ça y est, la logistique a enfin son contrat-programme ! La signature de ce dernier a eu lieu mardi 20 avril à Mohammédia, sous la présidence effective du Souverain, en parallèle de la présentation de la nouvelle stratégie pour le développement de la compétitivité logistique. Sa mise en œuvre «constitue un défi de taille à relever lors des dix prochaines années et un maillon essentiel dans le processus d'amélioration de la compétitivité de l'économie nationale», a indiqué le ministre du Transport et de l'Equipement, Karim Ghellab. Il faut dire que l'événement était attendu depuis un certain temps déjà par les différents acteurs, et notamment par le patronat. En effet, le contrat-programme nouveau-né servira de base pour l'application de la nouvelle stratégie, qui s'appuie comme tant d'autres sur une approche partenariale entre l'Etat et le secteur privé. Le contrat-programme, qui comprend 35 mesures et doit s'étaler sur la période 2010-2015, doit définir le cadre de développement du secteur de la logistique au Maroc, en fixer les grandes lignes, tout en déclinant les engagements communs de l'Etat et du secteur privé. La création de l'Agence marocaine de développement de la logistique n'en est que l'un des nombreux points saillants. Elle aura pour vocation la coordination et la syndication des acteurs de la compétitivité logistique autour de projets spécifiques. 607 ha en 2015 pour le Grand Casablanca Plus concrètement, le nouveau programme prévoit l'élaboration de contrats d'application pour le développement des zones logistiques au niveau régional, ainsi que des contrats d'application transversaux et sectoriels. Ceux-ci concernent la formation, la mise à niveau du transport routier de marchandises, sans oublier l'amélioration de la compétitivité logistique des principaux flux : hydrocarbures, produits agricoles, distribution nationale, matériaux de construction et import/export. L'événement a également été l'occasion de conclure le premier contrat d'application, qui concerne la région du Grand Casablanca. Concrètement, ce contrat d'application définit huit zones devant abriter les futures plateformes logistiques de la région, qui s'étaleront sur une superficie de 978 ha, dont 607 ha en 2015 qui devraient être «convenablement connectées aux réseaux de transports autoroutier, ferroviaire, aéroportuaire et portuaire», selon le ministère du Transport. À l'instar du contrat du grand Casablanca, les contrats d'application des autres régions seront finalisés de concert avec les acteurs locaux et services concernés. En parallèle, des contrats spécifiques devraient être conclus pour les opérateurs de transport de marchandises, la formation et l'optimisation des différents flux logistiques. Une feuille de route en cinq axes La définition de la nouvelle stratégie nationale a été longuement mûrie. Elle s'est basée sur une étude conduite de concert avec le secteur privé et les principaux acteurs publics concernés. Pour rappel, le financement de ladite étude a fait l'objet d'une convention avec le Fonds Hassan II pour le développement économique et social, signée en mai 2008. Les conclusions de l'étude ont préconisé plusieurs points pour le développement de la stratégie. À partir de là, cinq axes ont été dégagés. Le premier porte sur le développement et la mise en œuvre d'un réseau national intégré de Zones logistiques multi-flux (ZLMF). Le second axe concernera quant à lui l'optimisation et la massification des flux de marchandises. S'agissant du troisième axe, il consistera en la mise à niveau et incitation à l'émergence d'acteurs logistiques intégrés et performants. Quand au quatrième axe, il s'appuiera sur le développement des compétences à travers un plan national de formation dans les métiers de la logistique. Enfin, le dernier axe s'articulera autour de la mise en place d'un cadre de gouvernance opérationnelle du secteur et de mesures de régulation adaptées. Des zones spécialisées La nouvelle stratégie se veut indispensable et complémentaire aux grands chantiers du royaume. En effet, elle est censée accompagner les autres stratégies sectorielles nationales (plan Maroc Vert, Emergence, plan Halieutis, plan Rawaj, Stratégie énergétique, etc.), celles-ci devant générer une recrudescence des flux de marchandises, essentiellement due aux investissements nationaux et étrangers dans ces secteurs. En outre, la stratégie «parachève enfin et surtout ces stratégies sectorielles», selon le ministère du Transport. En effet, ces dernières ont pour finalité de promouvoir la compétitivité économique nationale, essentiellement pour les métiers mondiaux du Maroc. Or, cet ambitieux objectif pourrait être compromis, si la chaîne logistique se révélait non performante, recréant des surcoûts, et des pertes de délai à l'amont (importation des intrants) et à l'aval (exportation des produits et distribution domestique) des phases de production (industrielle, agricole, pêche, etc.) Par ailleurs, la nouvelle stratégie devrait permettre de réduire les coûts logistiques de 20% du PIB aujourd'hui à 15%, ce qui est le ratio observé pour les pays émergents (Brésil, Mexique...). Les ambitions de réalisations concrètes à court et moyen terme sont également un des points forts de la stratégie, notamment par la réalisation de 70 zones logistiques dans 18 villes totalisant 3.300 ha à la fin du programme, avec le lancement de près de la moitié des zones sur 2.080 ha d'ici 2015.