Dans son dernier relevé épidémiologique hebdomadaire, l'OMS met à jour sa position sur l'utilisation des vaccins contre la variole et la mpox, deux maladies infectieuses graves causées par des virus du genre Orthopoxvirus. Une nouvelle approche est proposée pour renforcer la prévention et protéger les populations à risque. Dans un contexte mondial marqué par l'émergence de nouvelles menaces sanitaires, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mis à jour sa position concernant les vaccins contre la variole et la mpox, deux maladies infectieuses sévères causées par des virus du genre Orthopoxvirus. Le Relevé épidémiologique hebdomadaire du 23 août 2024 détaille les dernières recommandations de l'OMS, établies sur la base des récentes données scientifiques et épidémiologiques. Ces orientations visent à renforcer les efforts globaux de prévention et de contrôle de ces maladies, tout en s'adaptant aux évolutions récentes. Contexte La variole, éradiquée en 1980 grâce à une campagne mondiale de vaccination menée par l'OMS, reste un modèle exemplaire de lutte contre les maladies infectieuses. Cette campagne a non seulement permis d'éliminer la variole, mais a également offert une protection croisée contre d'autres Orthopoxvirus, y compris le virus de la mpox, une maladie connue également sous le nom de variole du singe. Toutefois, souligne l'OMS, depuis l'arrêt de la vaccination systématique contre la variole, on observe une résurgence inquiétante des cas de mpox, notamment dans les régions endémiques d'Afrique centrale et occidentale. Cette hausse est largement attribuée à la diminution de l'immunité collective contre les Orthopoxvirus après la fin des campagnes de vaccination contre la variole. De janvier 2022 à avril 2024, plus de 97.000 cas de mpox ont été confirmés dans le monde, accompagnés de nombreux décès, surtout chez les personnes immunodéprimées, soulignant la nécessité d'une réponse vaccinale adaptée, insiste l'OMS. Révision des recommandations Face à l'évolution des menaces, l'OMS, en partenariat avec le Groupe stratégique consultatif d'experts sur la vaccination (SAGE), a révisé ses recommandations concernant l'utilisation des vaccins contre la variole et la mpox. Ces recommandations tiennent compte des nouvelles données sur l'efficacité vaccinale, la sécurité des vaccins, ainsi que l'impact des programmes de vaccination sur la santé publique globale. Ce nouveau cadre remplace les orientations provisoires émises en 2022 et comprend des directives sur l'utilisation hors indication de certains vaccins, reflétant ainsi l'engagement de l'OMS à répondre aux besoins actuels de santé publique. Dans ce cadre, l'OMS distingue plusieurs générations de vaccins antivarioliques et vaccins contre la mpox, chacun ayant été développé pour répondre à des besoins spécifiques. D'abord, la catégorie dite de «première génération». Ces vaccins, utilisés massivement durant les campagnes d'éradication de la variole, étaient basés sur des souches de vaccinia cultivées sur des peaux d'animaux. Bien que ces vaccins aient été extrêmement efficaces, leur production en masse a posé des défis, notamment en termes de sécurité et de contrôle de la qualité, rappelle le bulletin de l'OMS. Dans le groupe des vaccins de deuxième génération, l'OMS cite l'exemple de l'ACAM2000, qui représente la génération utilisant les mêmes souches de virus de la vaccine que les vaccins de première génération, mais avec des méthodes de production améliorées. Ces vaccins sont fabriqués dans des cellules de culture tissulaire, ce qui permet de réduire les risques d'agents adventices et d'améliorer la sécurité globale du produit. Viennent ensuite les vaccins le MVA-BN, qui ont été développés avec une attention particulière à la sécurité. En atténuant davantage les souches virales utilisées, ces vaccins de troisième génération offrent une protection efficace tout en réduisant les risques d'effets secondaires graves. Le MVA-BN est actuellement l'un des vaccins les plus largement approuvés pour la prévention de la variole et de la mpox chez les adultes, souligne l'Organisation mondiale de la santé. Enfin, dans la catégorie des vaccins de quatrième génération, l'OMS cite le VacΔ6, basé sur une technologie avancée qui modifie de manière ciblée le génome du virus de la vaccine pour éliminer les gènes responsables de la virulence, tout en maintenant l'efficacité vaccinale. La vaccination, une nécessité ! La vaccination demeure la pierre angulaire de la stratégie mondiale de l'OMS pour prévenir la réémergence de la variole et contrôler la propagation de la mpox. Bien que la variole ait été éradiquée, le risque d'une réintroduction volontaire ou accidentelle du virus persiste, d'où la nécessité d'une vigilance continue. Par ailleurs, l'augmentation des cas de mpox, notamment les formes graves associées à de nouveaux sous-clades identifiés en Afrique, souligne l'urgence d'une réponse vaccinale globale et adaptée. Les recommandations de l'OMS mettent l'accent sur la vaccination des populations à risque, y compris les personnes immunodéprimées et celles vivant dans des régions où la mpox est endémique. En outre, l'OMS recommande de maintenir une réserve mondiale de vaccins, capable de répondre rapidement à toute flambée épidémique, assurant ainsi une protection optimale des populations. Un enjeu de santé publique mondiale Les nouvelles orientations de l'OMS sur les vaccins contre la variole et la mpox sont conçues pour aider les Etats membres à élaborer des politiques de vaccination efficaces et à renforcer leurs capacités de surveillance et de réponse aux épidémies. En réponse aux défis sanitaires actuels, ces recommandations soulignent l'importance d'une approche proactive et coordonnée à l'échelle internationale. La mise en œuvre rigoureuse de ces recommandations par les autorités nationales de santé publique est cruciale pour prévenir de nouvelles flambées et protéger les populations vulnérables. L'OMS encourage également une coopération internationale renforcée pour garantir que les leçons tirées de l'éradication de la variole continuent de guider les stratégies actuelles contre les maladies émergentes, telles que la mpox. L'OMS insiste par ailleurs sur l'importance de l'innovation continue dans le domaine des vaccins. Les recherches actuelles sur les vaccins de quatrième génération, ainsi que les efforts pour développer des vaccins à base d'ARNm encapsulés dans des nanoparticules lipidiques, montrent la voie vers de nouvelles solutions pour combattre les Orthopoxvirus. Ces avancées pourraient non seulement offrir des protections plus efficaces, mais aussi réduire les coûts et améliorer l'accessibilité des vaccins dans le monde entier. Pour répondre efficacement à la menace des Orthopoxvirus, l'OMS appelle les Etats membres à renforcer leurs programmes de vaccination et à s'assurer que les vaccins sont accessibles aux populations les plus à risque. En outre, l'OMS souligne la nécessité d'améliorer la communication et la sensibilisation autour des vaccins, en particulier dans les régions où la méfiance envers la vaccination reste un obstacle majeur à la couverture vaccinale.