Avec un bond de 14,7% et grâce à la forte demande des autres pays asiatiques comme la Chine, Singapour a été le champion de la croissance en Asie en 2010. L'île se montre très ouverte aux investissements directs étrangers, profitant de sa bonne réputation dans les milieux économiques en termes de transparence et de lutte contre la corruption. Singapour a été le champion de la croissance en Asie en 2010, avec un bond de 14,7%, grâce à la forte demande des autres pays asiatiques comme la Chine, mais 2011 s'annonce un peu moins euphorique. Seul, dans le monde, le Qatar devrait faire mieux que Singapour avec un bond attendu de 16% de son PIB l'an dernier, selon le Fonds monétaire international (FMI).«Avec 14,7%, Singapour a connu la meilleure croissance en Asie en 2010», devançant la Chine et l'Inde, a indiqué lundi Alvin Liew, économiste à la banque Standard Chartered, après la publication des statistiques par le ministère du Commerce et de l'industrie. Il s'agit de la meilleure performance depuis l'indépendance en 1965 de la ville-Etat, le précédent record datant de 1970 (+13,8%). Singapour a ainsi repris sa marche en avant, après la courte récession de 2009, durant laquelle le PIB s'était contracté de 1,3%, en raison de l'impact de la crise économique mondiale. En l'absence de matières premières, son économie, qui pèse 247,33 milliards de dollars singapouriens (191 milliards de dollars), est en effet très dépendante des exportations, notamment de produits informatiques, pharmaceutiques ou chimiques. Elle profite de sa situation stratégique à l'embouchure du détroit de Malacca, où s'est développé un immense port considéré comme le plus important au monde en terme de trafic de conteneurs. «Comme le montrent les chiffres, la reprise de l'économie singapourienne a été vraiment remarquable après la crise mondiale», estime Leif Eskesen, économiste en chef pour l'Asie à la banque Hongkong and Shanghai Banking Corporation (HSBC). Pour le seul 4e trimestre 2010, la croissance du secteur manufacturier a bondi de 28,2% sur un an, portée par l'industrie pharmaceutique, selon le ministère. Dans le même temps, celle des services, notamment financiers, qui représentent 65% du PIB, a progressé de 8,8%. Singapour, où l'Etat joue un rôle économique moteur, a cherché, ces dernières années, à diversifier son économie tertiaire, notamment en pariant sur le tourisme, avec l'ouverture en fanfare de deux immenses casinos et d'un parc de loisirs Universal Studios en 2009. Pour cela, l'île se montre très ouverte aux investissements directs étrangers, profitant de sa bonne réputation dans les milieux économiques en terme de transparence et de lutte contre la corruption. Le Premier ministre Lee Hsien Loong a appelé vendredi les cinq millions de Singapouriens, dont environ un million d'étrangers, à «se réjouir» des performances économiques de 2010 qui, en raison de «leur caractère exceptionnel», «ne devraient pas se reproduire de sitôt». Il a prudemment estimé que la croissance allait s'élever entre 4 et 6% en 2011, citant des risques inflationnistes et «les perspectives mitigées pour l'économie mondiale». «Il existe des inquiétudes importantes : l'économie américaine reste faible, l'Europe connaît une grave crise liée à la dette en Grèce, en Irlande et dans d'autres pays». «Nous revenons à des années plus normales» pour Singapour, a également estimé Leif Eskesen, en tablant sur une croissance de 5,2%. Plus optimiste, la banque singapourienne DBS prévoit une hausse du PIB de 7%, soutenue par le secteur des services, «principal moteur de croissance et de création d'emplois».