L'agriculture biologique a le vent en poupe au Maroc. Spécialiste dans ce domaine, le Professeur Lahcen Kenny revient sur l'évolution de la production bio et ses perspectives. Un petit état des lieux tout d'abord. Quel est le développement de la culture biologique aujourd'hui au Maroc ? On peut distinguer deux secteurs dans l'agriculture biologique. Celui des plantes cultivées, sur 4 000 hectares, qui correspondent à 40 000 tonnes de production, et le secteur des forêts et plantes spontanées, sur 600 000 hectares. Peut-on parler d'une évolution rapide de l'agriculture biologique ces dernières années ? Depuis une dizaine d'années, la production a été multipliée par dix en termes d'espaces cultivés. Cela reste toujours une évolution un peu lente par rapport à d'autres pays, mais il y a une progression, chaque année, d'une centaine d'hectares. Quels facteurs boostent actuellement la production ? La progression s'explique parce qu'il y a une demande pour le bio. Le marché existe, surtout à l'export. En outre, il y a quand même une prise de conscience de plus en plus importante au niveau des producteurs. De plus en plus de personnes sont convaincues par ce système de production. En parallèle, nous avons une amélioration des connaissances, des techniques mais aussi des formations. Quels agriculteurs se lancent dans l'agriculture biologique ? Il s'agit plutôt de petits et moyens exploitants dans l'ensemble, c'est-à-dire principalement des agriculteurs qui possèdent moins de 5 hectares. Pour les cultures maraîchères, ce sont de moyennes et grandes exploitations, tandis que pour les fruits, ce sont plutôt de petites et moyennes. Un projet de loi sur la labellisation est actuellement à l'étude. Qu'apportera cette loi à la filière biologique ? La loi existe déjà. Elle a été validée et va être débattue bientôt au Parlement. La loi devrait être prête vers septembre, si tout se passe bien. L'importance de cette loi est énorme, puisqu'elle prend en considération la situation technique du Maroc et va permettre une certification nationale, avec un coût par conséquent moins élevé que lorsque la labellisation bio est réalisée à l'extérieur. La loi va également ouvrir la voie à des subventions. La valorisation des produits du terroir du royaume peut-elle instaurer une dynamique profitable à ce secteur ? Oui, certainement ! Quand on parle de produit de terroir, on parle de produit avec une qualité spécifique au terroir, liée à l'origine du produit. L'agriculture biologique a l'avantage de garder cette qualité, contrairement à l'agriculture intensive, qui peut avec l'utilisation d'herbicides et d'engrais, nuire à cette qualité. Le système de culture bio est lié au développement des produits du terroir dans les régions.