Le débat autour de la carte sanitaire reprend aujourd'hui à Rabat. Le ministère de la Santé initie une concertation nationale à travers l'organisation, du 1er au 3 mars, d'un forum national sur l'importance de doter le pays de cet outil de planification et de régulation de l'offre de soins. Professionnels de santé des secteurs public et privé, représentants des institutions législatives, des départements ministériels, des organisations internationales et nationales, des Agences des Nations unies, des Ambassades de certains pays, ainsi que des acteurs de la société civile prennent part à cette rencontre, qui devrait être présidée par le Premier ministre Abbas El Fassi. Selon un communiqué du département de Yasmina Baddou, le débat portera principalement sur «le cadre législatif et réglementaire, la stratégie et les outils techniques utilisés pour la mise en œuvre de la carte sanitaire». la carte sanitaire a pour but de régler les défaillances et les disparités dont souffre le système de santé national. Pour rappel, la mise en œuvre d'une carte sanitaire au Maroc est l'une des priorités du projet de loi-cadre sur le système de santé et l'offre des soins, adopté en 2009 en Conseil de gouvernement et des ministres. Cet instrument est d'une importance capitale puisqu'il vise d'abord à définir les composantes de l'offre de soins sur l'ensemble du territoire national, les besoins de chaque région et à établir les moyens et les mesures à mettre en place pour une répartition équitable des infrastructures et ressources médicales entre les différentes régions du pays. Le but est d'améliorer l'accessibilité des patients aux soins de santé. En clair, la carte sanitaire a pour but de régler les défaillances et les disparités dont souffre le système de santé national. Dysfonctionnement dans la gestion budgétaire des hôpitaux, déficit en ressources médicales et paramédicales, équipement vétuste, manque d'établissements sanitaires dans certaines régions du pays… autant de déséquilibres que ce projet ambitionne de réglementer. «La carte sanitaire est un élément stratégique. Elle permet d'avoir une vision claire de la répartition géographique des médecins par région, ville, quartier et village. Elle permet d'établir une cartographie de toutes les infrastructures sanitaires existantes publiques et privées», note Anwar Cherkaoui, président de l'Association marocaine de l'information médicale. En somme, un inventaire des hôpitaux, des établissements de soins de santé de base, des médecins généralistes et spécialistes chirurgiens des secteurs public et privé, du nombre de lits…une tâche qui nécessite la mobilisation de toutes les délégations régionales de la santé pour recueillir les données requises. Par ailleurs, la carte sanitaire, souligne ce professionnel de santé, a l'avantage de faciliter la coordination entre les différents départements ministériels. Anwar Cherkaoui explique : «Du moment qu'on dispose d'une carte sanitaire, il serait plus facile pour les départements ministériels en cas de catastrophe de se renseigner de ce qui existe sur le terrain». En outre, «la carte sanitaire permet une meilleure visibilité sur les indicateurs pour l'élaboration du budget de la santé». En d'autres termes, de mieux maîtriser les dépenses de santé. Selon le projet de loi-cadre, la carte sanitaire sera établie pour une durée maximale de 10 ans par l'administration centrale. Une Commission nationale de l'offre de soins regroupant des représentants des différents acteurs dans le domaine de la santé devrait être mise en place pour consultation. Par ailleurs, le ministère de la Santé exposera lors de ce forum national ses expériences sur les schémas régionaux d'offre de soins (SROS), poursuit Anwar Cherkaoui. Ces schémas régionaux d'offre de soins sont des instruments d'organisation et de régulation de l'offre de soins à l'échelle régionale. Ces schémas, précise le projet de loi-cadre, seront établis pour cinq ans par «les directions régionales de la santé», après consultation des «Commissions régionales». Le projet du département de Yasmina Baddou est donc ambitieux et vise à instaurer un «Système national d'information sanitaire» permettant aussi bien la régulation que le contrôle de l'offre de soins sur l'ensemble du territoire national. La rencontre, première du genre, revêt donc une importance primordiale pour le secteur de la santé. Des expériences internationales de planification de l'offre de soins y seront exposées pour enrichir le débat. Autres dispositions Le projet de loi-cadre relatif au système de santé et à l'offre de soins constitue pour les professionnels une avancée. Le texte consacre la complémentarité entre le privé et le public, longtemps revendiquée par ces derniers. Il accorde aux établissements du secteur privé de contribuer à des actions sanitaires en collaboration avec le secteur public. Il prévoit également la création de réseaux de santé conjoints entre les deux secteurs. Les établissements privés pourront prendre ainsi en charge totalement certaines prestations de santé publique, sur la base d'un cahier de charges établi par l'administration. Par ailleurs, le texte prévoit également la création d'instances consultatives nationales et régionales dans le domaine de l'élaboration des politiques de santé. Ces instances seront composées de représentants de tous les intervenants dans le domaine de la santé, relevant des secteurs public et privé et de la société civile, en vue de définir des stratégies et les grandes décisions en vue d'assurer la cohérence du système national de santé et d'améliorer sa gouvernance et sa rentabilité.