L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déploré, ce vendredi, un échec mondial dans la distribution équitable des vaccins contre le Covid-19, relevant que cet échec conduit « à une pandémie à deux vitesses ». « L'échec mondial dans la distribution équitable des vaccins nourrit une pandémie à deux vitesses qui fait désormais des ravages parmi les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables à travers le monde », a affirmé le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse à Genève. « De nombreux pays d'Amérique latine connaissent une augmentation rapide des cas de contamination (...) et en Afrique, les cas ont augmenté de 52 % la semaine dernière », a-t-il fait remarquer. Selon le dernier bilan hebdomadaire de l'OMS, le nombre des nouvelles infections au nouveau coronavirus a continué de diminuer dans le monde, sauf en Afrique. Le chef de l'OMS a dit « s'attendre à ce que la situation s'empire davantage», notant que « seulement 1% de la population est pleinement vaccinée en Afrique ». De son côté, le responsable des situations d'urgence à l'OMS, le docteur Michael Ryan, a relevé que la trajectoire des cas de Covid en Afrique est «très, très inquiétante», avec la diffusion de variants plus contagieux et un taux de vaccination dangereusement bas. Le docteur Ryan a souligné que, vu dans son ensemble, le continent ne semblait pas si mal loti, ne comptant que pour un peu plus de 5% des nouveaux cas enregistrés dans le monde la semaine dernière et pour 2,2% des décès, mais dans certains pays les infections ont doublé et elles s'affichent en hausse de plus de 50% dans d'autres. « La réalité crue c'est que dans une zone avec de multiples variants plus contagieux et qui ont potentiellement un impact plus fort, nous avons laissé de larges parts de la population et les populations vulnérables en Afrique privées de la protection des vaccins, alors que les systèmes de santé sont déjà fragiles», s'est indigné le docteur Ryan. «C'est le résultat d'une distribution inique des vaccins», a-t-il martelé. Le docteur Bruce Aylward, chargé à l'OMS de superviser le système de distribution international Covax, a fait observer, pour sa part, que des dizaines de pays sont incapables d'administrer la seconde dose de vaccins anti-Covid, faute de doses suffisantes, ce qui risque de déstabiliser durablement les campagnes vaccinales. « Nous avons un énorme nombre de pays qui ont dû suspendre leur campagne de vaccination pour la seconde dose -30 ou 40 pays- qui auraient pu recevoir des secondes doses d'AstraZeneca par exemple et qui ne sont pas en mesure de le faire », a affirmé le docteur Aylward. « L'interval (entre les deux injections) est maintenant plus long que ce que nous aimerions », a-t-il mis en garde, expliquant que Covax était en négociations directes avec AstraZeneca mais aussi le Serum Institute of India, qui doit fabriquer l'essentiel des doses pour covax, mais dont la production est interdite d'exportation face à l'urgence des besoins en Inde même. Selon Aylward, ces pays se trouvent particulièrement en Afrique sub-saharienne, mais aussi en Amérique latine, au Moyen-Orient et en Asie du sud, notamment les voisins de l'Inde comme le Népal ou encore le Sri Lanka, qui doivent affronter une sévère vague d'infections.