Le Maroc célèbre du 1er au 7 août la Semaine mondiale de l'allaitement maternel. Cette pratique est en net déclin dans notre société. Même les femmes en milieu rural l'abandonne. L'OMS recommande de donner le sein au bébé jusqu'à l'âge de deux ans. khadija skalli L 'allaitement au sein est vital pour votre bébé». L'OMS réitère son appel en faveur de l'allaitement maternel. A l'occasion de la Semaine mondiale de l'allaitement maternel, célébrée du 1er au 7 août dans plus de 170 pays, dont le Maroc, les campagnes de sensibilisation se multiplient pour sensibiliser les mères à l'importance de cette pratique au moins jusqu'à l'âge de six mois. L'Organisation mondiale de la santé recommande aux gouvernements des différents pays de mettre en œuvre dans les établissements de santé les mesures nécessaires pour encourager les femmes à donner le sein à leurs enfants. Au Maroc, la situation est qualifiée par les professionnels de préoccupante voire alarmante. Donner le sein au bébé est en net déclin dans notre pays. Jugez-en vous mêmes. Jusqu'aux années 70 et 80, la pratique de l'allaitement maternel était la règle, tradition oblige. C'est vers la fin des années 80 que commençait le déclin de l'allaitement maternel en faveur de l'allaitement artificiel. Ainsi, de 1992 à 1997, le taux d'allaitement maternel exclusif (le nouveau-né est nourri uniquement au sein de sa maman sans aliment complémentaire) est passé de 62% à 46 %. Actuellement, seulement 15% des femmes allaitent exclusivement leurs enfants au sein durant les six premiers mois de la vie. Pis encore, les mères qui allaitent dans les premières heures qui suivent l'accouchement (allaitement précoce) ne représentent que 52%, selon les données du ministère de la Santé. Même la durée de l'allaitement a reculé. Plusieurs facteurs sont à l'origine de ce déclin dont le développement de l'industrie alimentaire avec la mise sur le marché des laits pasteurisés, des laits concentrés et en poudre…la modernisation de la vie et surtout le travail des femmes. Le risque de perdre la beauté du sein après allaitement dissuade les femmes préoccupées par leur image de donner le sein au bébé. Ce qui inquiète est le fait que l'allaitement artificiel se répand de plus en plus même dans le milieu rural. Paradoxe. Alors que la pratique de l'allaitement maternel recule au Maroc, elle est de plus en plus répandue dans les pays scandinaves comme la Finlande, le Norvège et le Danemark. Conscient de la gravité de la situation, le ministère de la Santé fait de la promotion de l'allaitement maternel une priorité. Il multiplie les campagnes de sensibilisation auprès des femmes. Si le nouveau-né n'est pas nourri du lait de sa maman, quelles sont les conséquences sur sa santé ? «Le bébé peut avoir une immunité réduite. Il faut noter que le lait maternel apporte aux nouveaux-nés et aux nourrissons les éléments nutritifs dont il a besoin pour son développement et contient des anticorps qui aident à le protéger contre les maladies infantiles», explique Mohammed Bennani Naciri, médecin généraliste, installé à Casablanca. Selon ce professionnel, le lait naturel renforce l'immunité du bébé, contrairement au lait artificiel. Autre avantage du lait maternel, mais cette fois-ci pour la maman; selon les professionnels, l'allaitement maternel protège également la maman de certaines maladies. Plusieurs enquêtes convergent en ce sens. Des études démontrent l'immunité accrue des mamans qui allaitent. La qualité de la protection de l'allaitement maternel contre le cancer du sein est prouvée. D'autres études ont démontré que la durée d'allaitement maternel était inversement proportionnelle au risque de cancer du sein. Une femme qui a allaité pendant une longue durée présente moins de risque par rapport à une femme qui n'a jamais allaité. C'est pourquoi les professionnels de santé préconise d'allaiter jusqu'à l'âge de 2 ans. «Si tous les nourrissons et les jeunes enfants étaient nourris exclusivement au sein pendant les six premiers mois de leur vie et recevaient ensuite des aliments nutritifs en complément de l'allaitement jusqu'à l'âge de deux ans, on pourrait sauver chaque année 1,5 million de vies d'enfants supplémentaires», recommande l'OMS dans son communiqué rendu public samedi dernier. Celle-ci met en garde contre la malnutrition qui est responsable d'un tiers des 8,8 millions des décès annuels parmi les enfants de moins de cinq ans. «Plus des deux tiers de ces décès, qui sont souvent associés à des pratiques d'alimentation inadaptées, telles que l'alimentation au biberon ou l'apport d'aliments de complément inadéquats, se produisent au cours du premier mois de la vie».