«Le Maroc a le taux le plus élevé d'intimidation en ligne sur 25 pays à travers le monde». Encore un record qui n'est pas des plus réjouissants pour le royaume. Classé septième à l'issue d'une récente étude réalisée par le groupe spécialisé dans la recherche en télécoms «Marketing services de la croix-tab et du Groupe de recherche en télécommunications», le Maroc serait un de ces pays où il ne ferait pas toujours bon se connecter. Cela est d'autant plus valable lorsqu'on a entre 8 et 17 ans puisque l'étude en question, commandée par Microsoft, s'intéresse essentiellement à cette cible d'internautes. Concrètement, si la moyenne mondiale des jeunes se déclarant «intimidés» sur le Net s'élève à 37%, au Maroc elle est de 40%. «Six enfants sur dix sont (très) informés sur l'intimidation en ligne et se déclarent être très ou assez inquiets à ce sujet», avancent ainsi les rédacteurs du rapport dans le chapitre relatif au pays. Un résultat qui pourrait s'expliquer, en partie, par les chiffres de l'intimidation de ces enfants dans le monde, lesquels sont bien réels et extrêmement élevés. En effet, au Maroc, 93% des enfants de 8 à 17 ans se sentent intimidés dans la vie réelle, ce qui représente 21% de plus que la moyenne mondiale. L'arroseur arrosé De l'analyse des profils des jeunes internautes ayant subi des pressions en ligne, il apparaît que les victimes de «cyber-intimidations» sont deux fois plus susceptibles de faire de même avec d'autres personnes sur le Web. Par ailleurs, le document souligne qu'il est «probable», pour 49% des cas que la victime d'intimidation en ligne soit un internaute assidu, qui passerait «plus de 10 heures par semaine sur Internet». La suractivité de l'enfant sur le Net, peut donc ainsi attirer l'attention sur un profil et «faciliter», dans un certain sens, l'interpellation intimidante. Il apparaît néanmoins que, contrairement à l'intimidation hors ligne, le sexe de la victime ne soit pas un facteur déterminant. En effet, «les filles et les garçons vivent des taux similaires d'intimidation en ligne», explique le rapport. Si, en dehors de la Toile, les filles sont à 61% victimes d'intimidations contre 39% chez les garçons, sur le Web, le pourcentage de filles intimidées est de près de 36% contre 43% pour les garçons. Autre fait important, ce sont essentiellement les enfants âgés de «13 à 17 ans qui sont plus susceptibles d'être victimes de cyber-intimidations». Ils représentent en effet, 80% des victimes contre 44% chez les plus jeunes. Généralement, cette tranche d'âge est plus connectée sur le Web que les plus jeunes, et généralement moins surveillée par les parents. Ce que confirme d'ailleurs le rapport du groupe de recherche, qui explique que 85% des enfants de 8 à 12 ans «sont plus susceptibles d'être limités par le temps en ligne» imposé par leurs parents. 78% d'entre eux sont «surveillés», 66% sont «informés des risques d'Internet» et 47% ont «appris à ne pas intimider les autres en ligne» détaille le document. Par contre, les parents d'enfants de «13 à 17 ans sont plus susceptibles d'utiliser un logiciel pour bloquer les sites dangereux». Ceux-ci représentent 40% des interrogés, contre 0% chez les très jeunes. Un parent averti en vaut deux Au Maroc, l'enquête démontre que «les parents marocains prennent davantage de mesures pour protéger leurs enfants contre la cyber-intimidation». La montée en force de l'Internet chez les ménages nationaux s'accompagnerait donc d'une véritable prise de conscience «virtuelle». Un constat plutôt positif lorsqu'on observe les chiffres de l'enquête. Par ailleurs, les institutions scolaires sont également pointées du doigt dans ce cadre. Responsables de la surveillance des enfants, elles sont également appelées à adopter des politiques de sensibilisation, tant pour les enseignants que pour les parents d'élèves. Seulement voilà, l'enquête ne compte – pour l'heure – qu'un faible pourcentage d'établissements scolaires sensibles à ce «nouveau» phénomène. En effet, 28% des écoles offrent des formations ou des séances de sensibilisation pour les enseignants (17%), pour les parents (10%), pour les étudiants (13%). C'est donc à ce niveau qu'il serait nécessaire de renforcer les dispositifs de «cyber-sécurité», tant chez les ménages qu'au niveau des écoles. Ceci dans le but de réduire le taux d'intimidation en ligne qui, rappelons-le, est au Maroc 3% plus élevé que la moyenne mondiale.