Pas de répit en vue pour les services du ministère de l'Economie et des Finances. Après la loi de Finances 2012, bouclée dans un contexte assez particulier, l'élaboration de la prochaine est, déjà, dans les rails. En temps normal, c'est à partir du mois d'avril que les premières consultations sont lancées avant la traditionnelle lettre de cadrage du chef de gouvernement. Spécialement pour l'année 2013, la pression sera des plus accentuées, avec les dispositions de la nouvelle Constitution et l'arrivée récente d'un nouveau gouvernement, qui s'est fixé des ambitions assez consistantes. Le tout se passe dans un contexte marqué par une situation économique au plus mal, comme l'attestent les indicateurs de bord, alors que, au niveau international, il existe des incertitudes liées à une crise des plus aigües, sur les principaux marchés partenaires du pays. Autant de facteurs à prendre en compte par le ministre de l'Economie et des Finances, Nizar Baraka, et son homologue du Budget, Idriss Azami Al Idrissi, qui doivent résoudre la complexe équation : assainir les finances publiques, faire face aux effets de la crise et aussi pouvoir donner, au gouvernement dans son ensemble, les moyens de ses ambitions. Pour ne rien arranger, étant donné les attentes sociales pressantes et celles des opérateurs privés, les mesures que devra prendre le gouvernement sont très attendues. L'adoption de la loi de Finances de l'année en cours, pour des raisons liées au contexte politique, n'a permis ni de rassurer les uns et les autres, ni même d'offrir une certaine visibilité. Pour 2013, année où, enfin, le PJD et ses alliés de la coalition gouvernementale auront à élaborer, préparer et mettre en œuvre leur «propre loi de Finances», le contexte sera tout autre, et le gouvernement ne disposera d'aucune échappatoire, comme cela a été le cas dernièrement. Pour le moment, le gouvernement a lancé une série de consultations tous azimuts avec les différents partenaires, dans l'optique des réformes qu'il entend engager dès 2013, pour faire face aux multiples défis de l'économie nationale. Après les promesses et à la suite des «coups d'éclat» de certains ministères, il est temps de passer véritablement au travail. Il s'agit, en somme, d'une sorte de répétition générale, comme l'explique aux Echos quotidien le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, Mohamed Najib Boulif. «Tout ceci procède d'une démarche pédagogique basée sur une approche participative et destinée à préparer la société à de grands changements», indique-t-il en effet. Cette démarche prendra une part active dans la mise en œuvre des engagements gouvernementaux, au vu des dossiers qu'il a en charge. Objectif croissance Le mot d'ordre est lancé. L'objectif pour le gouvernement, c'est la croissance à tout prix, mais pas n'importe comment et au-delà des chiffres ! «Croissance inclusive», pour Nizar Baraka, le ministre de l'Economie et des Finances ; «productive» pour le patronat ; «durable et responsable», pour la société civilechacun y va de son mot, mais pour un seul objectif: celui de la croissance, qui permettrait au Maroc de relever les multiples défis de son économie. Ce qui est certain, c'est que ce ne sera pas pour cette année, sachant que le gouvernement a revu à la baisse ses prévisions de croissance de 7 à 4,2%. Encore faut-il que ce dernier objectif soit atteint. Le changement annoncé par le gouvernement et les signaux forts pour soutenir l'économie, notamment la réforme fiscale, ont été renvoyés à des jours meilleurs. C'est maintenant que les choses sérieuses commencent pour Benkirane et son cabinet. Ce dernier ne dispose en effet que d'un mandat de cinq ans, qui a commencé à courir. La loi de Finances 2013 devra particulièrement annoncer les couleurs. Cela est d'autant plus valable, selon l'ancien ministre de l'Economie et des Finances Mohamed Berrada, que les mesures économiques et sociales de cette nature ne commencent à donner leurs fruits qu'à moyen ou long terme. Une chose est sûre : les amendements portés par l'actuel gouvernement n'ont pas beaucoup convaincu, même chez les opérateurs économiques, comme en témoigne la sortie de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Le chantier des réformes qui attendent le gouvernement sont légion. Parmi les plus gros dossiers : la réforme de la Caisse de compensation, celle des retraites et la réforme fiscale. Ce sont des dossiers sur lesquels le gouvernement semble avoir le dos au mur. Pour ne rien arranger, Benkirane devra encore prendre en compte à la fin de cette année certains programmes, comme le programme d'urgence pour l'Education ou la prise en charge de nouveaux programmes, comme ceux induits par la généralisation du Ramed. Répétition générale Benkirane a vu juste en décidant la création d'un ministère délégué au Budget, lors de la formation de son gouvernement. Si à première vue, cela a été quelque peu jugé être sujet à caution par certains économistes, qui estiment nécessaire d'avoir un seul maître à bord pour maîtriser le tableau de bord de l'Economie et des finances, la récente discussion de la LF 2012 plaide pour une relative séparation des tâches. Comme confirmé dans leurs décrets d'attribution, c'est au département du Budget que dirige Idriss Azami Al Idrissi (PJD) de chapeauter le processus de l'élaboration de la loi de finances, en collaboration toutefois avec le ministre de l'Economie et des finances, qui doit au final opérer les ajustements nécessaires pour se conformer au principe constitutionnel de la préservation des équilibres macroéconomiques et surtout mettre en œuvre la musique gouvernementale, avec les différents ministères. Les récents débats au Parlement ont été l'occasion de voir les deux coéquipiers à l'œuvre. Pour cette fois, un autre fera, assurément, son entrée. Il s'agit du ministre des Affaires générales et de la gouvernance Najib Boulif, même s'il devra jouer sa partition relativement en retrait. Sous sa houlette, il y a les dossiers chauds, comme la réforme de la Caisse de compensation, celle des retraites, le dialogue social.