En dépit des efforts déployés par le gouvernement pour améliorer le système de santé, il reste encore beaucoup à faire pour surmonter les défis et besoins qui entravent l'accès aux soins de qualité. Tour d'horizon avec Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé. Notre système de santé est en pleine évolution. Au cours des dernières décennies, le Royaume a réalisé d'importants progrès dans l'amélioration de l'accès aux soins de santé. Cependant, malgré ces avancées, le système de santé marocain fait encore face à plusieurs défis. On cite en premier lieu le financement du système de santé au Maroc, qui constitue en soi un défi majeur. Celui-ci reste insuffisant pour répondre pleinement aux besoins de la population. Le chiffre livré par Tayeb Hamdi en est la preuve. «Les dépenses de santé au Maroc tournent autour de 5 à 6% du PIB alors qu'il devrait être aux alentours de 10% du PIB», fait-il savoir. Le Maroc fait également face à une pénurie de personnel médical qualifié. «On a besoin de 34 000 médecins pour être alignés sur les normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS)», indique-t-il. Les médecins, les infirmiers et autres professionnels de la santé sont souvent concentrés dans les grandes villes, laissant les régions rurales avec un accès limité aux services de santé. Il est donc nécessaire de renforcer les ressources humaines dans le système de santé marocain, en encourageant la formation et la rétention des professionnels de la santé dans les régions sous-desservies. «75% des professionnels de santé sont concentrés dans trois régions du Maroc, 25% sont répartis sur les 9 autres régions», confie notre interlocuteur. Autre point important relevé par le médecin, concernant les équipements des hôpitaux publics. De nombreux hôpitaux manquent d'équipements de base tels que des lits d'hôpitaux. «Il y a un déficit préoccupant dans l'offre hospitalière, qui se traduit par un lit pour 1000 Marocains», indique Hamdi. Un autre défi évoqué, à savoir la qualité des équipements disponibles dans certains hôpitaux publics. Certains équipements peuvent être obsolètes, en mauvais état ou mal entretenus, ce qui peut affecter leur fiabilité et leur précision dans le diagnostic et le traitement des patients. De plus, le manque de formation et de compétences du personnel hospitalier dans l'utilisation et la maintenance des équipements peut également être un défi supplémentaire. «80% des équipements dans les hôpitaux publics ne sont pas utilisés de manière optimale›», souligne-t-il. 450 centres de santé en voie d'achèvement Une réunion consacrée au suivi de la mise en œuvre du chantier de réforme du système de santé, à laquelle ont pris part le ministre de la Santé et de la Protection sociale, le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation et le ministre délégué chargé du Budget, s'est tenue à Rabat. Présidant la rencontre, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a salué les avancées positives réalisées par les différents programmes relatifs à la réforme du système de la santé, appelant les départements concernés à accélérer la mise en œuvre de tous les axes de la réforme, basée sur quatre piliers principaux. Ils se traduisent par le renforcement de la gouvernance hospitalière, la valorisation des ressources humaines, la mise à niveau de l'offre de santé, ainsi que la digitalisation du système national de santé. Lors de cette rencontre, Akhannouch a particulièrement salué les réalisations accomplies au niveau de la valorisation et de la motivation des ressources humaines, de la réforme du système de formation des cadres de la santé, de l'élargissement des horizons des stages qui leur sont dédiés, en plus de l'achèvement prochain de la première tranche du programme de mise à niveau des centres de santé, portant sur 450 centres, dans la perspective de la mise à niveau de 1400 centres sur l'ensemble du territoire national. Il a, par ailleurs, souligné que les projets de création de facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire programmés à Errachidia, Béni-Mellal et Guelmim sont sur la bonne voie, en total respect des échéances fixées. La réunion se veut une occasion de réaffirmer l'engagement du gouvernement pour l'amélioration de l'offre de santé, et ce, à travers la mise en place des moyens matériels et humains nécessaires, en vue de répondre aux exigences du Chantier Royal relatif à la protection sociale. Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO