Demain, le Maroc commémorera un anniversaire très particulier. Il y a deux ans, le roi réagissait à la fronde de la rue, au lendemain d'un certain 20 février. Mohammed VI était à l'écoute de la jeunesse qui réclamait la justice sociale, la dignité et surtout la fin de la rente et de la gabegie. Jusqu'au 8 mars 2011, aucun des hommes ou partis politiques marocains n'avait osé formuler de telles revendications. Cela n'avait rien de normal, puisque les défauts de notre classe politique sont légion et parmi eux surtout, une incapacité foncière à être proches du peuple, qui aurait pu être fatale à tout le pays. Cependant, quand le roi, en plaçant très haut la barre des réformes, a tracé la feuille de route du Maroc de l'après 9 mars, les Marocains ont compris que tout le pays entamait une nouvelle page de son histoire, une page avec un titre en lettres capitales, annonçant l'amorce d'une monarchie démocratique. Le socle de ce système n'est autre qu'une Constitution au diapason des attentes du peuple et qui rassure les partenaires. Au moment où certains pays s'embrasaient pour réaliser le changement auquel les peuples aspiraient, le Maroc menait sa propre révolution, avec un air de véritable printemps. Le changement souhaité n'a d'ailleurs pas tardé, par le passage du flambeau à un parti politique d'opposition. Maintenant, c'est le texte constitutionnel qui régit la vie politique, stipule les règles de l'économie en prônant la transparence et en décrétant la bonne gouvernance, par la reddition des comptes. Or, si on comprend bien les débuts difficiles du cabinet Benkirane à travers une situation économique au bord du chaos, l'Exécutif ne pourra pas non plus continuer à reprocher à «des forces mystérieuses» de lui mettre des bâtons dans les roues. Le peuple marocain, qui a toujours dans les oreilles les propos forts du souverain au soir du 9 mars 2011, ne tolérerait nulle hésitation ou dérogation dans la stricte application du texte suprême. Il s'agit là d'acquis que tous les Marocains se sont appropriés et auxquels ils ne sont nullement prêts à renoncer. Benkirane l'aura sûrement compris ...