Révolution énergétique ? Les avis divergent sur la Bloom Box, le nouveau serveur d'électricité de Bloom Energy. Le dernier-né de la Silicon Valley est sorti de l'ombre cette semaine, après neuf ans de développement et 400 millions de dollars d'investissements privés. La présentation s'est déroulée devant un parterre de plus de 300 personnalités dont le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, et l'ancien ministre de la défense Colin Powell. Google, premier client de la start-up, y était représenté par son co-fondateur Larry Page. Bloom Energy est devenue la start-up dont parle toute la Silicon Valley, sa pile à combustible est censée révolutionner l'industrie énergétique. À l'instar des premiers ordinateurs La Bloom Box est une boîte de la taille d'un réfrigérateur, composée de milliers de petites piles à combustible. Un peu plus épaisses qu'une carte de crédit, ces piles sont capables de produire de l'électricité à partir du gaz (naturel mais aussi du méthane). Un seul appareil est capable d'alimenter 25 habitations aux Etats-Unis ou le double en Europe, la consommation d'un foyer européen étant deux fois moindre. Une production d'énergie présentée comme propre et économique mais qui remet surtout en cause la notion de réseaux électriques alimentés par des centrales.Les piles à combustible existent depuis plus d'un siècle et sont couramment utilisées au Japon pour chauffer les habitations ou bien dans certains prototypes de voitures électriques. Mais l'entreprise californienne a réussi à en fabriquer en se passant de métaux particulièrement onéreux comme le platine. Son matériau de base est le silicium, présent en abondance dans le sable. Entre défiance et attrait «Mes équipes me disent que cette technologie de pile à combustible, dévoilée par Bloom Energy, n'est pas vraiment nouvelle», souligne Philippe Martin, directeur de la recherche et de l'innovation de Veolia. La production de l'électricité par une réaction électrochimique associant hydrogène et oxygène est connue depuis le milieu du XIXe siècle. Un scepticisme également partagé par Dallas Kachan, le directeur du cabinet d'analystes Cleantech Group, qui ne voit pas l'originalité de l'invention. «Cela reste encore cher et manque parfois de fiabilité», estime-t-il. Aujourd'hui, une Bloom Box coûte près de 800.000 dollars et vient avec 10 ans de garantie et un contrat de maintenance. «D'ici 5 à 10 ans, chaque maison pourrait avoir sa Bloom Box à un prix qui ne dépassera pas 3.000 dollars», prédit K.R. Sridhar, le Pdg-fondateur de la jeune pousse basée à Fremont. Alors que ce prix est encore restrictif pour le grand public, les grandes corporations se bousculeraient déjà. Google, bien sûr, mais aussi eBay qui a en déjà installé dans son quartier général à San Jose. S'y rajoutent Fedex, Coca-Cola, l'électricien californien PG&E, etc. De quoi occuper les 300 employés de la start-up pour de nombreux mois, avec une cadence de production qui atteint une Bloom Box par jour.