Le Plan Maroc Vert prend une dimension «formation». Le ministère de l'Agriculture prépare aujourd'hui des actions visant à accélérer le programme de formation qui devait accompagner la mise en œuvre de la stratégie. Selon des sources ministérielles, la tutelle a déjà entrepris la réalisation d'une stratégie portant sur la formation et la recherche agricole. «La mise en œuvre du plan Maroc Vert et sa réussite interpellent fortement le domaine de la formation professionnelle agricole, dont la mission principale est d'alimenter le secteur agricole en ressources humaines qualifiées», explique-t-on auprès du ministère. L'enjeu aujourd'hui est de faciliter aux établissements de formation l'intégration de la stratégie nationale dans leurs programmes et référentiels de formation. Il s'agit d'intégrer les exigences du Plan Maroc vert (PMV) et celles des Plans agricoles régionaux relevant de leurs champs d'action respectifs. Dans cette optique, le projet d'établissement sera incessamment lancé en vue d'en faire, selon les mêmes sources, un outil qui permettra aux entités de la formation agricole d'adapter leur système de pilotage et de management aux nouveaux besoins du secteur agricole et de définir les moyens de mise en œuvre pour rendre leurs résultats plus efficients en matière de formation professionnelle agricole. À cet effet, une étude devrait même précéder la mise en œuvre de ce projet. Celle-ci concernera l'élaboration de 14 projets d'établissements de formation professionnelle agricole. L'objectif ciblé par cette étude est de doter chacune des quatorze entités de formation sélectionnées d'un projet d'établissement qui sera utilisé comme instrument de pilotage et de management pour les cinq prochaines années dans un cadre contractuel. Dans le détail, le ministère de tutelle espère que ces projets d'établissement permettront de mettre en adéquation les orientations stratégiques du secteur agricole et la définition des actions à entreprendre en tenant compte des attentes des acteurs, des partenaires, des bénéficiaires concernés et des moyens à mobiliser. Il s'agit également d'améliorer de manière substantielle la réactivité des établissements de formation par rapport aux besoins en ressources humaines du secteur agricole, ainsi que la pertinence et la qualité des formations dispensées. Par ailleurs, la stratégie de formation initiée par le département de l'Enseignement agricole au sein du ministère de l'Agriculture, ambitionne de réajuster les systèmes de gouvernance et de pilotage de ces entités en vue d'améliorer leurs performances et leur efficience dans l'allocation des ressources humaines, matérielles et financières mises à leur disposition. Il est, en outre, prévu d'ouvrir les établissements de formation professionnelle agricole sur leur environnement régional et national, et de leur faire adopter une démarche devant constituer un modèle pour des projets similaires. «L'élaboration d'un projet d'établissement, pour chaque Institut de formation professionnelle agricole, constituera un tableau de bord précisant les différentes composantes : objectifs, filières et métiers, organisation, approche pédagogique, ressources humaines et financières à mettre en œuvre dans le cadre d'un plan d'action à court et moyen terme, pour répondre favorablement aux orientations stratégiques du ministère», précise-t-on. C'est dire toute l'ambition que nourrit la nouvelle mesure dictée par le ministère de l'Agriculture. En attendant, il faut souligner que le système de formation agricole a également subi la réforme du système d'enseignement supérieur avec l'intégration de l'architecture Licence-Master-Doctorat. Selon Mohamed Sadiki, directeur de l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, intervenant auprès du Centre international des études agronomiques dans la méditerranée (CIHEAM) dans une étude dédiée, les dispositions du nouveaux cadre réglementaire ont permis d'élargir la gamme des diplômes, avec l'introduction de la formation master et la mise en place d'un cycle d'études doctorales à travers l'accréditation du Centre des études doctorales en sciences agronomiques et agroalimentaires, en sciences économiques et sociales appliquées à l'agriculture, en sciences de l'ingénieur, ainsi qu'en services vétérinaires. C'est dire le nombre de nouvelles branches lancées dans le cycle doctoral. En parallèle, l'expert note «une restructuration des filières traditionnelles de formation, avec notamment la constatation d'un recentrage des options de spécialisation et un développement de parcours plus transversaux». Comment accéder à la formation agricole ? L'accès à la formation supérieure agricole est régulé à travers une sélection effectuée au niveau du cycle préparatoire des bacheliers et au niveau des passerelles entre les formations. «L'objectif primordial du cycle préparatoire est d'amener les étudiants à cerner clairement leurs penchants et définir leur sensibilité», précise un professeur universitaire. L'architecture de la formation ingénieur et vétérinaire comprend un cycle préparatoire intégré et un cycle spécialisé. Pour ce qui est des masters, l'accès est également régulé et est réservé aux licenciés des universités. Pour l'heure, ce sont principalement ces filières qui devraient assurer au marchés ses besoins en compétences. Pour les professionnels, ces besoins concernent principalement, dans le secteur public, des cadres avec de nouveaux profils... mais pas seulement. Le besoin réside également dans la requalification du personnel en fonction avec des cycles de mise à niveau permettant de prendre en charge de nouvelles tâches. Il est également question de «recyclage et de réadaptation» du personnel à travers des formations facilitant le redéploiement. Notons, par ailleurs, qu'à ce jour, le Maroc compte trois grands établissements assurant l'enseignement supérieur en agriculture. C'est notamment le cas de l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II de Rabat, l'Ecole nationale d'agriculture de Meknès et l'Ecole nationale forestière d'ingénieurs de Salé. Ces trois établissements sont érigés en centres polytechniques. De nouveaux défis pour la formation agricole Pour Mohamed Sadiki, directeur à l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, la formation agronomique doit aujourd'hui relever de nouveaux défis. À travers la formation, la recherche et les actions de développement, les instituts de formation doivent trouver les ancrages nécessaires pour baliser leurs activités dans le canevas du Plan Maroc vert. Pour l'expert, ce plan, par son caractère exhaustif, implique non seulement des besoins immédiats, mais aussi à court, moyen et long termes. «C'est pourquoi, il importe de mieux capter la demande des opérateurs et les spécificités territoriales, aussi bien quantitativement que qualitativement». Sadiki considère que l'apport technologique et scientifique de l'enseignement supérieur à l'agriculture doit adopter une nouvelle démarche, en passant par le pilotage des activités par l'offre et la demande des opérateurs. C'est l'une des doléances à laquelle semble vouloir répondre aujourd'hui le ministère de tutelle en lançant ses «projets d'établissement».