A. Belfhil : «Il est tout à fait prématuré de parler de levée d'immunité parlementaire. La comparution d'El Ferraâ s'est effectuée en dehors de la session parlementaire». La présence d'El Ferraâ, à la fois député sans aucune appartenance politique et président du conseil municipal d'Essaouira, n' a rien apporté de nouveau à ce dossier. La cour d'appel de Salé a décidé de reporter l'examen de cette affaire au mardi 11 janvier. Mohamed El Ferraâ a comparu mardi devant un magistrat à la cour d'appel de Salé. Une première, puisque l'ancien président de la MGPAP (Mutuelle générale du personnel des administrations publiques) avait refusé à deux reprises de répondre à l'appel de la justice qui instruit ce dossier dans lequel 22 personnes, dont quatorze sont en détention, sont poursuivies au même titre que El Ferraâ pour notamment «détournement de deniers publics», «falsification», «abus de pouvoir» et «blanchiment d'argent». La présence de Mohamed El Feraâ, à la fois député sans aucune appartenance politique et président du conseil municipal d'Essaouira, n'a rien apporté de nouveau à ce dossier. La cour d'appel de Salé a encore une fois décidé de reporter l'examen de cette affaire au mardi 11 janvier. Sa comparution fait suite à son audition, le 11 août dernier, par le juge d'instruction chargé de ce dossier. Cette comparution devant un magistrat est-elle, pour autant, annonciatrice d'une probable levée de l'immunité parlementaire dont bénéficie Mohamed El Ferraâ ? Dans des déclarations au Soir échos, Abdeslam Belfhil, membre du conseil d'administration de la MGPAP, assure qu'«il est tout à fait prématuré de parler de cette décision». Et pour cause, poursuit-il, «la comparution de El Ferraâ s'est effectuée en dehors de la session parlementaire», celle de l'automne a pris fin le 31 décembre dernier. Une vacance qui se prolonge jusqu'en avril prochain, date de l'ouverture de la session du printemps. «Sa comparution est une mesure insuffisante», lance Belfhil. «Faute d'une décision claire et nette du Parlement marocain, la justice a été contrainte d'opérer de la sorte, ce qui n'est pas sans incidence sur le procès, appelé à s'installer dans la durée», souligne notre interlocuteur. En dépit de ces propos, la démarche de la justice n'est pas exempte de tout reproche, le Parlement ne peut examiner toute levée de l'immunité qu'après une demande écrite d'un magistrat. Belfhil ne cache pas son amertume de voir «le premier responsable de toute la mauvaise gestion, pendant des années, au sein de la Mutuelle, poursuivi en liberté, alors que des fonctionnaires (quatorze, ndlr) sur qui pèsent des accusations de moindre calibre que celles de El Ferraâ sont, depuis plus de 10 mois, détenus à la prison de Salé». Abdeslam Belfhil estime que «la levée de l'immunité parlementaire dont bénéficie Mohamed El Ferraâ n'est pas pour demain, des parties mènent actuellement des pressions pour que cette mesure ne voie pas le jour». Puisqu'elle constituerait alors un précédent qui risquerait de se reproduire avec d'autres élus du même acabit impliqués dans de sombres affaires. Pour mémoire, l'affaire de la Mutuelle générale a connu de multiples rebondissements et une confrontation directe entre l'USFP et l'Istiqlal présidé par le Premier ministre Abbas El Fassi. La volonté du ministre de l'Emploi, le socialiste Jamal Rhmani, de permettre à la justice d'enquêter dans cette affaire et d'organiser de nouvelles élections à la MGPAP permettant de mettre un terme au règne d'El Ferraâ s'est heurtée à la forte mobilisation du patron de l'UGTM, Hamid Chabat, pour protéger El Ferraâ, fraîchement affilié au bras syndical de l'Istiqlal après des années d'appartenance à la CDT de Noubir Amaoui. El Ferraâ est accusé notamment par des milieux syndicaux d'avoir dilapidé 70 milliards de centimes dans des transactions douteuses durant ses quatre années de présidence de la Mutuelle générale du personnel des administrations publiques.