Des médecins qui se sont déconventionnés de l'AMO veulent réintégrer le régime. Ils avancent avoir été «induits en erreur» par le Collège national des médecins spécialistes. D es médecins qui se sont désengagés de l'AMO reviennent sur leur décision. Ils veulent réintégrer le régime de l'assurance maladie obligatoire. Pour cela, ils font appel au Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL) pour les soutenir dans cette démarche auprès des gestionnaires de l'AMO. «Les médecins disent avoir été induits en erreur par le Collège national des médecins spécialistes du secteur libéral qui a appelé à la dé-convention pour faire pression sur l'ANAM, la CNSS et la CNOPS pour la révision de la tarification nationale de référence», indique Mohamed Bennani Naciri, président du (SNMSL). «Les médecins affirment qu'ils ont signé la pétition du Collège des médecins spécialistes par solidarité avec d'autres médecins. Selon eux, il n'était nullement question de se désengager de l'AMO», renchérit Filali Wahbi, directeur du bureau du SNMSL à Casablanca. Selon ce professionnel syndicaliste, une prise de contact a eu lieu avec les gestionnaires de l'AMO qui ont exigé un document écrit par les médecins dans lequel ils explicitent les raisons de leur désengagement et de leur désistement. «Les discussions se poursuivent et la porte reste toujours ouverte pour la réintégration des médecins», ajoute-t-il. Contacté par Le Soir échos, le président du Collège national des médecins spécialistes du secteur libéral, Saâd Agoumi, renvoie la balle aux médecins. «Les médecins sont âgés de plus de 18 ans et donc responsables de leur acte. Nous n'avons obligé personne à signer la pétition. La décision a été prise en Assemblée générale. Les médecins qui disent avoir été dupés par le Collège ne veulent pas prendre leur responsabilité», se défend-il. Interrogé sur le nombre exact de médecins qui se sont déconventionnés de l'Assurance maladie obligatoire, le président du Collège national des médecins spécialistes du secteur libéral avance le chiffre de 600. Or, l'ANAM (Agence nationale de l'assurance maladie) affirme sur son site Internet que le nombre des professionnels hors convention s'élève uniquement à 293 médecins. Saâd Agoumi s'explique : «L'ANAM a pris seulement en considération les lettres de désengagement individuelles de chaque médecin et non la liste commune». Le patron du syndicat des médecins spécialistes s'en prend au syndicat national des médecins du secteur libéral et lui fait porter le chapeau de l'échec des discussions sur le renouvellement de la convention nationale de l'AMO régissant les rapports entre les organismes gestionnaires de l'Assurance maladie, les prestataires de soins et les établissements de soins du secteur privé, signée en 2006 et expirée en 2009. «Le SNMSL a jeté l'éponge et quitté le navire. Aujourd'hui, nous sommes en train de colmater les brèches», lance-t-il sur un ton coléreux. Mohammed Bennani Naciri, président du SNMSL, rétorque : «Nous n'avons pas jeté l'éponge. Nous sommes toujours partie prenante. Nous sommes attachés à la convention tout en continuant à militer en faveur de l'amélioration de la tarification nationale de référence et de la prise en charge des patients». Certes, les discussions pour le renouvellement des conventions et la révision de la tarification nationale sont au point mort. «Toutefois, souligne Bennani, nous n'avons pas voulu cautionner une chose illégale». Le président du SNMSL fait référence à l'adhésion du Collège national des médecins spécialistes à la commission permanente de suivi de l'AMO. Une adhésion controversée. «La décision d'adhésion a été prise unilatéralement par l'ANAM sans concertation avec les différents membres. Ce qui est contre la loi 65-00 portant code de la couverture médicale de base. Un avenant a été signé par l'ANAM pour concrétiser la nouvelle adhésion. Or, l'avenant n'a pas eu l'accord du ministère de la Santé, puisqu'il n'a pas été publié jusqu'à ce jour dans le Bulletin officiel», note Bennani. Le SNMSL a saisi la justice. Il a intenté un procès contre l'ANAM pour non-respect des articles 20 et 21 de la loi 65-00. Une plainte a été déposée auprès du tribunal administratif de Rabat, lequel s'est déclaré incompétent. L'affaire a été donc portée devant la Cour suprême. La sentence se fait attendre, la grève des greffiers retardant l'examen de l'affaire. Le président du SNMSL dit attendre le verdict de la Cour suprême… et l'arbitrage du ministère de la Santé, qui ne donne pas suite à la plainte du syndicat. Ce dernier rassure : «Le syndicat continue à représenter les médecins du secteur libéral. Ce qui donne de la crédibilité et de la légitimité à notre syndicat est le nombre important des médecins qui nous font confiance et qui répondent positivement à chaque appel. En témoigne le mouvement protestataire que nous avons mené pour la réforme du Conseil national de l'Ordre des médecins. Le désengagement de 293 professionnels ne menace aucunement l'AMO, puisque le nombre des médecins privés s'élève à 8.500 professionnels». Le patron du syndicat des médecins spécialistes s'en prend au syndicat national des médecins du secteur libéral et lui fait porter le chapeau de l'échec des discussions sur le renouvellement de la convention nationale de l'AMO.