As'y méprendre, Hassan Nadim pourrait passer pour le nouveau Yann Arthus-Bertrand. Par complaisance ou par raccourci, ses images sont souvent comparées à la célèbre série «La Terre vue du ciel». Une idée que l'artiste s'empresse de rectifier : «Je suis le contraire de Yann Arthus-Bertrand. Je fais des plans très serrés qui donnent aux sujets une dimension abstraite. Mon travail, c'est la Terre vue de la Terre ! »… Ou quand la réalité devient imaginaire. Bien loin des images de foule prises sur la place Jamaâ el Fna et des silhouettes nonchalantes qui habitent les rues de Marrakech, la dernière série de Hassan Nadim, réalisée en 2008/2009, fait basculer l'artiste dans une démarche quasi surréaliste, où ombre et lumière conversent librement. Une œuvre revendiquée comme une fracture avec le travail documentaire des années antérieures : «J'aime passer de la réalité des choses à un travail beaucoup plus abstrait. Les images-documents sont très importantes à mes yeux et j'accorde une grande place au patrimoine humain. Mais à un moment précis, j'avais besoin de m'exprimer en artiste-photographe et de développer des choses plus personnelles, plus proches de l'émotion». Pour ce faire, Hassan se rend à la forteresse de Mazagan -El Jadida- l'un de ses lieux de prédilection propices à l'inspiration photographique. Il en rapporte un univers étonnant, des paysages lunaires, intemporels. Des non-lieux où seuls quelques rares bruits sourds inondent l'espace à la manière des aurores boréales. Une vision très subjective du monde qui l'entoure, une saisie éminemment poétique et un rendu proche de l'illusion, Hassan Nadim s'amuse à saisir une réalité brouillée par la lumière, l'eau, les reflets et autres effets de transparence. Comme l'énonce Kamal Abderrahim dans sa présentation de l'artiste, ce projet est une «appropriation (personnelle) et consciente d'une certaine « spectacularité » de la vie et donc de son inconsistance, son évanescence immatérielle». Symptôme d'une nouvelle vague artistique pour le photographe, ces images ont été présentées, pour la premières fois au Maroc, dans le cadre de la Biennale de Marrakech. Hassan Nadim est connu pour avoir réalisé plusieurs ouvrages portant sur l'art et la civilisation au Maroc. Membre de l'Association marocaine d'art photographique, il compte une série d'expositions individuelles et collectives au Maroc et à l'étranger notamment à Bahreïn, en Belgique, en Espagne, en France, en Pologne, au Portugal et en Ukraine.