«En ce mois sacré de l'islam, je viens partager mon slam...». C'est avec ces vers libres et sans fioritures qu'une participante volontaire a introduit son texte lors de la première édition du G38' : une rencontre Slam avec une scène libre qui a choisi le chapiteau de la fabrique culturelle des Abattoirs de Casablanca, et ce, durant la soirée jeudi dernier, pour donner rendez-vous aux amateurs de mots et de rimes. L'événement était organisé sous le signe de la culture alternative dans laquelle la jeunesse marocaine semble puiser ses notes et ses lettres les plus engagées. En effet, dans un contexte où l'expression se libère, rien de mieux que la parole artistique et le langage musical, pour penser son appartenance socio-économique à une société – qui comme toutes les sociétés – a ses maux... mais ses mots aussi. Ainsi, au menu de cette première rencontre, l'évènement a connu la présence de Malik du groupe Tal'fine, ou encore des noms qui percent à travers Internet et parallèlement au milieu de la production musicale marocaine comme Proof, Da Legend et le groupe fassi L'bassline... Néanmoins, l'originalité dans une telle manifestation vient du fait que le public est libre de monter sur scène pour contribuer au spectacle. Donnant ainsi à la discipline, qui a vu le jour aux Etats-Unis, toute son authenticité originelle. On avait droit ainsi à des orateurs en darija qui puisaient dans l'art lyrique du Saj', comme à des jeunes qui montaient beaucoup plus offrir des prestations de hip-hop. Ce dernier a tendance à être confondu avec le slam, qui relève plus d'une poésie plus accessible et moins élitiste combinée à des talents d'orateur, tendant parfois vers le stand-up. Ce qui offre une infinité de possibilités verbales avec une réelle économie des moyens, le but étant l'expression. En effet, c'est un art du spectacle oral et scénique, focalisé sur le verbe et l'expression brute qui permet d'exprimer – sans que l'adresse ou le style soient toujours au rendez-vous – ce que l'on pense. Exprimant ainsi «le prodigieux bégaiement» qu'ont conceptualisé des penseurs comme Deleuze ou encore Foucault, le recenseur de la marginalité et encenseur du marginalisé. En tout cas, les organisateurs du G38' – un mouvement de slam au Maroc – veulent ritualiser une telle manifestation et promettent une prochaine édition.