Lancer la mise en valeur du site d'Aghmat. Tel est l'objectif principal de la journée d'étude organisée en fin de semaine dernière à Marrakech. Ce site situé à 30 km de la ville ocre est considéré comme étant un foyer très important de l'islamisation du Maroc. Il a été fondé au 10e siècle et constitue le symbole de toute la civilisation Almoravide. Depuis 1901, des chercheurs français ont commencé à s'intéresser à Aghmat. «Mais ces recherches qui ont été menées n'ont pas vraiment abouti, car c'était ponctuel alors que l'idéal aurait été de mener des programmes de recherche sur plusieurs années et à long terme», confie l'archéologue Abdellah Filli de la Fondation Aghmat. Cette même fondation a lancé le chantier de réhabilitation d'Aghmat il y a six ans. «Le projet s'étale sur une superficie de plus de trois hectares, le chantier nécessite beaucoup de temps et d'importants moyens financiers» explique Abdellah Filli. La réhabilitation se déroulera en deux étapes : d'abord, les découvertes et les fouilles archéologiques et ensuite, la mise en valeur du site et sa préservation. Le chargé de l'exécution de ce projet souligne dans des propos au Soir échos que la réhabilitation se fait en parallèle aux fouilles archéologiques. « Nous avons dès le départ cherché à mener l'opération de préservation de tout ce qui a été découvert et en sécurisant l'endroit. D'ailleurs nous avons recruté un gardien à cet effet», souligne Abdellah Filli. Les fouilles archéologiques sont menées au rythme de trois à quatre semaines par an. «Nous avons pu durant les six ans de fouilles révéler des pages glorieuses de l'histoire du Maroc», déclare-t-il. Parmi les vestiges qui ont été découverts figure entre autres, le Hammam d'Aghmat. Situé au cœur du tissu urbain ancien d'Aghmat, ce hammam représente le seul vestige encore debout de cette agglomération. Son plan épouse la forme trapézoïdale constituée de trois salles couvertes d'une voûte en plein centre, construite par des moellons de l'oued inondés dans un mortier en chaux. Les dimensions de la salle chaude sont moins grandes par rapport aux deux autres salles, alors que sa hauteur sous-plafond est plus importante que celle des autres. Le plan tranche clairement avec les plans de hammams islamiques connus au Maroc et en Andalousie aussi bien à l'époque Almohade (Ksar Sghir), qu'à l'époque Mérinide (Chellah, Fès, Rabat). Cependant, il présente des corrélations évidentes avec des hammams andalous des 11e et 12e siècles. Au sud du Hammam, se tient un bâtiment presque indépendant. Il s'agit d'une salle de repos, destinée à l'accueil des clients et se présente sous forme d'une cour centrale à ciel couvert, entourée de galeries sur les quatre côtés et dallée en briques cuites disposées en chevrons. Dernière découverte en date sur le site d'Aghmat, la Grande mosquée. «Elle a été découverte cette année et les fouilles vont démarrer lors de la prochaine campagne», précise l'archéologue. Ce projet, dirigé en collaboration avec le chercheur américain Robert Messier, est financé par des fonds purement privés. L'Etat ne déboursera donc aucun sou. Le Fonds pour la conservation de l'héritage de l'ambassade des Etats-Unis, la commission maroco-américaine, une grande entreprise marocaine, en plus d'une multinationale américaine et l'Institut des études maghrébines ainsi que des particuliers. Chaque année, un million et demi de DH sont débloqués pour le chantier de réhabilitation. (Lire aussi page 20)