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Modèle d'une intégration réussie
Publié dans Les ECO le 15 - 12 - 2009

Le bureau est plutôt vaste et les dernières lueur du jour de ce jeudi 10 décembre rajoutent à la sobriété des lieux. Alioune Gueye, le patron d'Afrique Challenge, nous accueille avec une grande simplicité. Ses traits dégagent une impression de joie de vivre naturelle. L'homme d'affaires sénégalais, installé au Maroc, détend tout de suite l'ambiance et la discussion est lancée de manière spontanée. Alioune Gueye, la quarantenaire, est arrivé au Maroc un peu par hasard. «J'étais étudiant à la Sorbonne, et c'est là que j'ai fais la connaissance d'un Marocain qui voulait rentrer dans son pays dans le but de restructurer l'entreprise familiale». Gueye accepte alors de l'aider à concrétiser ce projet. «Je suis arrivé au Maroc le 6 septembre 1993, à 14h25 très exactement. Au départ, je pensais y rester un ou deux ans. Aujourd'hui, cela fait 15 ans que j'y vis». Après avoir été directeur de l'ESIG, il décide, au bout de cinq ans, de monter sa propre structure. Afrique Challenge, le groupe qu'il dirige, compte aujourd'hui cinq filiales et organise des sessions de formations au profit des dirigeants d'entreprises. Plusieurs forums ont lieu à intervalles réguliers tout au long de l'année. «Le regard croisé des expériences de ces dirigeants s'avère enrichissant et permet de créer des outils de management en accord avec la spécificité africaine», explique-t-il. Quand on aborde le sujet de son intégration sociale au Maroc, un large sourire se dessine sur le visage d'Alioune Gueye. «Le fait que je sois métisse m'a permis de me fondre dans la masse. Mais, cela ne veut pas dire que les autres ont du mal à y arriver. Les facilités d'installation accordées à la population sénégalaise encouragent beaucoup de mes compatriotes à rester au Maroc». D'après les estimations de Gueye, le pays compterait 1000 cadres et 2000 étudiants sénégalais installés. «Le racisme, c'est l'ignorance de l'autre. On est responsable de l'image que l'on donne aux habitants de notre pays d'accueil. C'est à nous, étrangers, de fournir des efforts, de nous ouvrir, pour pouvoir nous intégrer».
En fait, Alioune Gueye a donné un nouveau souffle à la représentativité de sa communauté, en initiant la semaine du Sénégal au Maroc en 2007. «La 4e session se tiendra du 24 au 28 juin 2010 sous le thème UEMOA : vecteur de consolidation de l'Axe Maroc Sénégal et d'intégration régionale», tient-il à préciser.
Tout au long de notre entretien, Alioune Gueye n'a eu de cesse de prôner la richesse de la différence. «Quand je suis à l'étranger, j'évite de fréquenter les Sénégalais. Ma vie ne tourne pas autour de mes origines. Je veux découvrir ce que je ne connais pas». Pour illustrer sa vision, il cite le grand écrivain nigérian Wole Soyinka : «Le tigre ne proclame pas sa tigritude, mais il tue sa proie et la mange».
En somme, Alioune Gueye nous invite à ne pas nous attarder sur les détails de nos différences... Puisque, quelque part, ils sont un véritable frein à nos intentions et, surtout, à nos actions constructives.
Biographie
1967 : Naissance en France.
1993 : Après des études à la Sorbonne,
il rentre au Maroc.
2007 : Il initie la semaine du Sénégal
au Maroc.


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