Le personnel des établissements français au Maroc, que l'on appelle «la Mission», est en grève. Cette situation pourrait avoir des conséquences négatives sur ceux qui n'ont rien demandé : les élèves. Mais revenons aux racines du mal. Dans un contexte marqué par la dégradation continue des conditions de travail, les syndicats de la FSU et de l'UMT dénoncent le désengagement croissant de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE). L'agence est accusée de privilégier les établissements partenaires et conventionnés au détriment des établissements en gestion directe (EGD). Cette orientation stratégique, pointée du doigt comme incohérente, fragilise les équipes éducatives et compromet la qualité de l'enseignement. Un comble pour un réseau censé incarner «l'excellence française à l'étranger». Mais derrière ces tensions, ce sont les élèves qui payent le prix fort. En pleine période de scolarité, la grève perturbe les cours. Comment concilier ambitions éducatives et moyens insuffisants quand le personnel lui-même s'estime lésé, avec une perte de pouvoir d'achat évaluée à un mois et demi de salaire par an depuis 2022 ? Une hausse dérisoire de 0,2% du point d'indice pour 2025, proposée par l'administration, est vécue comme une provocation. La France aspire à doubler les effectifs scolarisés dans le réseau d'ici 2030. Pourtant, à l'heure où les revendications grondent au Maroc et en France, cette ambition semble déconnectée des réalités du terrain. L'inflation, les sacrifices répétés des personnels et le manque de reconnaissance institutionnelle rendent cette trajectoire délicate. Il est urgent de remettre l'éducation dispensée par ces établissements, et ceux qui la portent, au centre des priorités. Car si rien n'est fait, ce sont les élèves qui continueront à subir les répercussions d'une crise dont ils ne devraient jamais être les victimes. Hicham Bennani / Les Inspirations ECO