La baisse des immatriculations de voitures neuves en France s'est accélérée en octobre, confirmant que la fin de l'année sera difficile pour un marché automobile confronté à l'arrêt de la prime à la casse et à un comparatif 2009 de plus en plus défavorable. Les ventes de voitures neuves dans l'Hexagone ont baissé le mois dernier de 18,7% sur un an à 171.449 unités, selon les chiffres publiés, mardi, par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). Le mois d'octobre a compté 21 jours ouvrables, contre 22 l'an dernier. En données corrigées, la baisse ressort à 14,9%. «C'est mauvais, mais c'était attendu car nous entrons dans la période où 2009 a vu ses chiffres gonflés par la prime à la casse. Les immatriculations de novembre et décembre seront encore pires», a précisé un porte-parole du CCFA. La prime publique, initialement de 1.000 euros en France pour aider le secteur à faire face à la crise de 2008-2009, avait provoqué un effet d'aubaine spectaculaire au dernier trimestre 2009, puisque les immatriculations avaient, alors, grimpé de 20,1% en octobre, puis bondi de 48,4% en novembre et de 48,6% en décembre. A ce comparatif, de plus en plus défavorable, vient s'ajouter le fait que depuis le 1er juillet, la prime n'est plus que de 500 euros. Elle est appelée à disparaître complètement à la fin de l'année.L'année 2011 reste incertaine Sur l'ensemble des dix premiers mois de 2010, les immatriculations dans l'Hexagone se replient désormais de 1,4% en données brutes, alors qu'elles étaient encore de justesse en hausse de 0,8% sur neuf mois. En données corrigées des jours ouvrables, les immatriculations étaient déjà passées en territoire négatif sur neuf mois (-0,2%). Sur dix mois, la baisse CJO atteint maintenant 1,9%. «On est sur une tendance 'post prime', mais l'année devrait au total être bonne», poursuit le porte-parole du CCFA. «La France résiste bien, le volume du mois d'octobre signifie qu'on retombe sur le niveau de 2008. On devrait dépasser un volume de deux millions d'unités sur l'ensemble de l'année». Le marché français retrouverait ainsi son niveau de 2008, quand les immatriculations étaient ressorties à 2,05 millions d'unités. En 2009, elles avaient grimpé de 10,7% à 2,3 millions. «La question n'est plus de savoir comment on va finir l'année, mais à quoi l'année 2011 va-t-elle ressembler ?», précise Flavien Neuville, responsable de l'Observatoire Cetelem de l'automobile. «Avec la fin des primes à la casse, les marchés français et européen retrouvent leurs fondamentaux, et ceux-ci ne sont pas dynamiques. Les automobilistes roulent de moins en moins, les voitures sont de plus en plus fiables et les conducteurs les gardent de plus en plus longtemps, huit ans et demi en moyenne», ajoute-t-il. Dans un contexte économique qui reste incertain, les ménages n'arbitreront pas, non plus, forcément en faveur du renouvellement de leur voiture malgré l'arrivée régulière de nouveaux modèles, notamment des véhicules moins gourmands en carburant et à plus faibles émissions de CO2. Flavien Neuville estime ainsi que le marché français pourrait se contracter de 5% l'an prochain, pour retomber à deux millions, seuil symbolique autour duquel il s'enroule depuis une dizaine d'années. PSA et Renault tablent, quant à eux, sur une stabilisation en Europe en 2011, après une baisse de 5% attendue en 2010. La rechute des ventes en octobre est générale. En Espagne, les immatriculations ont dégringolé de 37,6% et elles ont aussi continué de baisser en Allemagne. En France, les ventes de voitures du groupe PSA Peugeot Citroën se sont contractées de 17,3% et celles du groupe Renault se sont repliées de 21,9%. Même les ventes de Dacia (Logan, Sandero et Duster), la marque low cost du groupe Renault, qui bondissaient encore de 31,7% en septembre, ont accusé une baisse de 13,2% le mois dernier. Celles de la seule marque Renault ont reculé, quant à elles, de 23%. En revanche, le rebond des utilitaires s'est encore confirmé en octobre avec une hausse de 15,7% en données brutes (+21,2% en données CJO). La demande sur ce segment profite notamment au groupe Renault, dont les immatriculations de Kangoo, Master et Trafic ont bondi de 27,3% en octobre pour une part de marché de 33,9%. Sur dix mois, les immatriculations de VUL dans l'Hexagone ressortent en croissance de 12,7% (+12,1% en données CJO).