La prise en charge des enfants dans les centres de sauvegarde a fait l'objet, mardi et mercredi derniers à Rabat, de discussions entre différents départements ministériels et acteurs de la société civile. De nombreux efforts restent à fournir. Où placer les enfants en situation difficile ? Save The Children, l'UNICEF, Amane (Acting for life), Bayt El Hikma et le ministère de la Jeunesse et des Sports se sont penchés, les 7 et 8 juin à Rabat, sur les manières d'améliorer la prise en charge de ces enfants, et plus particulièrement ceux en conflit avec la loi. Si des lieux existent déjà (depuis 1953) pour les accueillir comme les centres de sauvegarde pour l'enfance, ils pâtissent de certains dysfonctionnements, sur lesquels se sont attardés les intervenants issus de divers départements ministériels et d'ONG œuvrant pour la protection de l'enfance. Carence en ressources humaines, formation des éducateurs parfois inadaptée à la population d'enfants, mauvaise gestion du budget, et nombre restreint des centres ; autant de problèmes qui viennent mettre à mal un système qui pourrait pourtant être promis à un bel avenir. Les hommes et les femmes qui accompagnent les enfants accueillis dans ces centres de sauvegarde, ne sont pas toujours former à suivre une population aussi variée. « Parfois, même quand les places ne sont pas disponibles, le juge demande à ce que l'enfant intègre tel ou tel centre », nous informe Ana Habiba Dahbi Jiménez, coordinatrice de Save The Children au Maroc. Pour rappel, ces centres de sauvegarde de l'enfance, gérés par le ministère de la Jeunesse et des Sports, accueillent, « sur décision judiciaire, des mineurs entre 12 et 18 ans ayant commis des délits ou des infractions pénales ». Loin du texte, la réalité : des enfants dont l'âge varie entre 4-5 ans jusqu'à 18 ans, et qui ne sont pas toujours en conflit avec la loi. Les enfants en situation difficile sont parfois accueillis en masse pour éviter de les renvoyer dans leurs familles, où ils pourraient souffrir d'abus dont ils ont parfois déjà été victimes. Suite à la décision du juge, ils sont parfois acceptés provisoirement pour éviter de les renvoyer dans leur famille, où ils pourraient souffrir d'abus dont ils ont parfois déjà été victimes. Ce qui paraît logique selon plusieurs ONG, qui soutiennent que « le juge se doit de prendre son temps avant de placer définitivement l'enfant ». Seulement, les vingt centres de sauvegarde existant dans tout le Maroc (dont cinq pour filles), et qui accueillent chacun une soixantaine d'enfants, demeurent insuffisants face à la demande croissante. Ces journées auront donc servi aux différents acteurs concernés, à savoir les départements ministériels (jeunesse, justice, développement social), la coopération internationale et les associations marocaines de redéfinir leurs rôles et de proposer des points d'amélioration, notamment en termes de protection et de qualité de prise en charge de ces enfants. Revenir sur les finalités de ces centres semble primordial. Ils ne doivent pas devenir des fourre-tout de jeunes en difficulté. Cela ne ferait que nuire à ces enfants et à la société dans son ensemble. Ana Habiba Dahbi Jiménez, coordinatrice de Save The Children au Maroc Quelle place est accordée à l'éducation dans les centres de sauvegarde de l'enfance ? En matière d'éducation, le manque principal concerne les ressources humaines. Ce que nous cherchons à faire, c'est à réactiver tous ces engagements afin qu'il y ait réellement un budget pour ces centres. Que les professeurs puissent donner des cours aux enfants, et pas seulement des cours d'alphabétisation. Il serait souhaitable qu'ils puissent aussi aller à l'école à l'extérieur du centre. Leur appui scolaire est primordial ! Quel est le profil des enfants qui sont accueillis dans ces centres ? Normalement, ces centres ne devraient accueillir que des enfants en conflit avec la loi. Mais du fait du manque de ressources et d'infrastructures qui puissent accueillir tous les enfants en situation difficile, on y trouve aussi des enfants en situation défavorisée. Même le cas contraire se produit, puisque l'on peut trouver, dans des orphelinats placés sous la houlette de l'Entraide nationale, des enfants en conflit avec la loi. Il n'y a pas de place dans les centres qui leur sont destinés. Des fois cela devient ingérable, surtout pour les éducateurs qui ont du mal à travailler avec des enfants dont la typologie est différente. Qu'en est-il de la réinsertion de ces enfants ? Il faut que l'on commence à en parler, sans oublier les questions liées à la prévention et aux peines alternatives. On a l'impression que l'on parle surtout de l'accueil, du moment où les enfants sont mis en institution. Or, il faut prendre en compte les différentes étapes que sont la prévention, l'accueil, la prise en charge et la réinsertion. Selma T.Bennani