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Etanchera-t-on notre soif en 2030 ?
Publié dans Les ECO le 15 - 01 - 2010

La planète est en danger, le changement climatique bouleversera d'ici peu la vie sur Terre et les hommes souffriront de chaleur et de soif. Telles sont les inquiétantes hypothèses émises par les experts climatologues, et qui agitent depuis quelque temps l'agenda politique mondial. Sur ces chapitres, la région de la Méditerranée est citée parmi les zones vulnérables au réchauffement climatique.
Une analyse récente publiée par le centre national de météorologie prévoit des périodes de sécheresse de plus en plus longues pour le Maroc, lesquelles risqueraient d'affecter l'agriculture et de déclencher une forte migration du Sud vers le Nord. Au centre de toute cette problématique, la question cruciale est celle de l'eau, ressource sans laquelle plus rien ne sera possible sur Terre. Ces sombres présages déclenchent un débat passionné entre les experts.
Certains estiment que les prévisions sont alarmistes et qu'elles ne doivent pas être prises pour argent comptant, d'autres, au contraire, suggèrent que la menace soit sérieusement considérée. Voilà donc, qu'à l'heure où le Maroc frôle un rythme de croisière en matière de développement socio-économique, les menaces climatiques risqueront de placer le pays devant de nouveaux dilemmes. D'une part, les ressources en eau du pays s'épuisent à un rythme frénétique et d'autre part, les différents chantiers (plan Maroc vert et ses corollaires) augmenteront les besoins en cette ressource. Comment le Maroc compte-t-il résoudre cette épineuse équation ? Quels sont les risques actuels et futurs qui planent sur le pays ?
Complexité de la politique de l'eau
L'un des avantages du Maroc, c'est de s'être intéressé à la question de l'organisation et de mobilisation de la ressource hydrique bien avant aujourd'hui. Elle a constitué l'une des politiques gouvernementales clés depuis les années 60, époque à laquelle le Maroc avait fait le choix de miser sur l'agriculture et d'en faire le moteur de la croissance économique. Il fallait donc mobiliser de façon maximale la ressource et booster l'irrigation. En un temps record, plus d'un millions d'hectares ont été irrigués et plus d'une centaine de barrages construits sur l'ensemble du territoire, explique Majid Benbiba, directeur général de l'Hydraulique. Cette politique qui a fait la fierté du Maroc, a aussi eu des inconvénients majeurs. Problème? Elle a négligé la promotion de l'utilisation efficiente de l'eau, ce qui a abouti à une surexploitation du potentiel naturel, due surtout aux pertes d'eau énormes qu'occasionnent les méthodes d'irrigations utilisées par les agriculteurs. Ainsi en 30 ans, le Maroc a perdu 8 milliards de m3 d'eau de son potentiel naturel. Mais selon Ahmed Fouad Chraïbi, directeur général exécutif de NOVEC, il y a une autre raison qui explique cette réalité. «Si l'agriculture continue de gaspiller beaucoup d'eau au Maroc, c'est aussi parce que celle-ci coûte moins cher», nous explique-t-il. Cependant, contrairement à ce qu'on pourrait croire, la gestion de l'eau est la politique la plus difficile à mettre en œuvre dans un pays, car il faut à la fois gérer l'abondance et la pénurie. La ressource hydrique étant le moteur de l'activité de tous les secteurs socio-économique, sa mobilisation et sa répartition entre les utilisateurs sont soumises à un arbitrage permanent. Il y a donc un conflit perpétuel entre les utilisateurs, par exemple, ceux qui turbinent en hiver (ONE) et ceux qui souhaitent stocker la ressource pour l'utiliser en été (l'agriculture). Mais d'autres difficultés s'ajoutent aujourd'hui à cette équation traditionnelle. Il s'agit notamment, de l'accroissement du déséquilibre hydrique entre le Sud et le Nord et de la décantation de l'eau des retenues qui affectent les réservoirs de stockage, et de l'ensemble des effets climatiques. Pour sécuriser sa situation hydrique contre ces menaces, le Maroc amorce aujourd'hui un changement de cap en matière de gestion de l'eau.
Nouveau paradigme
Depuis le 14 Avril 2009, une nouvelle politique de l'eau est mise en œuvre, suivant la loi 10-95 (régissant la question de l'eau). Dans le cadre de celle-ci, l'objectif principal est d'économiser le maximum de ressources en eau, pour qu'à l'horizon 2030, le déficit
de 5 milliards de m3 prévu soit résorbé. L'étude menée dans cette optique par le secrétariat chargé de l'eau et de l'environnement, a identifié deux sources d'économie. Il s'agit d'une part, d'agir sur la demande en eau afin de la réduire de 2,5 milliards de m3 (essentiellement au niveau de l'irrigation) et d'autre part d'économiser le même volume au niveau de l'offre. Pour réaliser cette ambition, plusieurs actions sont envisagées. Au centre de celles-ci, figure la mise en place d'infrastructures adaptées, à travers la création des agences des bassins. L'encouragement à la modernisation de l'irrigation est aussi retenu comme action prioritaire. Pour ce faire, des subventions sont allouées pour soutenir l'adoption par les agriculteurs de la technique de goutte à goutte (100%, pour les superficies de moins de 5 hectares, les coopératives et tous les projets en lien avec le plan Maroc vert). Il y'a également la réduction des déséquilibre hydrique entre les régions, grâce au transfert du Nord au Sud de l'eau brute lâchée vers la mer. À cela s'ajoute, l'activation du programme national d'assainissement et la mise en œuvre d'un programme de dessalement des eaux de mer dans la région de Casablanca et du Sud (axe Al Houceima-Saidia). Le premier vise comme objectif de traiter désormais l'eau jusqu'à un stade tertiaire, ce qui permettra d'obtenir un volume d'eau réutilisable d'environ 300 millions m3 par an. Quant au second, son ambition est d'atteindre 400 millions m3 par an d'ici 2030.
Nécessité d'une implication générale
Pour garantir, l'efficacité de cette nouvelle politique, une révision du mode opératoire a été également requise. L'ensemble de ces actions seront orchestrées de façon contractuelle entre le pouvoir central et les différentes régions. Ce qui, comme le souligne, Majid BENBIBA, permettra d'engager l'ensemble du pays dans une logique de gestion durable des ressources naturelles et favorisera l'atteinte des objectifs définis par la nouvelle politique.
En tout cas, un signal fort est donné dans ce sens à travers la loi de finances 2010 qui a prévu une augmentation de l'ordre de 20% dubudget du secrétariat de l'eau....pour lui permettre de mieux s'organiser. Et il le faut, car il s'agit d'un défi pour notre existence.
Ahmed Fouad Chraibi
Sur beaucoup d'aspects, on peut dire que le Maroc a un système de gestion de l'eau bien réfléchi. Nous sommes l'un des rares pays où le gestionnaire de l'eau (direction de l'hydraulique) n'en est pas utilisateur. Il est de ce fait neutre dans ses décisions d'arbitrage en matière de gestion et de distribution de la ressource. Si on donnait cette gestion à l'administration de l'agriculture par exemple, il est évident que sa neutralité serait mise en cause. Toutefois, malgré ce bon système dont nous disposons, nous avons quand même un certain nombre de problèmes. Il s'agit notamment de la destruction des réservoirs par l'alluvionnement des retenues d'eau. Cela nous fait perdre une capacité énorme de stockage d'eau, estimée en moyenne à 70 millions de m3 chaque année, soit l'équivalent d'un barrage. Nous avons constaté, aussi, depuis les années 80, une baisse des ressources superficielles au sud du Maroc, alors que celles-ci restent plus ou moins intactes dans le nord. Mais ce problème est pris en main, grâce à la nouvelle politique de transfert de l'eau du nord vers le sud.
«L'eau ne sera pas une entrave au développement socio-économique»:Majid Benbiba, Directeur général de l'hydraulique
Les Echos : Quel est aujourd'hui l'état de l'eau du Maroc ?
Majid Benbiba : Pour analyser l'état de l'eau, il faut d'abord savoir que le Maroc, de par sa situation géographique, possède un régime hydrologique très particulier. Celui-ci se caractérise par une répartition irrégulière dans le temps et dans l'espace de la ressource. Cette irrégularité s'opère suivant un rapport
de 1 à 40, c'est-à-dire qu'on peut enregistrer un milliard de m3 d'apports en eau une année et quarante milliards l'année suivante ou vice-versa. Aussi, les apports les plus importants sont généralement concentrés sur un ou deux mois.
Face à cette situation, le Maroc dispose-t-il d'une politique efficace de gestion de l'eau ?
Depuis les années 60, le Maroc dispose d'une politique de l'eau qui a fait ses preuves. Sa Majesté feu Hassan II en a fait l'une des priorités nationales. Le choix fait par le Maroc à l'époque était de mettre la ressource au service du développement national avec, comme objectif, d'irriguer un million d'hectares à l'horizon 2000. Cet objectif a été atteint dès 1997 et même les instances internationales ont reconnu l'efficacité du Maroc sur ce plan. Mais comme toute politique a ses limites, le Maroc fait aujourd'hui face à d'autres problèmes. Nous nous sommes, par exemple, rendus compte que la ressource (la nappe, notamment) a été surexploitée et le traitement en aval de l'eau négligé. D'où la nouvelle politique de gestion de la ressource adoptée en avril 2009. Celle-ci vise à promouvoir l'économie de l'eau à travers plusieurs actions concertées.
La nouvelle politique pourra-t-elle mettre le Maroc à l'abri d'une éventuelle pénurie d'eau ?
Dans le cadre de cette politique, nous avons estimé notre déficit en eau dans les prochaines années. Celui-ci sera de 5 milliards de m3 d'ici 2030, au cas où rien n'est fait pour pallier ce risque. Mais nous avons déjà commencé à travailler pour endiguer le problème. Les actions à mener et le budget nécessaire sont déjà définis. Car, pour nous, il est intolérable que l'eau soit une entrave au développement socio-économique du pays. Sur ce volet, notre politique est claire. Nous allons faire des économies de 2,5 milliards de m3 au niveau de la demande en eau et 2,5 autres au niveau de l'offre grâce aux actions prévues dans la nouvelle politique.


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