Jamais deux sans trois. Voila un dicton qui illustre bien la toute récente ruée des banques espagnoles sur le marché marocain. Il y a eu d'abord la Caixa, qui a ouvert sa première succursale courant 2009, dans l'objectif d'accompagner financièrement les entreprises ibériques présentes au Maroc ou ayant des relations commerciales avec le Maroc. L'établissement bancaire espagnol, basé à Barcelone, avait déjà un pied au Maroc depuis 2005, par l'intermédiaire d'un bureau de représentation qui proposait ses services à des clients espagnols présents au Maroc. Flairant le bon filon, il a revu ses ambitions à la hausse, désirant devenir «La banque» des Ibériques dans le Royaume. C'était compter sans la concurrence, puisque quelques mois plus tard, Banco Sabadell lui emboîtait le pas, affichant fièrement l'étiquette de première banque espagnole dite corporate à ouvrir une succursale au Maroc. Caja Canarias, el conquistador Ensuite, ce fut au tour de la banque Caja Canarias, Caisse générale d'épargne aux Iles Canaries d'annoncer sa volonté d'ouvrir prochainement un bureau de représentation dans le pays. Confirmant les rumeurs entretenues depuis quelques semaines déjà, l'annonce officielle a été faite la semaine dernière par Alvaro Arvelo Hernandez, président de cette institution financière. La décision a été prise quelques semaines seulement après qu'un groupe d'entreprises canariennes, dont une cinquantaine sont déjà présentes au Maroc, ont déclaré leur intention de renforcer davantage leur présence locale, en optant notamment pour la diversification sectorielle. La présence d'une banque, elle aussi canarienne, peut expliquer en bonne partie son enthousiasme d'investir le territoire marocain. Aussi, selon les affirmations d' Alvaro Arvelo Hernandez, notre pays ne serait qu'une première étape dans la conquête de l'Afrique. Un plan d'expansion, pour reprendre son expression, est en cours de finalisation. Il sera exécuté durant l'année 2010 et permettra à Caja Canarias de mettre un pied à la fois au Sénégal, en Mauritanie et au Cap Vert. Pour ce faire, le top management de la banque serait à un stade très avancé des négociations. «Je peux affirmer que Caja Canarias a déjà pratiquement conclu les démarches pour proposer ses services au Maroc. Une convention a déjà été signée avec une banque marocaine pour établir un bureau de représentation dans le royaume», peut-on retenir des déclarations d'Alvaro Hernandez dans les colonnes d'un journal canarien. Des IDE en flèche Les chiffres se passent de commentaire et expliquent l'intérêt grandissant qu'affichent les banques espagnoles pour le marché marocain. Depuis quelques années, les investissements directs espagnols se sont hissés au top 3 du palmarès des investissements étrangers. En 2007 par exemple, ces IDE ont dépassé les 6 milliards de DH. Le seul pays qui arrive à les surclasser est indéniablement la France, champion historique en la matière. Un cas que les entreprises ibériques ne perdent pas de vue. Lors des différentes rencontres avec des associations professionnelles espagnoles, la question a été abordée, tournant parfois à l'obsession. Il faut savoir aussi que la Chambre de commerce espagnole est l'une des plus actives au Maroc, de l'avis même de ses «concurrents» sur le sol marocain. Au point d'attribuer carrément l'arrivée de la plupart des entreprises madrilènes au lobbying exercé depuis quelques années par la Caja.