrètes : la création de l'ADEREE, l'allocation de plus de moyens aux institutions, ou encore le plan Desertec, etc. Avant, on prêchait dans le désert. Aujourd'hui, plusieurs entreprises sont réceptives pour encourager les actions citoyennes. Il y a eu une véritable évolution. Quel est le frein à cette dynamique ? L'arsenal juridique doit être revu. Il faut un cadre réglementaire incitatif et répressif. Les entreprises qui font des efforts doivent être récompensées par des mécanismes incitatifs, et inversement, avec des amendes. Les SIBE sont les sites d'intérêt biologique et écologique. 154 sites font partie de ce réseau d'aires protégées, dont la réserve naturelle de Sidi Boughaba, à 13km de Kénitra. Depuis le dahir du 16 juillet 2010, les SIBE sont classés en 5 catégories : les parcs nationaux, les parcs naturels, les réserves biologiques, les réserves naturelles et les sites naturels.