C'est en grande pompe que s'est déroulée, le lundi 4 janvier, l'inauguration officielle par l'émir de Dubaï, Mohammad Ben Rachid Al-Maktoum, du Burj Khalifa, connu jusque là comme Burj Dubai. Cette merveille architecturale est déclarée le gratte-ciel le plus haut du monde. «La tour de la fierté», comme aiment l'appeler les Emiratis, est haute de plus de 828 mètres et comporte plus de 160 étages, pour 330.000 m2 de béton et 31.400 tonnes de barres de fer. Mais le plus impressionnant encore, c'est que Burj Dubaï est visible à 95 kilomètres à la ronde. Il aura fallu six ans de construction, plus de 12.000 ouvriers et 142.000 m2 de verre pour parvenir à ce résultat. La célébration de l'événement ne s'est pas déroulée dans la demi-mesure. Des feux d'artifice à couper le souffle, des rayons laser éblouissants, des jeux d'eau chorégraphiés et des effets sonores ont été utilisés pour fêter l'édifice transformé en monument emblématique. Au départ, les premiers plans du Burj avaient pour ambition de dépasser de dix mètres environ sa rivale Taipei 101, haute de 508 mètres. Mais les ambitions du propriétaire semi-public qui a toujours voulu aller encore et toujours plus haut, ont amené à un résultat final spectaculaire. «Nous ne savions pas jusqu'où nous pourrions monter. C'était une sorte d'exploration, une expérience», expliquait l'ingénieur Bill Baker, de la société Skidmore, Owings & Merrill, conceptrice du gratte-ciel. Et d'ajouter «Nous avons beaucoup appris de Burj Dubaï. Je pense que nous pourrions désormais construire facilement une tour d'un kilomètre. Nous sommes optimistes sur la possibilité d'aller encore plus haut. C'est sans doute un nouveau point de référence». Conjoncture difficile Cette tour est le symbole de la croissance démesurée de Dubaï. Son inauguration est assombrie par les difficultés économiques de l'émirat, qui a frôlé la catastrophe financière en novembre 2009. Dubaï s'est endetté exagérément pour financer ses projets pharaoniques, au point de se retrouver avec une dette publique de plus de 100 milliards de dollars et dans un processus délicat de renégociation de sa dette face à une crise aiguë de l'immobilier. Certains avaient même prédit la faillite de l'émirat lorsqu'il avait demandé un moratoire sur la dette du conglomérat public Dubai World, le 25 novembre 2009. Mais les milieux économiques se montrent désormais plus sereins. Dubaï avait été sauvé le 14 décembre par Abou Dhabi, l'émirat le plus riche de la fédération des Emirats arabes unis, qui lui avait apporté une aide de 10 milliards de dollars grâce à laquelle Dubai World a pu honorer une dette de 4,1 milliards de dollars de son géant immobilier Nakheel.