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Cartier Saada diversifie ses marchés pour sécuriser sa croissance
Publié dans Les ECO le 28 - 06 - 2012

Le spécialiste des conserves des fruits et légumes, Cartier Saada, la seule société à la Bourse de Casablanca qui publie ses réalisations annuelles à cheval , arrive à tirer son épingle du jeu au titre de l'exercice clôturé le 31 mars 2012. En effet, face à la baisse générale des exportations marocaines, Cartier Saada qui réalise près de 98% de son chiffre d'affaires à l'export, affiche des performances notables. Ainsi, le chiffre d'affaires ressort en hausse de 22% à 96,1 MDH au 31 mars 2012. Ceci dit, avec le développement de l'activité, les charges d'exploitation ont augmenté de 19,5%, notamment celles relatives aux achats consommés de matières et fournitures et les dotations d'exploitation. À cet effet, la progression du résultat d'exploitation ressort inférieure à celle du chiffre d'affaires et s'établit à 8,8% pour 11,6 MDH, ramenant ainsi sa marge opérationnelle à près de 12,1% en légère baisse de 1,5 point, comparativement à l'exercice précédent. Par ailleurs, le management de la société affirme que «nous avons régressé sur certains marchés». En effet, les partenaires classiques, la France en tête, représentent le principal marché où les exportations ont baissé. En revanche, leur présence dans 22 pays comme la Russie, les pays du Moyen-Orient et ceux de l'Afrique leur a permis de compenser les contre-performances enregistrées sur les marchés classiques. Pour sa part, le résultat financier creuse son déficit au 31 mars dernier et s'établit à 1,5 MDH. Cette situation est attribuable à la baisse des gains de change, d'une part et à l'augmentation des charges d'intérêts, d'autre part. Il est à noter que la majorité des exportations est réalisée en Euros, alors que les charges d'intérêts sont corrélées à l'augmentation des crédits de trésorerie à court terme.
Top forme
Sur un autre registre, la société est en quête continue de modernisation. C'est à cet effet qu'un plan d'investissement de 27 MDH a été mené, lequel s'étale jusqu'en 2015, et vise ainsi à porter la capacité de production à 10.000 tonnes. Actuellement, elle est passée de 6.000 à 7.000 tonnes, suite à l'installation de 1.000 tonnes supplémentaires, sur un marché où la production moyenne d'olives est estimée à 1 million de tonnes. La capacité bénéficiaire confirme la santé financière de la société et s'établit à 8,65 MDH, soit une progression de 7,7% à fin mars dernier, comparativement à fin mars 2011. Par conséquent, la marge nette ressort en baisse de près d'1 point à 9%. Une bonne santé qu'elle partage avec ses actionnaires, en offrant un dividende de 0,80 DH pour les 5.265.000 actions composant le capital, ce qui correspond à un taux de distribution de 49%. Du côté du marché, comme nous le signalions dans notre édition du 27 juin 2012, le titre Cartier Saada est sur une bonne trajectoire en Bourse et réalise une performance annuelle de 5,9%, supérieure à celle du marché, ainsi qu'un rendement élevé de près de 4,2%.
Hassan Debbagh,
DG de Cartier Saada.
«Nous sommes présents dans 22 pays»
Les Echos quotidien : Quels sont les principaux marchés sur lesquels vos exportations ressortent en baisse ?
Hassan Debbagh : Les principaux marchés où nos exportations sont en baisse sont les marchés traditionnels, à savoir la France, la Belgique et l'Angleterre, bien que nous nous y maintenions, mais avec de légères baisses. Cependant, nous avons de nouveaux marchés, notamment dans les pays africains, au Moyen-Orient, en Russie et en Ukraine, sur lesquels nous ne faisons pas aujourd'hui de gros volumes, mais qui nous permettent quand même, avec la somme de leurs petits volumes additionnels, de réaliser 22% de progression du chiffre d'affaires.
Comment est réparti votre chiffre d'affaires par destination ?
La France reste traditionnellement notre plus gros client, mais cela ne dépasse pas 50% du total des exportations. Après, c'est très diversifié. Nous sommes notamment en Amérique du Nord et sur d'autres pays européens, précisément ceux de l'Ouest. Nous exportons en Arabie Saoudite, en Lybie et en Afrique subsaharienne, à savoir au Sénégal et au Bénin. Globalement, nous sommes présents dans 22 pays.
Quelles sont vos perspectives et projets d'avenir sur les deux prochaines années ?
Nous projetons d'investir un montant de 27 MDH à l'horizon 2015. Ce montant sera toujours porté vers l'exportation, qui constitue notre cheval de bataille. Aujourd'hui, nous sommes en train de faire un autre investissement en termes de capacités de stockage et de conditionnement. En parallèle, nous sommes en train de mettre en oeuvre notre stratégie à l'exportation, qui a pour objectif à la fois d'augmenter les volumes dans les pays sur lesquels nous sommes déjà présents, mais aussi d'attaquer de nouveaux pays.
Qu'en est-il du marché marocain ? Ne pensez-vous y commercialiser une partie de votre production ?
Franchement, cela nous ferait énormément plaisir de pouvoir le faire et de compenser ainsi la baisse des exportations vers certains pays. Toutefois, il y a un problème de fiscalité. Comme vous le savez, un produit qui est vendu en vrac n'est pas assujetti à la TVA, alors qu'un produit conditionné est taxé de 20%. Donc, le consommateur marocain serait amené à acheter beaucoup plus cher nos produits et n'optera peut être pas pour l'hygiène et la sécurité alimentaire. Nous avons toujours demandé et nous continuons à militer, en tant que fédération marocaine des conserves des produits agricoles du Maroc, pour la suppression de cette TVA, dans le cadre de la réforme globale du secteur agro-industriel au Maroc. Nous avons bon espoir que le nouveau gouvernement, malgré la crise, pourra mener ce chantier de réformes de fonds, qui permettrait de progresser dans l'industrialisation du pays.
Zoom sur l'activité
Opérant principalement dans le secteur de la production oléicole, avec une capacité de production annuelle de 7.000 tonnes par an, le positionnement de Cartier Saada reste minime comparativement à la capacité totale du secteur, qui avoisine 90.000 tonnes d'olives de table par an. En effet, la filière oléicole contribue à hauteur de 5% du PIB agricole du Maroc. En termes d'exportation, 64.000 tonnes d'olive de tables se retrouvent sur les marchés internationaux. Il est à noter aussi que le secteur de l'agroalimentaire bénéficie de deux plans nationaux de développement, à savoir le plan oléicole dans le cadre du plan Maroc Vert, ainsi que celui de Maroc Export. En dépit des potentialités que recèle le secteur, le diagnostic de la situation actuelle montre que les niveaux de production réalisés sont encore très modestes et ne valorisent que partiellement les atouts dont dispose notre pays en la matière. Cartier Saada se veut aussi un investisseur important en amont de la filière, pour sécuriser son approvisionnement. Toutefois, selon son directeur général, compte tenu de la taille de la société, le développement de la capacité de production et des exportations passe avant le travail en amont de la filière oléicole.


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