Les chirurgiens plasticiens marocains sont hors d'eux. Et pour cause : de plus en plus d'opérations chirurgicales sont pratiquées par des médecins non-plasticiens. Suite au décès récent d'une patiente après une opération de lipoaspiration, ou liposuccion, c'est toute la spécialité qui se révolte. Comme le rappelle le Dr Fahd Benslimane, chirurgien plasticien de renommée internationale, les lois relatives à l'exercice de la médecine au Maroc sont bien claires. «Le médecin spécialiste ne peut exercer que les actes médicaux relevant de la spécialité qui lui est reconnue». Dans une lettre adressée au Conseil national de l'ordre des médecins, les membres de la Société marocaine de chirurgie plastique réparatrice et esthétique dévoilent leurs craintes quant à l'avenir de leur profession, salie par ces sombres histoires. «Tout médecin doit s'assurer qu'il a la formation nécessaire, et que cet acte entre dans les attributions de sa spécialité». Dénonciation encouragée Face à ce mouvement de révolte, le Conseil, avec à sa tête le Pr Moulay Tahar Alaoui, donne une réponse. Il faut dénoncer les imposteurs. Comment ? En collectionnant les cartes de visite douteuses, et en prenant en photo les plaques des supermen de la médecine, qui accumulent les spécialités sans pour autant justifier d'un bac+18. Mais il est à redouter que ces actes isolés de dénonciation n'aient pas un impact important. C'est à la justice de sanctionner. Mais encore faut-il que les lois soient appliquées. En attendant, le Dr Kamal Iraqi Houssaini conseille aux patients de se renseigner au préalable «sur la qualification et les compétences du praticien, en s'adressant directement au Conseil national de l'Ordre des médecins». Payer moins pour être plus belle Le culte de l'apparence qui ronge de plus en plus notre société n'est pas là pour calmer les ardeurs frauduleuses de ces imposteurs, qui proposent souvent des tarifs aguicheurs. Plus grave, une fois que le mal est fait, rares sont les femmes qui osent dénoncer leur boucher. Benslimane nous avouera le cas d'une femme juge qui, après de multiples opérations ratées, n'a pas voulu dénoncer le dermatologue qui l'avait opérée. Ou quand le tabou est plus fort que la justice. Culturellement, la chirurgie esthétique est encore mal vue, et qualifiée de superflue. Les victimes de ratages chirurgicaux ne sont pas plaintes. Près de 80.000 interventions chirurgicales, esthétiques ou réparatrices, sont réalisées chaque année au Maroc.