Moins de trois ans après sa création, Mutandis s'impose déjà comme un acteur pesant de l'économie nationale. Dans ce sens, c'est un Adil Douiri tout fier de son petit joyau qui s'est présenté devant l'auditoire rassemblé par l'école des hautes études en management (HEM) en fin de semaine. L'occasion d'exposer l'expérience d'un fonds d'investissement pas comme les autres. «On ne peut pas aujourd'hui dire que Mutandis est un fonds d'investissement au sens propre parce qu'il se distingue largement par son horizon de placement», insiste l'ex-ministre du Tourisme. En effet, Mutandis n'a pas la vocation de réaliser des placements dans des entreprises qu'elle compte céder à terme pour générer des plus-values. C'est du moins ce qu'argue le patron de Mutandis, sachant que dans de précédentes sorties médiatiques, il n'a jusque-là jamais fermé la possibilité à des cessions des entreprises acquises par Mutandis. Aujourd'hui c'est donc un tout autre discours et la société d'investissement est censée prendre des participations dans des entreprises et contribuer à l'accélération de leur développement sans pour autant avoir le ferme intention de les céder. «Le seul cas de figure où Mutandis pourrait songer à céder une des entreprises acquises sera quand on ne pourra pas mobiliser des fonds importants pour saisir une autre opportunité qui se présente. Chose qui reste improbable», ajoute-t-il. Il faut dire que Douiri est conforté dans ses propos par l'antécédent même de la société. Ayant pu mobiliser un capital de 777 MDH sur les douze premiers mois d'activité, Mutandis a pu par la suite mobiliser facilement 500 MDH supplémentaires auprès de ses actionnaires pour faire monter son capital à 1,2 milliard de DH. En plus des concours aux emprunts auxquels la société d'investissement a occasionnellement recours, il y a lieu de rappeler que Mutandis vise la cote pour faire un appel public à l'épargne. «Un délai de 2 ans nous paraît raisonnable pour concrétiser l'introduction en Bourse», confie le fondateur de l'institution. Cette opération devrait permettre, dans un premier temps, de lever jusqu'à 500 MDH avant que ce montant ne soit élargi de 300 à 500 autres millions de DH. C'est dire que Mutandis s'apprête à entrer par la grande porte à la Bourse de Casablanca et que la mobilisation des fonds n'est pas pour inquiéter les gestionnaires de la société. En attendant la concrétisation de cette IPO, la société d'investissement poursuivra son développement en se basant sur une stratégie certes volontariste, mais aussi opportuniste. «Nous privilégions aujourd'hui la prise de contrôle d'entreprises industrielles ayant la possibilité de créer leur propre marque», explique Douiri. Les secteurs privilégiés dans ce sens sont ceux où la visibilité est claire et qui sont récurrents. L'objectif est de se retrouver avec un portefeuille d'entreprises diversifiées aptes à devenir des champions nationaux. Telle est l'ambition de ce fonds d'investissement qui semble bien parti pour devenir un holding majeur de la scène économique.