La perspective de contraction de l'activité, avec comme résultante la compression de la progression du PIB à près de 2% en moyenne au cours du premier semestre 2012, se confirme petit à petit. En effet, le ralentissement de l'activité, au terme des six premiers mois de l'année, a gagné nombre de secteurs de production. Une réalité qui tient à la conjonction de multiples facteurs relevant tant de l'environnement international que du contexte économique interne. En effet, les principaux facteurs qui conditionnent les performances économiques relèvent des conditions de l'offre, plus particulièrement dans les activités agricoles, industrielles et de services. Elles relèvent également du comportement de la demande intérieure ainsi que des actions de la politique économique dans ses volets budgétaires, monétaires et financiers. Ce sont là les principaux déterminants de l'activité. D'abord au niveau du secteur agricole, la situation de sécheresse qui a sévi depuis le début de la campagne agricole (2011-2012) s'est ajoutée aux difficultés de la conjoncture externe. Les données actuellement disponibles sur l'évolution de la campagne agricole au terme du premier semestre laissent apparaître un recul de 39% de la production céréalière à 51 millions de quintaux. Ce faible niveau s'explique par le déficit pluviométrique enregistré durant les mois de février et de mars. Le rendement moyen est fixé à 10,1 quintaux par hectare pour des superficies plantées de 5 millions d'hectares. Ces derniers ont reculé de 1,5% par rapport à 2010. Etant donné le poids de ce secteur dans l'ensemble du système productif et ses effets induits sur les autres secteurs, ces réalisations ont amputé considérablement le taux de croissance globale de l'économie au terme de ce premier semestre. En effet, le PIB dépend pour près de 14% de la valeur ajoutée du secteur primaire qui occupe près de 40% de la population active. Pour les activités non agricoles, notamment industrielles, commerciales et de services, les indicateurs disponibles, à fin juin 2012, semblent confirmer la prévision de l'ordre de 4,4%. Ces secteurs font preuve de résilience en général, dans la mesure où leurs performances de production dépendent d'un certain nombre de paramètres portant sur le taux d'utilisation des capacités, les prix de l'énergie et des matières premières, les coûts du travail et la productivité. Il est à noter que ces secteurs ne peuvent être impulsés que par la demande. C'est à ce niveau qu'apparaît le rôle important de la politique économique et particulièrement son volet budgétaire. Dans ce sillage, il convient de noter que la structure des dépenses du budget général entre juin 2011 et juin 2012 fait ressortir une augmentation de la part de la compensation au détriment de celles de l'investissement et du matériel. Les dépenses d'investissement du budget général se sont établies, en effet, à 19,7 MMDH à fin juin 2012 contre 20,6 MMDH un an auparavant, soit une diminution de 4,5%, tandis que les charges de la compensation ont augmenté de 62,6% à 26,8 MMDH. Le gouvernement n'a pas d'autres choix que de réduire la dépense d'investissement pour faire face à la problématique de la Caisse de compensation que la mesure rapide d'augmentation des prix du carburant, prise par le gouvernement en juin dernier, ne permettra pas de résoudre pour autant. Pour dire que la dépense publique n'arrive toujours pas à jouer tout son rôle de soutien à l'activité et à la croissance. Tout cela, parce que la configuration budgétaire pour cet exercice 2012 semble globalement s'inscrire dans la continuité des grandes orientations de la politique économique mise en œuvre au cours des dernières années. Celles-ci mettent l'accent sur le renforcement des instruments de bonne gouvernance, la consolidation des bases de développement de l'activité et le rétablissement des équilibres macro-économiques. Cette année, tout le souci est de contenir le déficit budgétaire autour du niveau prévu dans la loi de finances 2012, à savoir 5% du PIB. Quid de la consommation et de l'investissement ? Au terme du premier semestre 2012, la consommation a en effet maintenu un rythme de croissance soutenu, alors que l'investissement aurait connu un recul, qui devrait se poursuivre au cours des prochains trimestres, en liaison avec un processus anticipé de déstockage, après les niveaux exceptionnellement élevés de la variation des stocks atteints au cours des quatre dernières années. En effet, l'évolution récente des principaux indicateurs clés milite en faveur d'une amélioration de la consommation des ménages dans les prochains mois. En attestent l'augmentation de 9,2% des recettes de la TVA intérieure à fin juin 2012, l'amélioration de 0,41% des recettes MRE au mois de juin 2012, contre un repli de 7% au mois d'avril 2012, l'affermissement de 18,5% de l'encours des crédits à la consommation à fin mai 2012, au lieu de 5,9% une année auparavant, l'amélioration de 9,1% des importations de produits finis de consommation à fin juin 2012, avec une augmentation de 1,9% de l'IPC (Indice des prix à la consommation) en juin 2012, par comparaison au même mois de l'année précédente. Il n'en demeure pas moins que c'est l'indice des prix des produits alimentaires qui se tient derrière cette hausse (+3,7%). Pour dire que l'augmentation des prix des carburants se fait de plus en plus ressentir au niveau du panier de la ménagère. Certains conjoncturistes s'inquiètent même d'un éventuel retour de la spirale inflationniste. Un spectre complètement écarté par les autorités monétaires. S'agissant de l'investissement, certes certains indicateurs font état d'une évolution qui devrait être soutenue, en lien notamment avec le regain du dynamisme des importations des biens finis d'équipement qui ont enregistré une hausse de 9,8% à fin juin 2012 et de la reprise des recettes des IDE qui se sont appréciés de 5,4% au terme du premier semestre 2012. Seulement, il est à noter que d'après la dernière enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib, les dépenses d'investissement réalisées au cours du deuxième trimestre 2012 se sont appréciées par rapport au trimestre précédent dans l'ensemble des branches avec un solde d'opinion de 10% uniquement. Ceci pour dire, que les industriels, qui continuent à s'accrocher, sont dans l'attentisme, en souhaitant des jours meilleurs. La faiblesse de la demande et l'accentuation de la concurrence étant globalement les principales entraves au développement de la production. Il est à préciser que c'est essentiellement la contribution de la demande extérieure nette qui est de plus en plus négative et que c'est la demande extérieure qui continue à soutenir la croissance, bien qu'à un moindre degré comparativement à 2011. Concernant l'accès au financement bancaire, il est jugé de plus en plus difficile, à savoir que le coût des crédits a connu une augmentation dans l'ensemble des branches, essentiellement dans les industries chimiques et parachimiques. Les banques sont en effet, de plus en plus averses au risque dans un contexte de resserrement des liquidités et d'incertitude. Il faut dire qu'en période d'incertitude, d'affaiblissement de l'activité et de repli de la croissance, le soutien à l'activité par les moyens budgétaires est fortement indiqué, et ceci notamment, à travers la dépense publique, la fiscalité et même les instruments monétaires appropriés car les objectifs d'intensification des investissements, d'accroissement de la productivité, de renforcement de la compétitivité et d'amélioration du pouvoir d'achat deviennent nécessaires pour contrecarrer les effets dépressifs et le maintien d'un niveau de la demande à même de contenir les tendances récessives. Ceux qui ont performé BTP, le dynamisme se poursuit Les ventes de ciments, principal indicateur renseignant sur le comportement du secteur des BTP, se sont renforcées au terme du premier semestre 2012 de 9% à 8,9 millions de tonnes comparativement à la même période de l'année dernière. Seulement, en juin, les ventes de ciments ont enregistré un repli de 5,3% à 1,4 million de tonnes, comparativement au mois de juin 2011. Cette contre-performance s'explique essentiellement par le recul du rythme de l'auto-construction et de celui de la production des logements sociaux. En dépit de cette baisse, les professionnels tablent sur une croissance du marché cimentier en 2012 de +5%. Energie, la production toujours en hausse À fin mai 2012, la production nette locale d'électricité s'est accrue de 12% à 10.595 KW, réduisant ainsi le déficit de production à 304 KW. Cette évolution de la production nationale demeure attribuable à la croissance de la production thermique qui s'est accrue de 17,9%, tandis que la production hydraulique s'est repliée de 35,1%. Dans ce contexte, les importations en électricité se sont affermies de 7,8% à 1.852 KW. En parallèle, la demande d'électricité a augmenté de 10,2% à 10.899 KW à fin mai 2012, par rapport à la même période de l'année dernière. Un accroissement qui serait dû à l'augmentation de 10,1% de la demande en haute tension, ainsi qu'à l'évolution de 10,5% de la demande en basse tension. Le raffinage a le vent en poupe La production du secteur de raffinage a marqué une progression de 24% à fin mai 2012, comparativement à la même période de l'année dernière, recouvrant une hausse de 15% de la production de gasoil et une baisse de 14% de celle du fuel. Le tourisme en panne Pour le secteur du tourisme, le démarrage de l'année 2012 était difficile. Il a bouclé les six premiers mois sur une note négative. En effet, à fin juin, les nuitées dans les hôtels classés se sont détériorées de 4% par rapport à la même période de 2011. Une année où la baisse de l'activité en 2011 s'explique principalement par la crise économique et sociale dans les pays émetteurs de touristes, notamment ceux de l'Europe Centrale tels l'Espagne, la France et l'Italie qui souffrent énormément. D'autres phénomènes conjoncturels, sont venus aggraver la situation, il s'agit du printemps arabe, Argana ... La petite correction relevée en mai dernier n'a pas véritablement rassuré les observateurs. Le secteur s'attend à de la casse en juillet et août en raison du mois de ramadan. Croissance de 2,8% du PIB en volume au 1er trimestre 2012 Selon les statistiques du HCP, le PIB en volume a enregistré une croissance de 2,8% en glissement annuel au lieu de 5,6% au 1e trimestre 2011. En terme nominal, la croissance a été de 3,1%, ce qui fait ressortir une légère hausse de 0,3% du prix implicite du PIB. Cette croissance a été tirée par la hausse de 4,4% du PIB non agricole (5,6% au 1er trimestre 2011). La valeur ajoutée du secteur agricole s'est, quant à elle, repliée de 8,3% contre une appréciation de 5,9% au même trimestre un an auparavant. Par principales activités non agricoles, les postes et télécoms se sont améliorées de 13,4% (13% au 1er trimestre 2011), l'activité ‘'Electricité et eau'' s'est appréciée de 12,6% (contre 0,4%), les BTP ont augmenté de 5,7% (contre 2%), les industries de transformation se sont bonifiées de 3,4%, en maintien par rapport à une année auparavant. S'agissant des activités financières et d'assurances, celles-ci ont ralenti à 5,2% (contre 6,5% une année auparavant). En revanche, les minières se sont contractées de 7,8%, l'activité des hôtels et restaurants a reculé de 4,9% et celle de la pêche de 2,8%.