Si le programme intégré d'appui et de financement des jeunes entrepreneurs semble bien parti, tout n'est pas encore gagné. Quelle que soit l'importance du volume des crédits, le financement tout seul ne suffira pas pour garantir la réussite du programme. Grâce aux directives royales, désormais, en moins de trois semaines, les jeunes Marocains porteurs de projets ont la possibilité de trouver un financement pour lancer leur business. Les conventions entre les banques et la Caisse centrale de garantie pour la mise en œuvre et l'opérationnalisation des premiers produits du programme intégré d'appui et de financement des entreprises, objet de la volonté royale, ont été signées le 3 février à Rabat. Bank Al-Maghrib (BAM), marraine de cette initiative, a annoncé récemment les modalités relatives au refinancement des crédits accordés par les banques dans le cadre du même programme. Dans une circulaire publiée mardi 11 février 2020, la Banque centrale faisait savoir qu'elle a mis en place sur une période de 3 ans une ligne de refinancement des crédits. Ce financement, souligne-t-elle, bénéfice de la garantie du Fonds d'appui au financement de l'entrepreneuriat géré par la CCG. Il s'agit des garanties d'Intelak pour les crédits aux entrepreneurs individuels et aux TPE en zone urbaine, Intelak Al Mousstatmir Al Qaraoui pour les crédits aux entrepreneurs individuels et aux TPE en zone rurale et Tayssir et Istitmar pour les PME exportatrices. Dans l'article 5 de ladite lettre circulaire, Bank Al-Maghrib informe que ce refinancement est alloué trimestriellement pour une durée d'un an et avec un taux de 1,25%, selon le calendrier fixé. BAM a également donné des détails concernant l'état des encours des crédits éligibles à ce programme, les conditions de remboursements anticipés, d'impayés ou d'ouverture d'une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire, entre autres. Sur la bonne voie Au rythme où le programme royal suit son cours d'exécution, il ne devrait souffrir d'aucune anomalie. Une nouvelle rassurante pour les auto-entrepreneurs, les micro-entrepreneurs, dont plusieurs étaient souvent bannis dans les établissements bancaires, se réjouit l'économiste Adil Roqai qui salue dans la même foulée la pertinence dudit programme. Un taux de financement faible pour un jeune entrepreneur est un moyen efficace pour palier à certains besoins relatifs notamment aux fonds de roulement et de développer des investissements de manière plus pérenne, souligne l'économiste. Seulement voilà, quelle que soit l'importance du volume des crédits, le financement tout seul ne suffira pas pour garantir la réussite du programme. Cette alerte émane d'un docteur en entrepreneuriat pour qui l'initiative royale est très louable mais il appartient maintenant aux acteurs politiques et économiques de mettre en œuvre les volontés du souverain en concentrant leurs efforts sur les «entrepreneurs» et pas seulement sur les «projets». «De mon point de vue, pour réussir l'entrepreneuriat au Maroc, une attention particulière doit être accordée au sujet et à l'acteur du phénomène de l'entrepreneuriat. ll s'agit de «l'entrepreneur». En effet, la création d'entreprise est le résultat de son action», explique Khalid Karbouai. En fait, poursuit-il, l'accompagné a besoin de mieux se connaître c'est-à-dire connaître ses points forts et ses points faibles pour mieux mûrir son projet. Plus regardant sur le profil des candidats à l'entrepreneuriat À cet effet, les programmes de formation proposés doivent tenir compte des spécificités des individus (caractéristiques et comportements), de leur parcours professionnel et de la réalité du contexte dans lequel ils souhaitent créer. Par ailleurs, selon le même spécialiste du développement personnel et professionnel, le développement de l'esprit entrepreneurial chez les chefs d'entreprise est aussi être un enjeu de taille. Une partie du financement accordé doit servir à former ces dirigeants sur les bonnes pratiques managériales car pour réussir dans son acte d'entreprendre, le créateur devrait bénéficier d'un accompagnent lui permettant d'identifier son profil d'entrepreneur et de développer ses capacités à faire face aux difficultés qu'il pourrait rencontrer pendant tout le processus entrepreneurial. Dès lors, les modalités d'enseignement doivent donc s'adapter à ces enjeux. Les enseignants sont donc en tout premier lieu intéressés. De plus, l'effort fourni pour financer et mieux accompagner les porteurs de projet ne doit pas négliger de pendre en compte la notion de l'appartenance générationnelle. Cela permettra de mieux comprendre comment les membres d'une génération abordent l'entrepreneuriat en termes de croyances et d'intentions. L'objectif étant de maximiser les chances de réussite des créateurs et de réduire le nombre de mortalités des entreprises nouvellement créées, ajoute le coach qui accompagne de nombreux candidats à l'entrepreneuriat au Maroc.