Le défi de la croissance de l'économie africaine passe par le social et par le rural. C'est l'essence des recommandations qui sont ressorties de la rencontre organisée en fin de semaine dernière à El Jadida, à l'initiative de l'université Chouaib Doukkali en partenariat avec l'Académie internationale du développement du business africain (IAABD). La thématique abordée et la qualité des experts invités annonçait déjà la couleur. «Le développement du business africain face à une politique économique globale en mutation : enjeux, défis et opportunités», tel était l'axe majeur des différentes interventions durant les deux jours qu'a duré le colloque, qui se tient, rappelons le, pour la première fois dans un pays arabe et en Afrique du Nord. Notons que la rencontre a été animée par quelque 120 chercheurs, académiciens et experts venus de plus de 30 pays représentants l'Afrique, l'Amérique du Nord, l'Amérique du Sud, le continent européen, l'Asie, l'Australie et les Caraïbes. Lahcen Daoudi, ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, a donné le coup d'envoi, insistant sur l'importance pour le Maroc de s'inscrire dans une logique d'intégration africaine. La société du savoir À tour de rôle, les scientifiques du colloque ont souligné l'importance et le rôle de l'éducation et de la formation universitaire dans la construction de la société du savoir. Ce secteur a été fortement mis en évidence comme moyen incontournable pour l'amélioration de la compétitivité et de la croissance économique africaine. Pour sa part, les questions de la liberté et de l'égalité de la femme dans les sociétés africaines ont été également très discutées durant cette rencontre. Le sujet a même été considéré comme un levier principal à la valorisation du capital humain et à la dynamisation de l'économie africaine. Les participants ont également fortement étudié le rôle de la régionalisation dans le développement de l'économie africaine. À ce sujet, différents modèles connus sous les noms : AMU, COMESA, ECCAS, ECOWAS, et SADC, ont été discutés, et l'impact de chaque modèle sur le taux de croissance de l'investissement a été analysé, précise le doyen de la faculté polydisciplinaire. Le développement du monde rural est aussi un sujet de grande opportunité en Afrique. Ce domaine a été diagnostiqué comme étant un grand défi pour de nombreux pays du continent africain et constituant un vrai frein au décollage économique et social en Afrique. «Différentes études comparatives ont largement été analysées », indique Chafik. Pendant les ateliers, les intervenants se sont penchés sur des thématiques d'actualité qui intéressent des domaines très variés tels que les politiques et stratégies économiques, l'export et l'investissement étranger, l'énergie et les ressources naturelles, la valorisation des ressources humaines, le commerce électronique et les systèmes d'information, la logistique et la supply chain management, le tourisme et le développement durable, etc. «Ces thématiques traitées lors de cette grande manifestation scientifique, viennent s'inscrire en parfaite harmonie avec les stratégies sectorielles du développement économique national lancées autour des différents grands chantiers qui façonnent les mégas métamorphoses que connaît le paysage économique national», explique Abdelaziz Chafik, doyen de la faculté polydisciplinaire d'El Jadida. Le poids de la dette extérieure La question de l'impact de la dette extérieure sur l'économie de plusieurs pays africains a été passée en revue au colloque. Dans ce cadre, la généralisation des bonnes pratiques de gouvernance et de gestion des chocs a été retenue comme des voies de sortie de crise. L'entrepreneuriat et les entraves qui empêchent sa réussite ont été également débattus, et des benchmarks ont été réalisés sur la base de modèles ayant réussi dans les économies occidentales. Le développement du capital humain et son rôle dans la croissance économique ont été étudiés. La libéralisation des échanges et l'accélération des progrès techniques devraient pousser les pays africains à promouvoir l'investissement du capital immatériel afin de relever les défis de l'innovation et de la compétitivité. Au menu des échanges également : l'environnement, l'énergie, le développement durable, la fuite des cerveaux...