Le Conseil de la Ligue Arabe a tenu, mercredi, au Caire, sa 133 ème session au niveau des ministres des Affaires étrangères. La réunion s'est ouverte alors que le Moyen-Orient fait l'objet d'intenses activités diplomatiques aux prolongements inconnus : baisse globale de la violence en Irak, élections législatives et départ possible des Américains fin 2011 ; voyage de Rafic Hariri en Syrie et nomination d'un ambassadeur américain à Damas ; bras de fer entre l'Iran et les Six, l'Iran qui vient de lancer une nouvelle fusée, inauguré son premier destroyer et se lance dans la production de drones ; l'Arabie Saoudite, quant à elle, vient de sortir d'une rude campagne aux confins du Yémen, qui se révèle un Afghanistan potentiel. La Turquie de retour à son champ d'action naturel et élabore une politique pro-palestinienne qui soulève l'enthousiasme des peuples arabes. Les Palestiniens, premiers concernés par ce sommet, sont divisés et le président Mahmoud Abbas, confronté aux guerres intestines avec Hamas, a une marge de manœuvre étroite: exiger le gel des implantations avant toute négociation et répéter les mêmes revendications en gardant une présence sur la scène mondiale. Cependant Israël assassine avec une main et multiplie par la voix de son Premier ministre, Benjamin Nétanyahou, les appels à la paix. Or la colonisation et les provocations immobilières, archéologiques ou patrimoniales font douter du désir d'Israël d'une paix juste et durable et de la capacité de Nétanyahou d'imposer à Israël une paix fondée sur la création d'un Etat palestinien viable. La menace iranienne ou les appels à la paix avec la Syrie masquent une colonisation rampante qui vise à créer des situations territoriales irréversibles. Malgré l'urgence, les Arabes ont préféré, par sagesse, attendre de voir jusqu'où peuvent aller les pressions de Barack Obama sur Israël avant de prendre des décisions graves. Les Arabes ont confiance en Barack Obama, pas en Benjamin Nétanyahou. Les Arabes ont confiance en Obama dont l'émissaire spécial, John Mitchell, enchaîne les tournées dans la région. Aussi ont-ils décidé de donner leur soutien à l'idée américaine de négociations de paix indirectes entre Israël et les Palestiniens dans une «fenêtre» de quatre mois, comme a déclaré le négociateur palestinien, Saëb Erekat, au Caire. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, présent à cette réunion, avait auparavant fait savoir qu'il suivrait la décision prise par les frères arabes. Aussitôt connue, la décision de la Ligue a été saluée par le Premier ministre israélien. «Nous verrons bien. Nous ne faisons pas obstacle. J'ai déjà dit qu'il fallait être deux pour danser le tango au Moyen-Orient. Mais on pourrait être trois et, au début, il se pourrait que nous ayons besoin d'une mission diplomatique avec des navettes», a-t-il déclaré devant la Knesset. Le secrétaire général de la Ligue, Amr Moussa, a tenu de son côté à souligner qu' « En dépit du fait que la Ligue doute de la sincérité d'Israël dans l'établissement d'une paix juste, la commission considère (…) les négociations de paix indirectes comme une initiative de dernier recours», a-t-il déclaré.»Ces négociations ne devraient pas être ouvertes et doivent avoir une limite dans le temps n'excédant pas quatre mois», a-t-il ajouté. Si les négociations de paix indirectes échouent après quatre mois, les Etats arabes tiendront une réunion en juillet pour évaluer la situation», a précisé, pour sa part, Saëb Erekat. En attendant que ce délai s'écoule les tensions s'accroissent après la décision d'Israël d'ajouter le tombeau de Rachel et Al Haram Al Khalil à la liste des sites de son patrimoine archéologique.