Face à la crise sanitaire mondiale liée au Covid-19, le Maroc a été à la fois l'un des plus rapides et des plus énergiques dans sa réaction devançant ainsi tous ses voisins africains et mêmes ses partenaires européens comme l'Italie ou la France, a révélé le Groupe de conseil Finactu, dans une étude de 35 pages. Cette mini-enquête du cabinet spécialisé sur le continent africain pour des missions de conseil stratégique, opérationnel et financier paraît dans un contexte où le monde entier affronte, depuis le début de l'année, une crise sanitaire sévère provoquée par un virus nouveau, le SRAS Cov 2, aussi appelé Coronavirus ou Covid-19. Une crise qui provoque une grande inquiétude chez 1,3 milliard d'Africains. Trois questions taraudent les esprits, de Casablanca à Abidjan et de Dakar à Libreville : le continent parviendra-t-il à rester à l'écart de cette pandémie et quelles conséquences cela aura-t-il sur la vie quotidienne ? Combien de morts au bout du tunnel ? Et, sur le moyen terme, quel sera l'impact économique ? «Fortes de leur connaissance intime du continent», les équipes de Finactu ont souhaité collecter et analyser les éléments de réponse à ces trois questions. L'une des premières tentatives de réponses à ces interrogations, c'est qu'incontestablement, les autorités africaines ont fait preuve d'une réactivité remarquable face à la crise sanitaire et si l'Algérie qui détient le triste record des décès au 30 mars avec 31 morts, se distingue des pays africains en étant l'un des derniers à avoir mis en place un confinement pour contenir la propagation du virus, le Maroc a été à la fois l'un des plus rapides et des plus énergiques dans sa réaction, imposant la suspension quasi-systématique des vols aériens et un confinement obligatoire de la population dès le 16e jour, donc trois fois plus rapidement que l'Italie ou la France, a révélé le Groupe de conseil, Finactu, dans cette étude de 35 pages. Le groupe magnifie les «courageuses mesures économiques, sociales et fiscales prises par le Maroc en date du 20 mars 2020», à savoir l'octroi d'une indemnité mensuelle de 2.000 DH nette par mois pour les salariés déclarés à la CNSS en février 2020, le maintien de l'assurance maladie obligatoire (AMO) en faveur des salariés déclarés, le report des échéances des crédits bancaires immobiliers et à la consommation jusqu'à fin juin 2020 pour les personnes ayant souffert d'une baisse de leur revenu pendant cette période. À cela, il faut ajouter l'octroi de la possibilité de report des échéances des crédits bancaires (et de leasing) jusqu'à fin juin 2020, l'attribution de lignes de financement supplémentaires pour les sociétés rencontrant des problèmes de trésorerie et dont l'activité est maintenue grâce à des garanties mises en place par la Caisse centrale de garantie ainsi que la possibilité de report des déclarations fiscales du 31 mars à fin juin 2020 pour les sociétés ayant réalisé un chiffre d'affaires inférieur à 20 MDH pour ne citer que ces mesures. Une série de mesures qui vont se relever pertinentes quand on sait combien la rapidité avec laquelle la plupart des autorités politiques du continent ont réagi face au Covid-19 en stoppant les facteurs de contagion pourrait bien permettre à l'Afrique d'éviter une crise sanitaire dramatique. Gare aux pays qui ont longtemps hésité avant de prendre des mesures préventives ou qui traînent encore les pieds. En premier lieu, ils seront victimes des mécanismes qui frappent le monde entier avec un choc massif sur la demande et sur l'offre à court terme puis une vague de faillites en chaîne, débouchant in fine sur une reprise atone et une longue période de croissance molle, ont averti les spéléistes de Finactu. La faiblesse des marchés de capitaux sur le continent, ajoutent-t-ils, atténuera en partie l'effet domino que vont connaître les économies occidentales où la chute sans précédent des bourses va fragiliser très profondément les bilans des institutions financières, mais cette consolation est d'une faible portée. L'enquête met également à nu d'autres facteurs aggravants de la pandémie en Afrique tels que le manque de lits en réanimation et d'infrastructures. Non seulement l'Afrique a des dépenses de santé très inférieures à la moyenne mondiale mais la part des infrastructures dans ces dépenses est 5 fois plus faible, souligne Finactu avant d'ajouter que le continent se caractérise par un manque cruel de médecins et plus généralement de professionnels de santé, que dénonce régulièrement l'OMS. Globalement, l'Afrique compte un médecin pour 5.000 habitants, soit 5 fois moins que la moyenne mondiale, s'indignent les enquêteurs. Là encore, le Maroc fait exception avec ses 3.000 lits devant l'Algérie qui n'en compte que 2.500 ou l'Afrique du Sud, trois fois moins équipée que le royaume.