À l'ère de la mondialisation et des regroupements se déjouant des frontières, l'économie change de contours. L'emploi se déplace d'une région à une autre, soutenu en cela par l'essor des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Immanquablement, nos pratiques et nos méthodes de travail s'en trouvent modifiées. Au rythme d'une concurrence ardue, le travail créatif, à forte valeur ajoutée, s'impose et investit plus de marchés. Le capital humain en est le fondement. Le développement économique que connaissent certains pays est bien inhérent à ce capital. D'où cette appellation d'économie du savoir où la connaissance s'érige en composante décisive et économiquement opérante. Le recours à la recherche et au développement, à la formation, à l'innovation et au management devient un incontournable dans la croissance économique contemporaine. Seules les entreprises performantes et dotées d'atouts compétitifs sont en mesure d'assurer leur adaptation aux exigences d'un marché mouvant. D'ailleurs, plus de 50% du PIB des grandes économies de l'OCDE repose sur la connaissance. Ce constat conduit à l'inévitabilité de la supériorité d'un modèle économétrique privilégiant la performance tant au niveau de l'organisation, des méthodes que des outils de travail. La part de l'immatériel et de la connaissance dans la richesse créée croît constamment. La compétitivité est à mettre au crédit des entreprises dotées de personnel bien formé, capable d'adopter les nouvelles technologies et de produire des biens et des services novateurs. Cependant, l'un des principaux obstacles rencontrés dans ce domaine, au niveau de certains pays dont le Maroc, est tributaire de l'éducation ainsi que de l'écart entre l'offre et la demande de compétences. Au sein de cette économie du savoir, l'éducation est le pourvoyeur immanquable en compétences. Afin d'y parvenir, d'une manière opportune, elle doit disposer d'un échange constant avec l'entreprise. L'élaboration de conditions favorables au transfert des connaissances, aux partenariats et aux synergies en serait une parfaite illustration. Il s'agit aussi d'inciter, par divers moyens, les entreprises à suivre une formation continue ou à opter pour une démarche d'acquisition constante de savoir-faire et de faire-savoir. Assurément, l'économie marocaine enregistre depuis une décennie une avancée en termes de progression de PIB de l'ordre de 4,8. Toutefois, cette progression ne permet pas de relever des défis cruciaux dont la réduction de la pauvreté et l'accroissement de l'emploi. Par ailleurs, la maîtrise des équilibres macroéconomiques et la politique d'ouverture de l'économie du Maroc n'ont pas été suffisants pour impulser une forte croissance économique. La diversification de l'économie reste aussi limitée. Le secteur manufacturier est caractérisé par des productions à faible valeur ajoutée, la désindustrialisation progresse, accrue par une concurrence agressive et des conditions peu stimulantes à son avantage. Quant aux exportations, elles peinent à exploiter leur plein potentiel. En effet, le Maroc n'a pas encore élaboré de stratégie effective pour la mise en place d'une véritable économie du savoir. De surcroît, aucune approche dédiée n'est intégrée dans ses plans de développement. Pour cela, d'importantes transformations du secteur de l'éducation, des TIC ainsi qu'un renforcement des systèmes économiques et institutionnels devront s'opérer afin de faire émerger un climat d'épanouissement et de diversification économiques. Les premiers domaines d'application consisteront à agir au bénéfice de la petite et moyenne entreprise. L'objectif est d'inciter ces PME à l'innovation, au dynamisme et à optimiser leur capacité d'adaptation aux mutations de l'économie mondiale. Un nouveau paradigme fondé sur le progrès technologique, les nouvelles méthodes de gestion de l'entreprise, l'apprentissage continu apparaît comme une alternative aux modèles existants. Ce nouveau paradigme aura à concilier les impératifs d'accroissement de la compétitivité et les exigences d'une évolution économique intégrée et pérenne. Une vision nationale homogène et structurée ainsi qu'un plan d'action pour l'opérationnaliser s'imposent. Il est nécessaire qu'elle intègre un cadre approprié de développement économique et institutionnel, un axe d'amélioration des ressources humaines, d'innovation et de développement d'infrastructures technologiques. Le cadre de développement économique et institutionnel a pour but de favoriser un environnement compétitif et incitatif incluant le bon fonctionnement des marchés financiers, notamment les capitaux à risque pour assurer le financement de l'innovation, l'assouplissement du marché du travail, le régime juridique, la gouvernance, et l'existence d'une administration efficace et transparente. La performance des ressources humaines implique celle de l'éducation, de sa qualité et de sa corrélation au marché du travail et de l'économie. La formation professionnelle et son évolutivité sont décisives au sein de ce dispositif. Pour l'innovation, à savoir les moyens nationaux de recherche, de développement et systèmes associés, ils sont à appréhender dans une logique d'accessibilité, d'intelligence et d'aide à la décision. Les infrastructures de communication et d'information ainsi que leur gestion, leurs coûts et leurs contenus devront aussi être pris en compte. Les axes évoqués ne semblent pertinents qu'à la condition de veiller à un équilibre socioéconomique. Il faut particulièrement éviter une approche excessivement productiviste ou financière qui négligerait le secteur informel, les régions marginalisées et dont le résultat serait d'accentuer le fossé entre ceux qui accèdent au savoir, aux richesses et ceux qui en sont exclus. Indubitablement, les bases d'un authentique élan socioéconomique interpellent sur l'intégration impérative du savoir, de la gouvernance et d'un bon climat d'affaires. Tout autre choix ne relèverait que du conjoncturel et du «faux-semblant» stratégique.