Lancement de la compétition régionale sur la meilleure jeune entreprise arabe. Injaz Al Maghrib, une rencontre entre les professionnels du privé et les lycéens. «Champs de beauté», équipe marocaine lancée dans la course. par selma t.bennani qui ne se souvient pas de ses années lycées ? L'âge des possibles, où l'on se sent encore protégé du monde du travail, tout en sachant que ça ne va pas durer. Comment réveiller les jeunes lycéens de leur inertie et leur donner un avant-goût d'avenir ? Injaz El Maghrib a tenté le pari. Créée il y a trois ans, l'antenne marocaine de l'Organisation non gouvernementale (ONG) américaine Junior Achievements Worldwide propose d'insuffler la fibre entrepreneuriale aux lycéens. Après les compétitions nationales, le clou régional du spectacle se tiendra à Marrakech les 24 et 25 octobre couramment, La ville ocre sera ainsi l'hôte de la compétition régionale, à l'issue de laquelle nous connaîtrons le nom de la meilleure jeune entreprise arabe de l'année. Organisée à la veille du World Economic Forum, la cérémonie verra d'ailleurs la participation de 50 membres dudit Forum. Un champ de fraîcheur souffle sur l'entreprise 13 pays de la région MENA (Arabie Saoudite, Bahreïn, Egypte, Jordanie,…) sont en lice pour le prix, dont le Maroc, porté par l'équipe « Champs de beauté ». Composée de six jeunes du lycée Charif El Idrissi de Rabat, la jeune entreprise a su séduire avec un projet innovant qui s'adresse au monde touristique. « Ils proposent la vente, à un prix compétitif, d'un panier fait main composé de produits cosmétiques traditionnels comme l'huile d'argan, l'eau de rose ou encore le henné et la lavande», précise Bouchra Moutanabi, responsable des opérations au bureau d'Injaz El Maghrib de Rabat. Les professionnels se convertissent en professeurs Avant d'en arriver là, il a fallu plusieurs mois pour choisir le projet et constituer les équipes. Imbibés dans la sphère théorique de l'enseignement scolaire, ces jeunes devaient subir un lavage pratique. Or qui mieux que des professionnels baignant quotidiennement dans le monde de l'entreprise peuvent en expliquer les rouages? «Nous allons frapper à la porte des entreprises, leur expliquer nos ambitions et leur proposer un partenariat. Concrètement, nous leur demandons de nous fournir d'une part des conseillers bénévoles qui seraient amenés à intervenir dans les lycées. Et d'autre part, nous leur demandons de nous aider financièrement sous forme de cotisations», explique Bouchra Moutanabi. Si aujourd'hui, les concepts d'entreprise, de missions, ou d'objectifs sont maîtrisés par ces jeunes, tout n'était pas joué d'avance. « Quand on m'évoquait le mot « entreprise », j'entrevoyais une espèce d'usine sombre et poussiéreuse», se rappelle Lina El Yakhloufi, vice-présidente de Youth Yell, meilleure jeune entreprise marocaine 2010. D'une idée à un projet Une fois le financement trouvé et les bases de l'entrepreneuriat et du leadership inculquées à ces jeunes, vient le moment de créer leur jeune entreprise. «Les différents membres de l'équipe se répartissent les tâches, ils votent pour choisir ceux qui occuperont les postes stratégiques, et une fois l'entreprise créée, la direction du lycée en question doit accepter de domicilier l'entreprise», nous révèle Bouchra Moutanabi. responsable des opérations d'Injaz El Maghrib au bureau de Rabat. Coût de production du projet, coût unitaire du produit et marge bénéficiaire, aucun détail n'est laissé au hasard par ces apprentis entrepreneurs. Afin de constituer leur capital de départ, les jeunes entrepreneurs vont jusqu'à vendre des actions de leur entreprise à leurs proches et professeurs. Pour un montant de 20 dirhams maximum par action, les jeunes voient ainsi leur caisse se renflouer, et avec elle, leur motivation s'amplifier. Quoi de plus encourageant que de constater qu'une simple idée germant dans un esprit peut se transformer en projet? Teeshirt « customisé », arroseur automatique, ou encore panier 100% produits bio, sont quelques-uns des nombreux projets qui ont pris forme grâce aux efforts des équipes d'Injaz El Maghrib. Après les régions de Casablanca et de Rabat, seules concernées jusqu'à aujourd'hui par les programmes, Injaz compte investir dans les mois qui viennent dans les lycées de Tanger et de Marrakech. Après la Palestine en 2007, le Koweït en 2008, et Oman l'an dernier, l'équipe marocaine engagée cette année a toutes les chances de remporter le titre régional à la fin du mois. « Champs de beauté », à vous de jouer!