Secouristes volontaires de proximité, SVP. Ce concept de gestion des catastrophes qui a fait son entrée pour la première fois au Maroc l'année dernière dans trois quartiers de l'ancienne médina de Fès, sera étendu à cinq autres. «On vient de terminer les formations pour deux quartiers à savoir Oued Zhoun et Bab Al Khoukha. A chaque session de formation, près de 50 jeunes issus de ces quartiers sont en classe», explique Hanaa Koudssi, assistante du projet. Fruit d'un partenariat maroco-suisse, le projet connaît l'intervention de plusieurs partenaires. Il s'agit de la wilaya de Fès-Boulemane, l'Union des amicales et associations de Fès, la commune urbaine, la protection civile, l'Agence pour la réhabilitation et la dédensification de la médina de Fès et l'Agence du bassin hydraulique du Sebou et des associations. Quant au financement du projet, il est assuré par l'ambassade de Suisse au Maroc. Le choix de Fès, plus particulièrement l'ancienne Médina, pour l'expérimentation du projet n'est pas fortuit. Cette ville abrite un grand nombre de maisons menaçant ruine concentrées essentiellement dans l'ancienne médina. La densité du tissu urbain dans cette dernière rend la tâche difficile aux secouristes en cas de catastrophes. «Le projet vise à rendre les interventions de secours et de sauvetage plus efficaces. Les jeunes de ces quartiers vont désormais intervenir vu qu'ils connaissent très bien les rouages de leurs quartiers», explique l'assistante du projet. Celle-ci a expliqué que les filles aussi font partie de ces groupes de secouristes. «On respecte la parité hommes-femmes durant l'admission des jeunes. Etre scolarisé, âgé de plus de 18 ans et en bonne santé sont les seuls critères sur lesquels on se base pour la sélection des bénéficiaires», précise-t-elle. La formation s'étale sur 15 jours répartis en des séances de trois jours. Selon Hanaa Koudssi, les modules de formation portent notamment sur les techniques des premiers secours et de sauvetage, les outils d'intervention et d'assistance sociale et aussi les techniques d'appui psychosocial. Des modules qui sont assurés par des experts dans le domaine du secourisme et aussi par des psychologues. Les premiers groupes de secouristes de proximité sont déjà intervenus au niveau de l'ancienne médina durant la période des fortes précipitations. A la fin de la formation, les jeunes secouristes passent aux exercices. Des incidents sont ainsi simulés où les jeunes mettent en pratique ce qu'ils ont appris durant la formation. Le coordinateur du projet Ahmed Dahmani a indiqué à ce sujet que la ville sera dotée prochainement d'une piste pour les exercices. Parce qu'il ne suffit pas de mobiliser des ressources humaines pour protéger les vies, le projet SVP a prévu tout un volet de sensibilisation des habitants quant aux risques qu'ils encourent. «On a organisé en mai dernier une vaste campagne de sensibilisation des habitants surtout ceux vivant dans des maisons menaçant ruine. Elle s'est étalée sur trois jours et vise deux principaux objectifs», indique l'assistante du projet avant de poursuivre que «le premier objectif est d'informer les habitants sur les bonnes attitudes qu'ils doivent adopter en cas d'incident. Le second est de communiquer autour de ces jeunes secouristes et vulgariser le concept auprès du grand public». Une année après le lancement du projet, les SVP sont déjà présents dans trois quartiers de Fès à savoir Bab El Guissa, Rcif et Al Kasbah. Dans chaque quartier, un groupe de 50 jeunes veille. «Ils sont organisés actuellement en des associations. Chacune d'elle dispose de tout le matériel nécessaire pour les secours. Elles ont été dotées de conteneurs renfermant tous les équipements», indique Hanaa Koudssi. Et d'ajouter «ce premier groupe de SVP a à son actif actuellement plusieurs interventions opérées durant la période des fortes précipitations. Ils ont été d'une grande utilité quand des maisons menaçant ruine se sont effondrées au quartier Chrabliyin», soutient l'assistante du projet. Côté suivi des groupes de SVP, Hanaa Koudssi affirme que le comité de pilotage reste en contact permanent avec les associations des secouristes. Il assure le suivi des différentes actions menées par ces derniers. Soulignons que les premiers groupes de secouristes de proximité marocains ont rencontré leurs homologues turcs. Une visite d'échange a été organisée ce mois en Turquie, un des premiers pays ayant adopté le dispositif du secourisme de proximité. Associations locales Quel rôle humanitaire ? Afin de préparer l'extension du projet, le comité de pilotage dressera l'état des lieux de l'intervention des associations dans la gestion des incidents locaux. «A partir de 2011, le projet sera étendu à tout Fès et deux autres villes. Le but de l'étude est de diagnostiquer le rôle humanitaire des associations locales en cas de catastrophes et le niveau de connaissance de leur territoire», indique Ahmed Dahmani, coordinateur du projet. Il a ajouté que l'étude sera menée auprès d'un échantillon d'associations notamment celles situées dans la région du Gharb. «Plusieurs associations issues de cette région ont été d'un grand apport lors des interventions de secourisme durant la période des inondations», affirme le coordinateur du projet. L'étude évaluera aussi le niveau de connaissance des associations locales quant aux méthodes et techniques d'intervention humanitaire lors des catastrophes. Elle diagnostiquera également la relation entre les associations locales, les autorités publiques et la protection civile lors des catastrophes. Le coordinateur du projet a confié qu'une étude encore plus importante portant sur le dispositif de secourisme sera lancée par la coopération suisse et la wilaya de Fès-Boulemane.