L'Education non formelle (ENF) se propose comme un système alternatif de formation- éducation pour une seconde chance aux enfants non scolarisés ou à ceux qui ont abandonné les bancs de l'école. Des études ont affiché des taux élevés de déperdition scolaire, notamment au niveau des deux premières années de l'enseignement primaire. Il a été constaté que durant la période scolaire 2006-2007, 6,14%, équivalant à quelque 200.000 élèves, ont abandonné le cycle primaire. À cette large frange qui abandonne l'école s'ajoute une autre (7%), qui n'en a jamais franchi le seuil. Malgré les efforts, le Recensement général de la population et de l'habitation (RGPH) 2004 a recensé plus de 1 million d'enfants âgés de 8 à 15 ans non scolarisés ou qui ont quitté l'école. Ces données globales deviennent d'autant plus négatives qu'elles s'accompagnent de disparités selon le genre (2 filles sur 5 ne fréquentent pas l'école) et selon le milieu géographique : 80% des non scolarisés ou déscolarisés vivent en milieu rural. Ainsi, au périphérique du système scolaire et de son éducation formelle se manifeste un nombre considérable de jeunes dont la formation reste à initier ou à promouvoir. Pour faire face à la problématique, le ministère de l'Education nationale a mis en place la direction de l'éducation non formelle depuis 1998. C'est en quelque sorte, une école de la deuxième chance (E2C) pour les enfants égarés du système scolaire. Les associations, pierre angulaire Le partenariat avec les ONG de la société civile a été adopté comme mode exclusif d'intervention. Le choix de ce fonctionnement s'explique par la complexité du phénomène de non scolarisation. Par ailleurs, la montée en puissance du rôle du tissu associatif permet de s'adapter aux spécificités des publics cibles, explique Hssain Oujour, directeur de l'ENF au sein du ministère de l'Education nationale. La démarche du partenariat entre l'Etat et les associations est réglementée par la circulaire du 1er ministre n° 07/03. La décentralisation de la gestion des programmes ENF aux délégations du MEN est également devenue effective depuis 2005. Les ONG partenaires actives dans le cadre du programme sont ainsi passées de 43 à 262 actuellement sur l'ensemble du territoire. L'administration s'engage à l'élaboration des curricula spécifiques à la formation des éducateurs, à dispenser les manuels aux bénéficiaires et les guides aux éducateurs. Le département accorde également une subvention pour couvrir essentiellement les indemnités des éducateurs et assurer l'encadrement pédagogique. Les associations, elles, s'impliquent d'une part au niveau de la sensibilisation et de l'intermédiation avec les familles, et d'autre part, dans l'ouverture et la gestion des classes d'éducation non formelle. Ces ONG ont pour caractéristiques d'être très proches des milieux des divers bénéficiaires. Un atout considérable qui permet d'apporter des insertions socio-éducatives aux élèves. Palette des coûts pratiqués La contribution classique de la direction de l'éducation non formelle aux associations est de 1.000 DH par an pour chaque élève. Les animateurs et les animatrices sont en principe payés entre 1.800 et jusqu'à 3.000 DH par mois. Mais toutes les associations n'honorent pas leurs engagements dans le temps. Ce qui fragilise le dispositif car les éducateurs et les éducatrices restant la clef de voûte du système. Il s'est avéré que 60 % des associations se limitent à la subvention de l'Etat et gèrent leurs projets au jour le jour sans aucun fonds de roulement spécifiques. Ce qui met en avant la question de la qualification des ONG dans le domaine de la conduite et la gestion des projets éducatifs. Alors que des ONG plus actives montrent des capacités à mobiliser des fonds complémentaires. Ainsi, des performances notables ont été constatées avec des initiations professionnelles, des soutiens aux enfants et même à leurs familles. Pour encourager le système, le ministère projette de porter la subvention de 1.000 à 2.000 DH pour l'année prochaine.