«Une bonne fréquentation et de bons contacts». Les exposants au Logismed, qui s'est tenu du 12 au 14 avril, estiment que le Salon «a tenu ses promesses». L'événement a été marqué par une présence assez dynamique des entreprises étrangères, représentant différentes activités de la logistique. «Nous avons constaté une amélioration en qualité, aussi bien des exposants que des visiteurs professionnels. Même le design des stands a évolué par rapport aux autres années», souligne Francis Robert, DG de Advanaced building construction & design (ABCD). Bien évidemment, les opérateurs étrangers ont compris qu'en dépit du retard dans l'application de la stratégie logistique, le Maroc dispose d'un grand potentiel en la matière. C'est le cas notamment pour l'immobilier d'entreprise. «Aujourd'hui, il y a de plus en plus de demande pour les entrepôts, contrairement aux années précédentes», note Jean Thedenat, directeur d'ABCD Maroc. Le constat est partagé par Abdellatif Kabbaj de Soft Logistic (filiale de Soft Group), spécialisée dans les parcs d'activités logistiques. Kabbaj, qui affirme avoir eu de bons contacts malgré les deux premiers jours difficiles, estime également que «le marché a évolué durant ces dernières années, notamment après la signature du contrat-programme». Même son de cloche chez M&M Millitzer & Munch Maroc, qui vient d'ouvrir une plateforme logistique à proximité de l'aéroport Mohammed V (www.lesechos.ma). Selon son directeur logistique, Jacques-Antoine Renard, qui affirme que son entreprise a pu décrocher des contacts intéressants pour l'ensemble des ses branches d'activité, «la situation du marché s'améliore de plus en plus». «Toutefois, pour l'entreposage, les PME et PMI sont toujours réticentes quant à l'externalisation de cette activité, alors qu'il s'agit là d'un moyen de réduction des coûts.Elles préfèrent toujours avoir un contact matériel et visuel avec leurs marchandises, sans oublier une culture financière qui leur fait toujours défaut», souligne Renard. Pour d'autres exposants, le Salon est une occasion de renouer les contacts avec leurs clients. C'est le cas de notamment de MSC (Med shipping compagny). D'autres, comme les entreprises d'élevage, semblent être beaucoup plus critiques. «Nous avons eu moins de visiteurs que les exposants du hall 2». Cela étant, ils ont pu tout de même faire de bonnes affaires. Le système d'information fait défaut Au Salon, les entreprises spécialisées en informatique étaient aussi dynamiques. «Parmi les premiers paramètres de compétitivité des entreprises de logistique figure le système informatique, qui constitue la colonne vertébrale de toutes les activités. C'est un paramètre auquel il faudra accorder un grand intérêt», précise Anis Bouayad, consultant international en logistique. Sur ce point, il faut préciser que l'installation d'un système informatique fait défaut aux opérateurs marocains. C'est le cas notamment des entreprises de l'agro-industrie. Une étude réalisée par le cabinet CGL pour le compte de la FENAGRI, a révélé une «absence d'investissements dans l'informatique dédiée à la logistique» (voir dossier spécial sur la logistique- éd 12 avril). Un référentiel métier et compétence par la BAD Les cabinets de conseil et les établissements de formation ont, à leur tour, bien animé le Salon. En effet, le besoin en compétences est énorme, alors que les formations sont encore rares. À ce niveau, il faut rappeler que le contrat d'application de la stratégie logistique portant sur la formation n'a pas encore été signé. Mais «cela n'empêche que dans notre plan d'action, nous avons prévu la construction de cinq établissements de formation pour techniciens, d'une capacité de 5.000 stagiaires», souligne un responsable de l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT). Le premier sera livré en 2013 dans la région de Taourirt, alors que pour les autres, l'identification des terrains est en cours. Sur ce même registre, la Banque africaine de développement (BAD), dans son document stratégique par pays 2012-2016, prévoit «le soutien de la formation des acteurs de la logistique, en vue de renforcer le cadre de la gouvernance et de régulation du secteur». Dans ce sillage, les actions qui seront engagées concernent l'élaboration d'un référentiel emploi et compétences dans les métiers du transport. Elle prévoit, en outre, d'appuyer le futur observatoire national pour la logistique, qui tarde également à voir le jour, en «vue de disposer des outils de veille stratégique nécessaires pour l'évaluation et le suivi des différents indicateurs d'efficacité des services logistiques». Les actions de la BAD concernent également la réhabilitation et le confortement d'ouvrages de protection de 7 ports, l'augmentation de capacité du réseau national de transport et la mise en place de zones logistiques multi-flux. Les Belges en prospection Cela étant, la BAD n'est pas la seule à s'intéresser au secteur de la logistique. Les Belges, s'appuyant sur la Chambre belgo-luxembourgeoise au Maroc, ont manifesté leur intérêt pour cette branche durant le Salon Logismed. «Nous avons participé à cet événement dans le but de prospecter le marché marocain et de partager nos expériences en matière de ports secs», précise Joël Marinozzi, responsable à IDELUX (une agence de développement économique belge). Dans ce sillage, l'expert rappelle qu'aujourd'hui, il y a un engouement sans précédent pour ce genre de zones logistiques. Et pour cause, la saturation et l'engorgement des ports (la saturation du port de Casablanca est édifiante à cet égard). La tendance s'explique également par la recherche des multinationales «de hubs logistiques efficaces et efficients pour assurer la distribution de leur produits». Ces zones permettent aux clients l'optimisation globale de leurs chaînes logistiques. Les autres atouts des ports secs consistent en la rationalisation du transport, l'augmentation de la capacité des porte-conteneurs, et la réduction du temps d'escale. Bien évidemment, la mise en place de port secs ne doit être entreprise que s'il y a un seuil de rendement minimal, qui dépend bien sûr de sa situation géographique. «Si les ports secs présentent de nombreux avantages pour les entreprises, il n'en reste pas moins qu'il est important de faire en sorte de ne pas multiplier les initiatives de création, pour ne pas cannibaliser le marché», note Marinozzi.Au Maroc, l'expérience des ports est encore embryonnaire. Entré en service en 2008, le seul site existant à ce jour, Casa Mita à Aïn Sebaâ, a traité en 2011, 60.000 conteneurs EVP. Point de vue Jean Christophe Staelnes, Ambassadeur du pôle transport & logistique à Logistics In Wallonia. Ce qui est très important en logistique c'est de savoir gérer les flux continus, lorsque les marchandises arrivent au travers d'aéroports ou de plateformes aéroportuaires. C'est là où les ports secs ont vraiment tout leur rôle à jouer. Aujourd'hui, avec la croissance des échanges commerciaux, on assiste à un regain d'intérêt pour les ports secs. L'enjeu majeur est d'aider à un désengorgement. L'implantation de ports secs dépend de la zone de chalandise. Ce qui, bien entendu, suppose qu'il y a un calcul à faire en termes de potentiel de la zone et de la capacité d'un port sec qui doit être dimensionné en fonction de la zone. Le Fert via TGV est un exemple qui présente le fort potentiel du Maroc, notamment ce qui a été fait à Tanger Med qui me semble remarquable. La plateforme par excellence de la logistique entre le Nord et l'ouest doit être au cœur de la stratégie, et je pense qu'au regard des plans ambitieux du Maroc, il est à même de la réaliser.