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Le business qui fait tâche d'huile
Publié dans Les ECO le 09 - 08 - 2012

Eldorado Club Palmeraie Marrakech, Mamounia, Somarest, Newrest... Entre hôteliers et professionnels de la restauration, Kilimanjaro environnement collectionne les nouveaux contrats à un peu plus de quatre ans après le démarrage de ses activités. Mieux, l'enseigne, spécialisée dans la collecte, le prétraitement puis l'exportation des huiles alimentaires usagées, se prépare à franchir un nouveau palier de développement. Elle devrait en effet concrétiser le segment de la valorisation dans les prochaines semaines et développer sur place une unité industrielle dédiée au recyclage des huiles alimentaires. Objectif : produire du biodiesel de deuxième génération, mais l'opérateur sera toujours obligé d'exporter ce produit valorisé localement -comme cela se fait actuellement d'ailleurs avec l'huile usagée brute- vers les pays étrangers où ce type de carburant est déjà présent, en l'occurrence les pays d'Europe du nord, puisque le marché du biocarburant n'existe pas encore au Maroc et que ce secteur est encore loin d'être reconnu comme tel auprès des pouvoirs publics, ou encore moins d'être réglementé. «Nous fournissons des partenaires européens. Notre principal port de déchargement est celui de Rotterdam, aux Pays Bas et depuis quelques temps, celui de Valence en Espagne», explique Youssef Chaqor, DG de Kilimanjaro environnement. L'export coûte cher, mais cette PME casablancaise n'a guère le choix en l'absence d'un marché local du biocarburant. Quant à sa prochaine unité de valorisation, elle est déjà en projet bien avancé et devrait boucler ses équipements dans les jours à venir. «Cette unité devrait-être la première du genre dans la production de biodiesel au Maroc et devrait permettre la réduction de 2,6 tonnes d'émissions de CO2/tonne de biodiesel produite», commente le responsable. Le coût de ce développement : pas moins de 5 MDH pour une unité d'une capacité de production de 300 tonnes de biodiesel par mois, sans compter les charges humaines.
Nouveau créneau
Pour un projet aussi novateur, les initiateurs misent surtout sur le très long terme. «Notre principal objectif pour le moment, est d'abord de prouver le potentiel d'affaires lié au développement d'une véritable filière locale de prise en charge de ce type de déchet», déclare Chaqor. Le potentiel est pourtant bien important. Le Maroc consomme 450.000 tonnes d'huiles alimentaires par année, avec un potentiel de collecte de 20 à 25%. «Rien que le quart de ce que nous rejetons chaque année en termes d'huiles alimentaires usagées, pourrait permettre la production de quelque 100.000 tonnes de biodiesel. Cela permettrait, à une échelle plus macroéconomique, un net soulagement de la facture énergétique du pays à hauteur d'1 MMDH/an, sans parler des opportunités d'emploi qui seront créées», estime le DG de Kilimanjaro environnement. «Du tout bénef», finalement, si l'on en croit le patron de cette PME casablancaise. L'entreprise fait actuellement tourner un réseau de 2.500 points de collecte dans plusieurs régions du royaume, avec un centre de traitement et de vente dans la zone industrielle de la Chambre française de commerce et d'industrie de Bouskoura.
En 3 temps et 2 mouvements
Le principe de l'activité a pourtant l'air très simple sur le papier et se fait en trois grandes étapes. La première met à disposition du client des fûts consignés et conformes aux normes alimentaires en vigueur pour la récupération des huiles alimentaires usagées.
Des systèmes de codes-barres 2D, apposés sur les parois extérieures de ces fûts permettent de localiser, d'identifier et de retracer le parcours du déchet. La deuxième phase de l'activité consiste en la mise en place d'un service de collecte personnalisé, opéré par des véhicules spécialement aménagés et équipés en systèmes de géolocalisation reliés à un serveur informatique central, où toutes les données de collecte sont regroupées et visualisées en temps réel. La troisième et dernière phase porte enfin sur la remise de bons d'enlèvement au client après chaque opération de collecte. Cela permet d'assurer à ce dernier une certaine traçabilité de l'opération. Le volume collecté est ensuite acheminé sur un dépôt central, puis expédié par voie maritime vers les marchés de destination, pour être transformé en biodiesel. Tout cela est évidemment contractualisé. Kilimanjaro environnement dispose ainsi de deux types de clients, répartis en petits et grands comptes. Pour les premiers (restaurants, snacks, particuliers, etc), la prise en charge des huiles alimentaires usagées se fait moyennant un tarif moyen de 3 DH le litre, négocié en fonction du volume. Quant aux «grands comptes» - chaînes hôtelières de luxe, grands restaurants, chaînes de restauration rapide, etc - la transaction est basée sur une sorte de système de contrepartie publicitaire. Ces gros clients s'engagent en effet à fournir de grands volumes d'huiles usagées à la PME, qui leur procure en retour l'occasion de communiquer sur cette action citoyenne et environnementale et soigner ainsi leur image «green». Cette communication se fait à travers une publication mensuelle spécialisée dans les métiers de l'agroalimentaire, gérée parallèlement à son activité de prédilection, par Kilimanjaro environnement. «De plus, la PME propose de renforcer davantage l'image environnementale de ses clients grâce à une sorte de label Eko-geste, octroyé pour attester de leur engagement citoyen», ajoute Chaqor. La PME n'a pourtant pas à rougir de son portefeuille clients : Accor, Sodexo, Barcelo, Koutoubia, les pâtisseries Paul etc... sont autant de grandes enseignes dont il a gagné la confiance. La PME n'a également pas à rougir de la rentabilité de ses affaires, puisque son personnel est passé de deux personnes en 2008 à plus d'une quarantaine, entre commerciaux et cadres techniciens. En attendant, la PME casablancaise a ses petites astuces pour stimuler la demande. Parmi ces dernières, figurent par exemple des actions ponctuelles comme «l'opération ramadan». Cette initiative vise à sensibiliser d'abord sur la problématique des huiles alimentaires usagées, mais également à recycler un potentiel de volume de plus de 40 tonnes. Initialement axé sur les entreprises hôtelières et les snacks, Kilimanjaro environnement a décidé d'intégrer les ménages dans ses cibles. Nous ciblons surtout les habitations collectives de type immeubles, en passant un marché avec le concierge qui se charge de la collecte des huiles usagées, moyennant une contrepartie financière. Ce programme a déjà été expérimenté dans une dizaine de quartiers de la capitale économique du royaume durant le ramadan 2011, et reconduit cette année depuis le 18 juillet dernier.
Perspectives
Néanmoins, tout cela reste bien sûr à une échelle bien embryonnaire. Pour les promoteurs de Kilimanjaro environnement, leur plus grand défi est bien sûr de contribuer à l'émergence et au développement du secteur du recyclage, notamment celui consacré aux huiles usagées alimentaires. En outre, ce challenge ne pourrait être atteint sans une législation adaptée, ainsi qu'une opinion publique largement sensibilisée.
«La disposition d'une loi réglementant ces types de rejets serait déjà un bon début. Malheureusement, au Maroc, les dangers environnementaux et sanitaires que peuvent provoquer les huiles alimentaires usagées, sont encore bien méconnus voire négligés», explique Chaqor. Pour ce dernier, seul le facteur réglementaire pourrait favoriser l'essor de cette activité de collecte et de recyclage des huiles alimentaires usagées. Ces dernières sont en effet généralement rejetées dans les systèmes d'assainissement des villes à travers les égouts et peuvent parfois entraver le fonctionnement normal de ces derniers. Ces menaces pèsent également sur les nappes phréatiques et souterraines, puisqu'il faut savoir qu'un litre d'huile usagée déversée dans l'eau pollue près de 1.000 litres d'eau potentiellement potable. Par ailleurs, si l'on compare ces risques à l'importance du niveau de consommation des huiles alimentaires dans les foyers, on se rend compte plus facilement de la gravité de la problématique. Selon les résultats des recensements généraux de la population et de l'habitat actualisés en 2006, les statistiques de la consommation moyenne d'huile de table montrent que 13,41 litres sont consommés par an et par personne. Le potentiel de business est bien là et également celui des investissements pour l'élargissement du marché à d'autres segments de déchets organiques, comme les graisses animales, les abats de volailles et autres rejets du même genre. Dans le programme de développement de Kilimanjaro environnement, ces créneaux devraient d'ailleurs bientôt être explorés. «Nous étudions déjà des business plan pour ces filières, dans le but de diversifier nos activités». Le chemin du green est souvent très tortueux...
Huiles alimentaires, les «oubliées» de la réglementation ?
C'est le vide juridique et législatif total. L'élimination des huiles alimentaires usagées au Maroc se fait dans la parfaite légalité en l'absence de réglementation spécifique. Le gouvernement a voulu s'attaquer à une bien plus grosse menace : le non-traitement des huiles moteurs et industrielles usagées. Le décret
–n° 2-09-85– a d'ailleurs été promulgué dans ce sens en septembre dernier. Ce texte, «relatif à la collecte, au transport et au traitement de certaines huiles usagées», est censé mettre de l'ordre dans un secteur largement dominé par l'informel.
En chiffres, il faut savoir que la consommation des huiles lubrifiantes avoisine le volume de 100.000 tonnes par an. Cependant, actuellement, seulement 10.000 tonnes sont régénérées, le reste étant évacué dans la nature avec tous les risques environnementaux et sanitaires que cela suppose.
Ce potentiel et la volonté affichée par l'Etat de réglementer ce secteur, ont également favorisé la mise en place d'une filière organisée de prise en charge de ce type de rejets, avec des investissements conséquents ainsi que d'importantes opportunités d'emplois. C'est le cas par exemple d'une initiative industrielle chiffrée à près de 2 millions de dollars US d'investissements, lancée dans la région industrielle de Jorf Lasfar, pour la collecte et la revalorisation des huiles usagées industrielles et du secteur du transport.
Sous d'autres cieux, le business bat son plein
En France, le biodiesel est désigné sous l'appellation «Diester». Il s'agit de la première formule jamais expérimentée dans l'Hexagone. Le Diester est un biocarburant destiné au moteur diesel, produit essentiellement à partir d'un process de transformation des huiles végétales de colza et de tournesol. Pour mieux évaluer l'importance de ce carburant de deuxième génération, il faut savoir qu'en France, 100% des véhicules diesel roulent déjà avec du Diester. Il s'agit de fait d'une incorporation biodiesel dans le gasoil normal, pouvant aller jusqu'à 5%. Cela est le résultat d'une réglementation locale. La France s'était en effet fixée comme objectif d'incorporer 5,75% de biocarburants dans les carburants fossiles en 2008 et 7% en 2010, devançant ainsi même de deux ans les objectifs de l'Union européenne. Ces mesures obligatoires d'incorporation ont largement contribué à donner un véritable coup de pouce au marché local du biodiesel, soutenu également par une exonération partielle de la Taxe intérieure sur la consommation (TIC) ainsi qu'une Taxe générale sur les activités polluantes (TGAP).
Si le Maroc est encore loin d'emboiter le pas à ce modèle de réussite, il est tout de même important ici de retenir que la réglementation peut souvent jouer un rôle décisif à l'essor d'une filière aussi nouvelle que celle du biocarburant, et du recyclage en général.


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