L'équipe de l'EMSI-Rabat qui a développé un logiciel destiné aux aveugles s'envole dans quelques heures pour New York, où elle représentera le Maroc à la Microsoft Imagine Cup, du 8 au 14 juillet. Le Soir échos a été convié aux préparatifs du départ. Dans l'une des salles de l'Ecole marocaine des sciences de l'ingénieur (EMSI), désertée après les examens, trois jeunes garçons s'activent. Badreddine Benbrahim, Ouadie Boussaïd et Réda Balkouch sont les finalistes de la Microsoft Imagine Cup et représenteront le Maroc lors de la finale mondiale à New York, du 8 au 14 juillet. L'un de leurs acolytes, Omar El Allali, est toujours empêtré dans des histoires de visa et tout le monde espère qu'il l'obtiendra. Mais il en faut plus pour déstabiliser les vainqueurs de la finale nationale. Les esprits ne s'échauffent pas, ils gardent leur sang- froid. A New York, ils disposeront de vingt minutes pour exposer leur projet. Badreddine se lance dans un exposé bien ficelé, pendant que Ouadie fait défiler des slides qui illustrent les portées de leur projet WhiteLight, un logiciel destiné aux aveugles, qui pourront installer l'application sur leur téléphone portable. «Nous sommes partis du constat que les personnes aveugles souffrent principalement d'un problème d'orientation. Plusieurs d'entre elles se perdent chaque jour», lance Badreddine. WhiteLight vise ainsi à guider la personne aveugle lors de ses déplacements, pour lui rendre la ville plus accessible. Son autonomie est le but ultime de l'application conçue en seulement quatre mois par ces quatre jeunes inventeurs de l'EMSI. La version installée sur téléphone portable comporte plusieurs fonctionnalités que Badreddine expose : «my location» permet de connaître l'emplacement exact de la personne aveugle, «destinations» lui permet de faire un choix de destination, «taxi» l'aide à appeler un taxi et «alarms» lui servira à envoyer des alarmes. WhiteLight vise à guider la personne aveugle lors de ses déplacements et de lui rendre la ville plus accessible. Si c'est l'autonomie de la personne aveugle qui est visée, le mal-voyant aura néanmoins besoin de personnes pour l'aider à l'atteindre. «Un membre de la famille ou d'une association pourra venir en aide à la personne aveugle qui aura déclenché l'alarme», explique l'équipe de l'EMSI, confiante en ce projet innovant, qui met les nouvelles technologies au service des personnes atteintes de cécité. Si la solution proposée est à but non lucratif, il faudra cependant la maintenir en vie. Anas Belabbes, encadrant de l'équipe, en sait quelque chose lui qui a raté la finale de très peu l'année dernière avec une autre équipe de l'EMSI, à cause d'un business- plan pas assez bien préparé. «C'est vrai que c'est à but non lucratif, mais ça ne veut pas dire qu'il n'y aura aucune entrée d'argent. Le jury risque de nous dire que le projet va mourir rapidement. Il faut leur prouver que votre société pourra s'auto -financer», conseille-t-il à son équipe. Qu'ils sortent ou non vainqueurs de la compétition, l'équipe de l'EMSI a déjà imaginé un avenir pour son invention. « La Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales nous a proposé de tester l'application dans son espace braille », se félicite déjà Badreddine. Ils visent également à séduire les opérateurs téléphoniques, afin qu'ils proposent des abonnements à bas tarif pour les personnes aveugles. Car qui dit application WhiteLight, dit nécessairement connexion Internet 3G, et qui dit connexion dit abonnement. Et tous les aveugles ne roulent pas sur l'or. Une fois arrivés à l'hôtel new -yorkais où se déroulera la compétition, les «Whitelighters» seront confrontés à des équipes en provenance de 124 pays. Un défi qui ne leur fait pas peur !